— On va tout reprendre.
— Depuis le début ?
— Depuis le début, oui...
Je me suis calé contre le dossier de ma chaise, me suis raclé la gorge et puis j'ai soupiré, discrètement
... [+]
Odeur rance de renfermé. Afin de retenir la chaleur à l’extérieur, les volets sont rabattus et, par souci d’économie, aucune lumière n’est allumée, hormis, de l’autre côté de la pièce où je me trouve, un abat-jour falot. Faible halo orangé, qui n’éclaire que la partie du buffet sur lequel il est posé. Je devine des formes, des ombres, les objets dans la pièce paraissent incertains.
J’égrène sur une toile cirée au toucher rugueux des morceaux, rassis, de cookies aux pépites de chocolat, tandis qu’une main osseuse à la peau parcheminée fait défiler devant mes yeux mi-clos des photographies sépia. Elle a un mot, une anecdote pour chacune, tient à parler pour conjurer l’oubli. Je hoche la tête avec une régularité de métronome, feignant de m’intéresser à ce qui m’est raconté. Si elle remarque que je laisse refroidir dans la tasse son café infect, je fais mine d’y tremper les lèvres et la voilà rassurée, alors elle poursuit son récit de sa voix lancinante. Je veille à ne pas la brusquer. Je ne l’interromps pas, je craindrais trop de la perturber et qu’elle reprenne du début ses histoires sans héros.
Des instantanés de vie. Des mariages, anniversaires, réunions de famille, d’amis autour d’une table qui lèvent leur verre, des vacances au bord de la mer, un pique-nique dans la forêt, un bébé édenté qui sourit. Après avoir bien grossi, grandi, vieilli, il est, m’apprend-elle, décédé la semaine dernière. Son cœur n’en pouvait plus. Elle s’est rendue aux funérailles de son cousin. Elle avait pu faire le déplacement, car, ce jour-là, le temps était sec, sa hanche ne la faisait pas trop souffrir.
Elle est contente que quelqu’un écoute ces bribes de vie, qui ne peuvent intéresser que ceux qui les ont vécues. Parfois, elle s’arrête au milieu d’une phrase, d’un mot, besoin de reprendre son souffle. Elle applique sur le visage un masque, inspire une bouffée d’oxygène. Dans les secondes qui suivent, elle semble devenir plus tonique. Ses yeux du bleu intense de sa jeunesse lancent un éclat, qui, évanescent, irradie sa figure creusée de mille sillons, avant de retrouver bientôt, entre deux quintes de toux qui lui font trembler toute la carcasse, le même débit saccadé, pendant que, d’un doigt mal assuré, elle continue coûte que coûte à pousser devant moi une nouvelle photo, un autre lieu, d’autres personnages encore. Je me perds dans ce défilé funèbre, je ne sais plus si elle m’a déjà parlé de celui-ci ou de celle-là, bien que je pressente qu’elle ne se trompe ni dans les noms ni dans les dates. A son âge, que peut-elle espérer d’autre que de se souvenir ? Un jour pas si éloigné, sa mémoire, à son tour, défaillira et alors il ne restera plus personne pour se souvenir de sa vie, de ceux qui lui ont causé tant de joies et toutes ses peines.
Tandis qu’elle exhume de boîtes à chaussures ses photos, j’essaie de deviner les meubles que comptent la maison, tout le bric-à-brac qui a dû s’y accumuler depuis toutes ces années et qu’il faudra bien, le moment venu, débarrasser. Faire place net, tout emporter, nettoyer de fond en comble, il faut effacer la présence de la veille femme qui me fait face, afin d’y loger de nouveaux occupants, qui ne se soucieront pas de connaître les histoires que recèlent ces murs.
J’ai déjà un acheteur.
En fait deux, un couple avec un enfant, bientôt deux, madame est enceinte. Ils n’ont pas les moyens de contracter un crédit immobilier et ne souhaitent pas, avec raison à mon sens, rester locataires toute leur vie. Se promenant un samedi après-midi dans le centre-ville, ils sont passés devant une publicité vantant les avantages du viager. Le soir même, après avoir couché leur fils de sept ans, ils ont discuté entre eux, se sont renseignés sur internet, ont trouvé mon numéro de téléphone puis m’ont contacté. Je leur ai fixé un rendez-vous dès le lendemain, parce que les nouveaux convertis sont versatiles, ils peuvent hésiter, vite se rétracter. A leur arrivée dans l’agence, je leur ai tendu une plaquette de quatre pages, que j’ai faite imprimer à grands frais sur papier glacé. Sur la couverture, une personne âgée à la chevelure d’un blanc immaculé sourit à homme et une femme, trentenaires, qui s’apprêtent à entrer dans leur nouveau domicile. Au regard complice qu’ils ont échangé, j’ai compris instantanément que j’avais visé juste, ils s’imaginaient être ce couple. Je leur ai promis de les rappeler bientôt, j’aurai des biens à leur proposer.
Je suis assis ici aujourd’hui pour la convaincre de céder sa maison comprenant un salon-salle à manger, une cuisine, trois chambres à l’étage, une salle de bain, les toilettes sont séparées, c’est apprécié. Un jardin, dont l’entretien a été négligé depuis longtemps, complète l’ensemble. Bien sûr, quelques travaux de réfections sont à prévoir, la décoration décatie est à revoir. Il faut imaginer tout l’espace qui sera dégagé lorsque les meubles seront enlevés. Je dois l’entretenir de tout cela, la convaincre que, cet argent, elle en aura besoin pour payer une aide-ménagère ou une maison médicalisée, ce serait dans son intérêt d’accepter. Au préalable, il convient de faire preuve d’empathie, écouter ces échos du passé, qui bruissent de ce tapis élimé et de la table en formica de la cuisine.
Costume cintré bleu marine, chaussures noires cirées, polies, bonjour madame, je me présente, voici ma carte de visite, avec mes nom et prénom dorés sur papier vélin. Dans mon métier, il est important de faire bonne impression, c’est ainsi que l’on inspire confiance. Au premier abord, ce n’était pas gagné. Elle m’a ouvert la porte avec méfiance. Son réflexe premier a été de la refermer presque aussitôt. J’ai intercalé mon pied dans l’interstice et lui ai posé des questions personnelles, cherchant à savoir si elle vivait seule. Au bout de quelques minutes, elle a fini par me laisser entrer. Elle a proposé que nous nous installations autour de la table du séjour. Si je pouvais patienter, elle revenait avec des biscuits et du café.
La chaise sur laquelle je me tiens est bancale, l’assise en tissu à l’origine rembourré s’affaisse alors que je ne suis pas très corpulent. Il faut prendre le temps, écouter, émietter le biscuit à défaut de le consommer. Une molaire qui me fait souffrir, pour me justifier. Elle m’a parlé de sa maison. A l’époque ils l’ont fait construire avec son mari, mort depuis plus d’une décennie. Elle évoque aussi des enfants, qui ne viennent pas aussi souvent qu’elle le souhaiterait, c’est qu’ils habitent loin, ils ont leur vie, leur famille, leurs soucis, elle comprend, elle ne leur en veut pas. Elle a tenu à me les montrer quand ils étaient petits, c’est la raison pour laquelle elle a sorti ces photographies. Voulait-elle que je l’accompagne ? J’avais trouvé là un excellent prétexte pour une visite du lieu et me faire une idée du potentiel du bien, de son prix et de la rente viagère qui serait demandée, mais elle a décliné mon aide, répondant qu’elle avait l’habitude de se débrouiller toute seule. Je ne devais pas hésiter à me resservir du café. La verseuse en verre était posée sur la table, au fond, un liquide brunâtre.
Pendant un laps de temps indéterminé, car il fait trop sombre pour que je puisse voir les aiguilles du cadran de ma montre, j’ai suivi le récit de sa vie. A présent qu’elle a terminé, elle tient à remiser ses souvenirs. Elle veut que tout soit rangé, à sa place. Resté seul, j’attends en préparant mentalement les phrases, qui, j’en suis sûr, feront mouche. Elle signera un contrat, ma première affaire. Je me réjouis à l’idée d’appeler dès ce soir mes clients pour leur annoncer la bonne nouvelle.
Du bruit à l’étage. Un objet, lourd, qui tombe et se casse. Je respecte ses consignes, ne me lève pas tout de suite. Comme elle ne réapparaît toujours pas, j’en profite pour inspecter le rez-de-chaussée. Malgré la pénombre, à vue d’œil, clair que tout est bon à jeter, on ne pourra rien récupérer. Je m’arrête devant les escaliers. Madame... madame ? Personne ne répond. Je me résous à monter les marches, qui craquent sous mes pieds. Je rentre dans une première chambre, à ma droite. Un lit une place, avec un couvre-lit en laine rose. A l’entrée de la pièce suivante, je bute contre une masse. Je manque de perdre l’équilibre et il en faut peu pour que je m’étale de tout mon long sur le corps frêle, qui gît là, face contre la moquette. A côté, un escabeau. Et, tout autour, les photographies éparpillées l’ensevelissent. Elle ne semble plus bouger. Je préfère ne pas vérifier si elle respire encore, j’y laisserai mes empreintes, mieux vaut s’en garder.
Je ne peux que constater que je viens de perdre une affaire prometteuse, au gain rapide. Dans le couloir, je prends du recul afin d’examiner la situation avec objectivité. Je suis bien marri de ne pas lui avoir fait signer les papiers à temps. Dans tous les cas de figure, la succession traînera, je ne pourrai jamais récupérer la maison, je dois me faire une raison.
Dans l’immédiat, la seule option qui s’ouvre à moi est de me mettre en quête de quelque argent liquide, les vieux, chez eux, gardent toujours des liasses. Ma voiture est en réparation, il me faut de manière pressante cinq cents euros. Je fouille dans les placards, passe la main sous des matelas, rien. Il ne me reste donc qu’à récupérer toutes les photographies qu’elle m’a décrites tout à l’heure avec tant de minutie. Pour arrondir mes fins de mois, sur le marché, je tiens un étal chaque dimanche, j’y vends ce que je trouve. Il y a toujours des amateurs de vieilles photos. Un euro les cinq.
J’égrène sur une toile cirée au toucher rugueux des morceaux, rassis, de cookies aux pépites de chocolat, tandis qu’une main osseuse à la peau parcheminée fait défiler devant mes yeux mi-clos des photographies sépia. Elle a un mot, une anecdote pour chacune, tient à parler pour conjurer l’oubli. Je hoche la tête avec une régularité de métronome, feignant de m’intéresser à ce qui m’est raconté. Si elle remarque que je laisse refroidir dans la tasse son café infect, je fais mine d’y tremper les lèvres et la voilà rassurée, alors elle poursuit son récit de sa voix lancinante. Je veille à ne pas la brusquer. Je ne l’interromps pas, je craindrais trop de la perturber et qu’elle reprenne du début ses histoires sans héros.
Des instantanés de vie. Des mariages, anniversaires, réunions de famille, d’amis autour d’une table qui lèvent leur verre, des vacances au bord de la mer, un pique-nique dans la forêt, un bébé édenté qui sourit. Après avoir bien grossi, grandi, vieilli, il est, m’apprend-elle, décédé la semaine dernière. Son cœur n’en pouvait plus. Elle s’est rendue aux funérailles de son cousin. Elle avait pu faire le déplacement, car, ce jour-là, le temps était sec, sa hanche ne la faisait pas trop souffrir.
Elle est contente que quelqu’un écoute ces bribes de vie, qui ne peuvent intéresser que ceux qui les ont vécues. Parfois, elle s’arrête au milieu d’une phrase, d’un mot, besoin de reprendre son souffle. Elle applique sur le visage un masque, inspire une bouffée d’oxygène. Dans les secondes qui suivent, elle semble devenir plus tonique. Ses yeux du bleu intense de sa jeunesse lancent un éclat, qui, évanescent, irradie sa figure creusée de mille sillons, avant de retrouver bientôt, entre deux quintes de toux qui lui font trembler toute la carcasse, le même débit saccadé, pendant que, d’un doigt mal assuré, elle continue coûte que coûte à pousser devant moi une nouvelle photo, un autre lieu, d’autres personnages encore. Je me perds dans ce défilé funèbre, je ne sais plus si elle m’a déjà parlé de celui-ci ou de celle-là, bien que je pressente qu’elle ne se trompe ni dans les noms ni dans les dates. A son âge, que peut-elle espérer d’autre que de se souvenir ? Un jour pas si éloigné, sa mémoire, à son tour, défaillira et alors il ne restera plus personne pour se souvenir de sa vie, de ceux qui lui ont causé tant de joies et toutes ses peines.
Tandis qu’elle exhume de boîtes à chaussures ses photos, j’essaie de deviner les meubles que comptent la maison, tout le bric-à-brac qui a dû s’y accumuler depuis toutes ces années et qu’il faudra bien, le moment venu, débarrasser. Faire place net, tout emporter, nettoyer de fond en comble, il faut effacer la présence de la veille femme qui me fait face, afin d’y loger de nouveaux occupants, qui ne se soucieront pas de connaître les histoires que recèlent ces murs.
J’ai déjà un acheteur.
En fait deux, un couple avec un enfant, bientôt deux, madame est enceinte. Ils n’ont pas les moyens de contracter un crédit immobilier et ne souhaitent pas, avec raison à mon sens, rester locataires toute leur vie. Se promenant un samedi après-midi dans le centre-ville, ils sont passés devant une publicité vantant les avantages du viager. Le soir même, après avoir couché leur fils de sept ans, ils ont discuté entre eux, se sont renseignés sur internet, ont trouvé mon numéro de téléphone puis m’ont contacté. Je leur ai fixé un rendez-vous dès le lendemain, parce que les nouveaux convertis sont versatiles, ils peuvent hésiter, vite se rétracter. A leur arrivée dans l’agence, je leur ai tendu une plaquette de quatre pages, que j’ai faite imprimer à grands frais sur papier glacé. Sur la couverture, une personne âgée à la chevelure d’un blanc immaculé sourit à homme et une femme, trentenaires, qui s’apprêtent à entrer dans leur nouveau domicile. Au regard complice qu’ils ont échangé, j’ai compris instantanément que j’avais visé juste, ils s’imaginaient être ce couple. Je leur ai promis de les rappeler bientôt, j’aurai des biens à leur proposer.
Je suis assis ici aujourd’hui pour la convaincre de céder sa maison comprenant un salon-salle à manger, une cuisine, trois chambres à l’étage, une salle de bain, les toilettes sont séparées, c’est apprécié. Un jardin, dont l’entretien a été négligé depuis longtemps, complète l’ensemble. Bien sûr, quelques travaux de réfections sont à prévoir, la décoration décatie est à revoir. Il faut imaginer tout l’espace qui sera dégagé lorsque les meubles seront enlevés. Je dois l’entretenir de tout cela, la convaincre que, cet argent, elle en aura besoin pour payer une aide-ménagère ou une maison médicalisée, ce serait dans son intérêt d’accepter. Au préalable, il convient de faire preuve d’empathie, écouter ces échos du passé, qui bruissent de ce tapis élimé et de la table en formica de la cuisine.
Costume cintré bleu marine, chaussures noires cirées, polies, bonjour madame, je me présente, voici ma carte de visite, avec mes nom et prénom dorés sur papier vélin. Dans mon métier, il est important de faire bonne impression, c’est ainsi que l’on inspire confiance. Au premier abord, ce n’était pas gagné. Elle m’a ouvert la porte avec méfiance. Son réflexe premier a été de la refermer presque aussitôt. J’ai intercalé mon pied dans l’interstice et lui ai posé des questions personnelles, cherchant à savoir si elle vivait seule. Au bout de quelques minutes, elle a fini par me laisser entrer. Elle a proposé que nous nous installations autour de la table du séjour. Si je pouvais patienter, elle revenait avec des biscuits et du café.
La chaise sur laquelle je me tiens est bancale, l’assise en tissu à l’origine rembourré s’affaisse alors que je ne suis pas très corpulent. Il faut prendre le temps, écouter, émietter le biscuit à défaut de le consommer. Une molaire qui me fait souffrir, pour me justifier. Elle m’a parlé de sa maison. A l’époque ils l’ont fait construire avec son mari, mort depuis plus d’une décennie. Elle évoque aussi des enfants, qui ne viennent pas aussi souvent qu’elle le souhaiterait, c’est qu’ils habitent loin, ils ont leur vie, leur famille, leurs soucis, elle comprend, elle ne leur en veut pas. Elle a tenu à me les montrer quand ils étaient petits, c’est la raison pour laquelle elle a sorti ces photographies. Voulait-elle que je l’accompagne ? J’avais trouvé là un excellent prétexte pour une visite du lieu et me faire une idée du potentiel du bien, de son prix et de la rente viagère qui serait demandée, mais elle a décliné mon aide, répondant qu’elle avait l’habitude de se débrouiller toute seule. Je ne devais pas hésiter à me resservir du café. La verseuse en verre était posée sur la table, au fond, un liquide brunâtre.
Pendant un laps de temps indéterminé, car il fait trop sombre pour que je puisse voir les aiguilles du cadran de ma montre, j’ai suivi le récit de sa vie. A présent qu’elle a terminé, elle tient à remiser ses souvenirs. Elle veut que tout soit rangé, à sa place. Resté seul, j’attends en préparant mentalement les phrases, qui, j’en suis sûr, feront mouche. Elle signera un contrat, ma première affaire. Je me réjouis à l’idée d’appeler dès ce soir mes clients pour leur annoncer la bonne nouvelle.
Du bruit à l’étage. Un objet, lourd, qui tombe et se casse. Je respecte ses consignes, ne me lève pas tout de suite. Comme elle ne réapparaît toujours pas, j’en profite pour inspecter le rez-de-chaussée. Malgré la pénombre, à vue d’œil, clair que tout est bon à jeter, on ne pourra rien récupérer. Je m’arrête devant les escaliers. Madame... madame ? Personne ne répond. Je me résous à monter les marches, qui craquent sous mes pieds. Je rentre dans une première chambre, à ma droite. Un lit une place, avec un couvre-lit en laine rose. A l’entrée de la pièce suivante, je bute contre une masse. Je manque de perdre l’équilibre et il en faut peu pour que je m’étale de tout mon long sur le corps frêle, qui gît là, face contre la moquette. A côté, un escabeau. Et, tout autour, les photographies éparpillées l’ensevelissent. Elle ne semble plus bouger. Je préfère ne pas vérifier si elle respire encore, j’y laisserai mes empreintes, mieux vaut s’en garder.
Je ne peux que constater que je viens de perdre une affaire prometteuse, au gain rapide. Dans le couloir, je prends du recul afin d’examiner la situation avec objectivité. Je suis bien marri de ne pas lui avoir fait signer les papiers à temps. Dans tous les cas de figure, la succession traînera, je ne pourrai jamais récupérer la maison, je dois me faire une raison.
Dans l’immédiat, la seule option qui s’ouvre à moi est de me mettre en quête de quelque argent liquide, les vieux, chez eux, gardent toujours des liasses. Ma voiture est en réparation, il me faut de manière pressante cinq cents euros. Je fouille dans les placards, passe la main sous des matelas, rien. Il ne me reste donc qu’à récupérer toutes les photographies qu’elle m’a décrites tout à l’heure avec tant de minutie. Pour arrondir mes fins de mois, sur le marché, je tiens un étal chaque dimanche, j’y vends ce que je trouve. Il y a toujours des amateurs de vieilles photos. Un euro les cinq.