Une minute de plus, une souffrance de trop

Toute histoire commence un jour, quelque part. Celle-ci s'est déroulée il y a trois ans.
les nuits furent longues, elles ne servaient plus à dormir mais à réfléchir.
Après plus de dix mois de grossesse, l'inquiétude était vive, les questions se multiplièrent et les réponses des médecins furent plus convaincantes que soulageantes
La seule solution était: continuer d'avoir foi en Dieu, implorer sa clémence, invoquer sa miséricorde et garder notre mal en patience.
Pendant ce temps, la souffrance et la fatigue se dessinèrent sur son visage. Elle ressemblait à une guerrière désarmée, dépourvue de toute force, encerclée par l'ennemi.
Le sourire avait cédé la place à la crispation, la bienséance à l'incivilité. Mes moindre faits et gestes suscitaient en elle une colère bleue. A tord ou à raison, je me sentais responsable de toute cette souffrance qu'elle endurait.
Chaque minute qui passait apportait une souffrance de plus , une crainte de plus mais Bizarrement, un espoir de trop!
Le trois (3) novembre 2016, nous étions entrés dans une phase cruciale. On se rendait à l'évidence qu'elle avait largement dépassé le délai. En nous fondant sur des calculs effectués par des applications dites: "calculatrice de grossesse"... qui, s'évertuaient à donner même la date de l'accouchement, on confortait notre position.
Le médecin nous conseilla d'aller faire l'échographie pour lever tout équivoque
Arrivés chez l'echographiste, mon épouse au lit, je me trouvais derrière l'échographie, Il se demerdait tant bien que mal à me montrer les organes et les mouvements du bébé. Avec son insistance, je finis par admettre avoir vu même si en réalité c'était juste pour ne pas paraître dérangeant mais également, pour qu'on puisse gagner en temps. Car, d'autres patientaient.
《 L'emplacement du bébé est bon...il se remue bien mais il y a une grande discordance entre le résultat de l' échographie et la date des dernières règles... 》 nous laissa entendre l'échographiste tout en nous enjoignant d'aller soumettre le résultat à notre médecin.
Avant de reprendre le chemin, l'échographiste rajouta :《 madame! Je vous exhorte à beaucoup marcher...》.
En plus du terme 《... il y a une discordance entre la date des dernières règles et le résultat... 》 qui me taraudait déjà l'esprit tel un bachelier dans une salle d' examen en déphasage complet avec son sujet, venait se rajouter cette autre fameuse phrase 《... beaucoup marcher》
Cette dernière phrase était elle un conseil ou une mise en garde? N'essayait-il pas de dissimuler quelque chose dans ses propos? Est-ce que ce n'est pas la raison d'ailleurs, pour laquelle, il nous recommandait d'aller nous référer à notre médecin?
Toute une ribambelle de questions dont les réponses brillèrent par leurs silences.
Lorsque finie la conversation, il ne restait plus rien à faire à part lever le camp. Je lui tendis ma main accompagnée d'un sourire léger plus un merci monsieur en guise d'au revoir.
Ce jour était un vendredi et nous étions le 04 novembre. Le soleil était au rendez vous!
Le 07 nous allâmes à la rencontre du médecin pour tirer toutes ces inquiétudes au clair.
Madame quoi que fébrile, s'efforçait à afficher un air serein.
Arrivés, nous fûmes immédiatement reçus par le médecin avec une gentillesse indescriptible, une grande capacité d'écoute et un sens de l'humour comme toujours. Sans parler de sa finesse qui n'avait d'égale que son éducation et sa grandeur d'âme.
Elle effectua une lecture minutieuse après elle prit soin de me dire :
《 Hassane il faudrait qu'on discute. Parce que vous les juristes vous aimez trop nous créer des problèmes.
En effet, le delai est passé, ceci étant, deux hypothèses s'offrent à nous :
1 ) - observer un délai supplémentaire d'une semaine;
2 ) - aller dès demain à Ignace-Deen pour faire un déclenchement dans le but de provoquer l'accouchement 》.
Une décision n'est jamais facile à prendre. Surtout, quand c'est un domaine dont on a pas la maitrise. Donc, il fallait m'en remettre à leur sagesse.
La décision fut prise. Il fallait attendre une autre semaine.
Une semaine de douleur, de crainte et d'interrogation. Que va-t-il se passer en cas de déclenchement ? A-t-elle une chance de s'en sortir? Et le cas du bébé ? Entre autres, les questions que je me posais incessamment.
Au 5eme jour, pendant que nous dormions, elle fut réveillée par une douleur différente de celle ressentie habituellement. À cette heure tardive, nous nous rendîmes chez son médecin traitant qui, après une visite médicale, nous demanda de rester jusqu'au matin tout en nous confiant qu'il y a une forte probabilité qu'elle accouche.
Très tôt le matin, elle lui intima de marcher à l'intérieur de la cour. Un exercice qui, d'après elle, facilitera l'accouchement.
Dans les environs de 12h, elle fut appelée dans la salle alors qu'on était ensemble dans la cour. Elle me serra contre elle comme pour me dire au-revoir car, nul ne sait ce que l'instant futur nous réserve. Ses larmes coulaient à flot et mon coeur se serrait davantage. Allons-nous nous revoir?
Pendant ce temps, ils préparaient la chambre d'accouchement. Nous nous rendîmes ensemble et seule, elle, franchit la porte. Elle se retourna et me regarda, les yeux pleins de larmes. La porte se ferma.
J'étais seul au dehors. j'entendais ses pleurs, ses cris. Elle m'appelait au secours entre temps j'entendis d'autres pleurs. Ceux du bébé cette fois-ci? Oui les pleurs attedus. Oui le bébé. Quant à mon épouse, elle ne pleurait plus. Mais tout allait bien me confia la sage femme qui me demanda d'entrer. C'était un homme et tous les deux se portaient bien. Ainsi, je remerciais le seigneur de la terre et des cieux également toutes celles qui ont contribué à la réussite de l'accouchement.