Au Café de la Gare – les indigènes d'un soir

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  • Portrait & autoportrait

Des ombres portées
Me dessinent une feuille,
Insaisissable au gré
Des sources qui frétillent.

À la table qui jouxte la mienne
Deux résidus felliniens,
L'une avinée, mine retroussée,
L'autre sanguin, paysage ravagé,

Un couple venu d'un ailleurs
Une femme, un homme,
Plongés dans la torpeur
Du silence mutin.

Leurs yeux se croisent,
Jamais se rencontrer,
Leurs lèvres se toisent,
Jamais se raconter,

Le geste apathique et rare
Déserte le toucher,
Tant la table qui les sépare
Semble démesurée,

La coudée seule en phase
Rythme cette lenteur,
D'un ton qui arase
Le temps qui est le leur.

Se sont-ils tant dits
De redites rédhibitoires ?
Ont-ils tant trahi
Jusqu'à ne plus vouloir voir ?

Rien ne semble troubler
Ces orbites stationnaires,
Seul le trémolo des verres
Survit à l'instinct guerrier.

Au dernier coude échu
À la rasade ultime,
Les verres ne tremblent plus
Les corps se raniment,

Alors !
Il éructe, elle s'excuse
Elle rit, il se gratte la tête,
Puis se lèvent l'un, l'autre
S'en vont vers leur infortune.

Et moi,
Je range l'œil
Au fond de son tiroir,
Et vais briser l'écueil
Sur mon écritoire...

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