Un vendeur d'illusion

Toute histoire commence un jour, quelque part. Il y’a deux années en arrière, Leiman a voulu s’installer en Europe précisément en Italie encouragé par son meilleur Sadjo et son cousin Cheick qui résidait dans la banlieue de Rome depuis quelques temps.
Quant à Leiman, il travaillait au service juridique d’une banque de la place au plateau Abidjan. Son cousin Cheick l’a convaincu qu’il gagnerait plus en s’installant en Italie.
Presque tous les soirs, Leiman communique avec son cousin Cheick à travers les réseaux sociaux. Il lui racontait la vie de rêve qui était la sienne dans ce pays. Selon ce qu’il disait à son cousin Leiman, tout baignait à merveille pour lui. Il travaillait comme superviseur dans une chaine de supermarchés où il était grassement payé. Plusieurs fois, il avait proposé à son cousin Leiman de tout abandonner pour le rejoindre. Il lui parlait constamment des avantages s’il venait vivre là-bas.
Cheick a rassuré qu’il l’hébergerait dès son arrivée et qu’il pourrait l’aider à s’insérer dan sons entreprise le temps pour lui de mieux s’intégrer.
Au pays, Leiman vivait avec sa femme Aicha. Ils sont légalement mariés et de leur union est né un petit garçon de 1 an.
Quant à la femme de Leiman, elle suppliait son époux de ne pas y aller.
Aicha estimait qu’il avait stable au pays. Malgré les conseils de son épouse, Leiman sait toujours tenté par les belles paroles de son cousin Cheick qui soutenait qu’en Italie, il gagnerait au moins cinq fois son salaire en plus d’autres avantages.
Et le temps s’égrenait redoutablement, Leiman a fini par rejoindre son cousin en Italie. A la veille de son départ, il n’arrivait pas à joindre son cousin cheick. Cependant, il n’était pas du tout inquiet pour autant car ce dernier était au courant de son arrivée. Néanmoins, il lui a laissé plusieurs messages sur ses numéros de téléphone et sur les réseaux sociaux. Puis, Leiman est parti tout de même confiant espérant trouver Cheick à l’aéroport.
Contre toute attente, dès son arrivée son cousin n’était pas là. Il l’a appelé à plusieurs reprises. De cet état de fait, Cheick à travers un message quelques temps le met au courant qu’il était allé d’urgence en inde pour une mission et qu’il ne rentrerait pas avant un mois et demi. Son message était bref. En plus écoutez les « coups de la vie », il ne lui disait ce qu’il devait faire, ni où il devait aller. Leiman ne savait pas quoi faire car c’était la première fois qu’il sortait de son pays. Comme il se faisait, il est resté à l’aéroport jusqu’au petit matin.
Conscient de la gravité de la situation, il était tout de même confiant dans l’espoir de croiser un ivoirien qui accepterait de le guider. Il regardait tous ceux qui allaient et venaient sans oser les aborder.
A un moment donné, la police est venue l’interroger. Il a dû raconter qu’il attendait son frère. Il espérait recevoir un autre message de Cheick. Puis tout à coup comme par miracle, il a vu arriver son voyage de la veille. C’était un Ghanéen. Il était surpris de le voir là. Il lui ait raconté qu’il ne savait où aller.
Quant au Ghanéen, il lui a dit qu’il était venu récupérer une valise et qu’il m’aiderait à rejoindre la communauté ivoirienne d’Italie. J’étais rassuré. Contre toute attente, j’ai été bien accueilli par mes compatriotes mais j’ai compris que je devais très vite me trouver un autre point de chute. J’ai expliqué que j’attendais mon cousin qui était en mission en inde. Je partageais un studio avec six autres personnes. Je dormais sur mes vêtements. C’était dramatique surtout au bon milieu de nulle part.
Une semaine après mon arrivée, j’ai perdu le peu d’argent que j’avais. J’ai du appeler mon épouse Aicha au pays afin qu’elle puisse m’envoyer des sous. Cependant, je savais que mes compatriotes avaient volés mon argent le groupe.
Conscient du danger qui me guettait, je leur ai parlé et contre toute attente je me suis fait tabasser et jeté à la rue.
Je me croyais dans une jungle où l’effet de survie était d’éviter de ne pas se faire manger par « les hyènes ». J’étais excellé,évasif, voué à moi-même au bon milieu de nulle part. Ne sachant pas où aller j’ai rappelé le voyage de voyage Ghanéen. Il m’a dit d’un ton sec qu’il ne pouvait rien faire pour moi.
Néanmoins, il m’a donné l’adresse d’un lieu de retrouvailles des ivoiriens. C’était une sorte de restaurant-dancing géré par une compatriote.
A l’entrée du resto, l’espace était magnifique avec des jeux de lumières qui bordaient les extrémités du local. Un peu plus loin, l’on contemplait l’espace de danse de danse où quasiment mes compatriotes africains, de la côte d’ivoire, du Mali, du Sénégal se déhanchait sur la piste de danse aux musiques ivoiriennes. D’un autre côté l’on admirait la réceptionniste qui offrait des bouteilles de champagne aux clients qui passaient leurs commandes sur leurs sièges respectifs. Un peu plus loin, il y’avait des agents de sécurité qui veillait à la moindre menace durant la ‘’fiesta’’.
Cela faisait exactement deux semaines que j’étais en Italie sans domicile fixe et sans nouvelles de Cheick. Il ne répondait plus à mes messages et appels téléphoniques. Je refusais de penser que mon cousin m’avait « doubler » . Il n’oserait pas, me disais-je ? «  Cheicky » est comme mon frère. En plus, il n’a pas l’âme d’un mauvais garçon. Sa mission a sans doute été précipité, essayais-je de me convaincre. Pendant que je prenais tranquillement mon verre, la tenancière du restaurant a remarqué que je n’avais pris de douche depuis un moment.
-Bonjour Monsieur ! Vous avez l’air inquiet. Je vous serre un autre verre de jus de fruit. Apparemment vous ne sentez pas la rose » Affirmait la tenancière du resto
- Non merci ça ira. Mais vous vous avez raison sur toute la ligne. Je suis très inquiet. Cela fait quasiment deux semaines que suis en Italie sans la moindre de mon cousin. Il ne répond pas à mes messages et le dernier message venant de lui est qu’il serait en inde pour peu de temps. Je ne quoi faire Madame ? Lui disais-je ?
-Je comprends votre situation. Tout va s’arranger. En attendant que situation s’améliore je vous demande de me suivre afin de prendre un bonne douche. Cela va vous détendre et rafraichir vos idées. Qu’est-ce que vous en pensez ?
-Aucun problème ! J’en ai vraiment et merci infiniment pour aide.
-Je me présente Fanta la tenancière du restaurant
-Enchanté moi c’est Leiman OUATTARA enchanté de faire votre connaissance
-Plaisir partagé ! Suivez-moi s’il vous plait. Surtout des que vous finissez de vous laver. Il y’a des vêtements neufs dans cette valise que vous pourrez porter. Vous avez la même taille que mon mari Il appartenait à mon mari mais rassurez-vous il ne les porte plus à présent. Ils sont as trop raffiné à son goût autant vous en faire cadeau. Donc tenez ? Affirmait la tenancière du resto
-Merci Fanta
-Bon je vous laisse vous douchez et à toute de suite Leiman
Durant l’absence de la tenancière je filai tout dans la douche dans une petite baignoire. A l’extrémité droite de la douche se trouvait du savon et de l’eau de Cologne que j’ai pris pour me laver. En moins de trente minute j’avais fini et fort est constaté que je sentais très bon. Je profitais pour changer les vêtements que Fanta m’avait offerts et je le rejoignis au resto.
Bref, je venais de prendre ma douche et Fanta m’a invité à manger l’un de mes plats favori que mon épouse Aicha me concoctait au pays après le service.
J’avais l’impression qu’elle venait de m’offrir la lune après lui avoir raconté mon histoire. Elle m’a fait savoir que beaucoup d’ivoiriens venaient passer le temps dans son restaurant et qu’elle essaierait de me trouver un tuteur le tems que mon cousin revienne de l’inde. Elle m’a permis de dormir dans une salle de repose le temps que ses clients arrivent en grand nombre. Vers exactement 2heures du matin, je me suis réveillé en sursaut. Vu le boucan, le restaurant était bondé de monde. On y distillait la musique de chez nous dont le ‘’zouglou’’, de la musique tradi-moderne, du ‘’coupé-décalé’’ pour ne citer que ceux-là. Cela a suffi à réveiller en moi la nostalgie du pays.
Paradoxalement, je ressentais que beaucoup de tristesse, je suis sorti de la salle de repos et rejoignis Fanta à la salle de réception du resto. Assis sur le fauteuil pour prendre un jus de fruit la première personne que j’ai vu sur la piste de danse c’est Cheick. Je n’en croyais mes yeux. Pour quelqu’un qui était censé se trouver en inde. Cheick dansait et riait aux éclats sur la piste de danse.
Pour m’assurer que je ne me trompais pas, je l’ai interpellé. Il m’a regardé puis gêné il a essayé de me mener en bateau encore une fois. Je venais de comprendre que mon propre cousin m’avait trahi. Je ne sais ce qui a motivé une telle attitude mais je suis sorti du restaurant le cœur serré. Tout comme bon nombre de nos concitoyens qui vivent dans ce pays, sa vie n’était aussi reluisante qu’il me le faisait croire.
Il partageait un petit appartement avec des compatriotes et se débrouillait avec de petits boulots pour survivre ai-je appris le lendemain dans le même restaurant par le biais de quelqu’un qui le connait bien. J’ai ensuite appelé mon épouse Aicha au pays par la suite et je lui aie tout raconté. Elle m’a conseillé de retourner au pays.
Heureusement que je n’avais pas démissionné. J’avais pris une mise à disponibilité de trois mois. Je suis finalement revenu au pays.
Aujourd’hui, j’ai une promotion à la banque. Tout va bien pour moi et je rends gloire à Dieu d’avoir facilité cette lourde épreuve.
Après mon expérience personnelle, je n’encourage personne à aller à l’aventure car nos frères qui y sont ne nous disent souvent la vérité.
Et le temps s’égrenait redoutablement, c’est l’heure de ma descente du boulot. Je rangeai mes affaires et pris l’ascenseur pour descendre au rez de chaussée.
A la sortie de l’immeuble de la banque, je pris ma voiture de service pour regagner la maison. Dès que mon arrivé, je sonnai à la porte et c’est mon épouse qui est venu ouvrir avec un air radieux en me tenant dans ses bras pour m’annoncer qu’elle enceinte de notre enfant après sa consultation chez le médecin ce matin.
C’est décidé je reste à Abidjan avec mon épouse!