La dernière fois que j'ai vu Alice, une ombre sur le couchant, un reflet d'or dans ses yeux noirs, au-dessus de nous les étoiles.
La dernière fois que j'ai touché sa peau, électrisant ma peau le frôlement soyeux de la nuit quand dansent les phalènes et que le jour viendra.
La dernière fois que j'ai senti son odeur, comme une déchirure, une fille qui retrousse sa robe rouge dans le ressac. Le parfum enfui du pays adoré, loin par-delà la frontière. La dernière saveur avant l'amer.
La dernière fois que j'ai entendu sa voix, le sifflement de la hache, la lame plantée dans l'aubier tendre de l'arbre et s'envolent les oiseaux, à tire-d'aile, s'envolent les oiseaux dans la nuit. Sa voix qui me disait : « Je pars ! »
Et puis ses pas qui s'éloignent
Et puis le gouffre et son silence.
Plus d'étoiles, plus de phalènes, loin s'en vont les oiseaux, par de-là la frontière.
Loin.
À tire-d'aile, traversant la mer rouge.