J’aime bien le RER. Tout ce qu’il traîne de morts et de vivants. Ce que j’appelle les vivants, ce sont tous ceux qui déambulent gaiement dans les couloirs, entrent avec précipitation, sortent... [+]
Les après-midis d'automne, gris, silencieux, chez ma grand-mère. La cuisinière à bois qui ronfle. Un trou dans la journée. Le vide. L'attente. L'ennui. Et malgré ça, aucune tristesse. Une note de musique suspendue en l’air, une page de livre qui se tourne lentement, un battement imperceptible et pesant. Recueilli dans la pièce, au creux du temps, entre l’effervescence de midi et le regain d’activité du soir. L’arrière-saison m’empoigne. Impression primitive, cultivée au foyer grand-maternel. Où l’horloge rectangulaire mesurait le temps à coups de pendule assommants. L’hostilité du dehors veut m’enlacer. Ses bras ne pénètrent pas la maison amorphe. Seul Morphée a son droit d’entrée. Son étreinte est moins faible le jour. La nuit, il se venge.