Un espoir au fond de mon âme

Puissent mes mots, ô cher lecteur, vous apporter un peu d'émotions. J'espère qu'ils seront pour vous les porteurs d'une pleine conviction; et qu’humblement ils vous apprendront une leçon. ... [+]

Image de Jeunes Écritures AUF RFI - 2022
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« Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. » Ces mots que je chéris, seront désormais l'expression de ma détermination. L'étendard de ma force intérieure, et mon arme de prédilection face aux combats de la vie.

En réalité, je n'ai plus que les mots pour faire face à mes différents maux. Alors, même quand ma réalité semblera m'écraser, grâce à eux, je m'envolerai.

J'espère aujourd'hui que mes mots ne vous attristeront pas trop, car là n'est pas le but que je poursuis. Bien au contraire, je veux vous raconter mon histoire pour vous donner de l'espoir.
J'espère ainsi que mes mots vous charmeront et que ceux-ci seront un tant soit peu une lumière dans vos ténèbres.

Je m'appelle Nicolas, j'ai 22 ans et j'habite la merveilleuse ville de Kinshasa en RDC.
S'il m'était demandé de parler de moi, je vous aurais dit que ma vie a souvent été orageuse. En effet, aussi loin que je peux remonter dans mon passé, je ne vois que souffrance, tristesse et angoisse.

Quand vous êtes un enfant de 8 ans, et que vous vous faites souvent battre par votre père sans raison valable, cela vous marque à vie. Je me souviens particulièrement de cette nuit froide où mon père revint ivre à la maison. Ce jour-là, il me frappa tellement fort que j'en eus le bras cassé. Aucun enfant à mon avis ne devrait avoir à subir ça.

Et quand en plus de tout cela, vous ressentez à peu près tous les deux mois des accès de douleur dans tout votre corps sans en comprendre la cause, vous vous dîtes que vous êtes peut-être venu au monde pour souffrir.

Quand ces douleurs atroces me prenaient, j'avais l'impression que mes os se brisaient de l'intérieur ou que quelqu'un montait sur moi avec un rouleau compresseur. C'était horrible.

J'appris plus tard que j'étais porteur du trait drépanocytaire. Et mes nombreuses crises furent de moi un habitué des hôpitaux. Je ne le souhaite à personne.

Quand j'eus 16 ans, ma mère, qui m'aimait déjà beaucoup, devint étrangement beaucoup plus attentionnée envers moi que d'habitude. Elle voulait savoir comment j'allais, ce que je voulais faire plus tard dans la vie, quel genre de femme je voulais épouser. Elle se mit en outre à me combler de cadeaux et de beaucoup d'affection. C'était le paradis.

En vérité, ce changement brusque chez elle m'intriguait beaucoup, mais en même temps, je décidai d'en profiter au maximum, juste au cas où cela ne durerait pas.

Si seulement j'avais su pourquoi elle agissait ainsi, ce serait moi qui l'aurais chouchouté et fait qu'elle ne manque de rien. En effet, les mois qui suivirent mon seizième anniversaire furent les plus tristes de toute ma vie. Car je vis cette femme si forte et si courageuse s'affaiblir petit à petit.

Elle devint si faible qu'elle n'était plus en mesure de faire quoi que ce soit dans la maison. Elle passait là ses journées, alitée.
Je ne le savais pas encore, mais on avait hélas diagnostiqué à ma mère un cancer de stade 4.

Mon père et moi avons été témoins de sa lutte et je pourrais vous l'affirmer : ma mère s'est vaillamment battue contre cette maladie et s'est malheureusement éteinte le 24 décembre 2016.
Je vécus cette année-là, le pire Noël de ma vie. Non ! Pas de cadeaux ce jour-là ; juste des larmes en abondance.

Traumatisé par la violence de mon père, brutalisé par les douleurs atroces de mes crises et finalement brisé par la mort soudaine de ma mère, je plongeai dans une profonde dépression. Et plusieurs années après, je ne m'en étais toujours pas remis. J'avais l'impression de me retrouver dans un puits sans fond.

Ça faisait bien trop longtemps que je faisais semblant d'aller bien, alors qu'un vide abyssal ne cessait lentement de ronger mon âme. Je dois vous avouer que plusieurs fois, j'ai même pensé à me donner la mort. Mais heureusement pour moi, cela n'a jamais abouti.

Un proverbe français dit qu'après la pluie vient le beau temps. Eh bien ! Je suis heureux de vous dire que mon histoire n'est pas qu'orageuse. Je dirai même que je suis en train de vivre le beau temps, car à présent, l'orage est passé.

Tout a vraiment changé en 2020, le jour où j'ai rencontré Estrella. J'imagine que vous vous demandez à présent qui est ce fameux personnage. Eh bien ! Estrella est celle qui est aujourd'hui ma fiancée. Laissez-moi vous raconter comment tout cela a commencé.

Les circonstances de notre rencontre sont un peu inhabituelles. En effet, je l'ai rencontrée sous une pluie battante.
Alors que je revenais de l'hôpital pour mes soins, un lundi après-midi, il se mit à pleuvoir. Je me mis donc à courir pour chercher à m'abriter. C'est alors que je la vis, la seule à posséder un parapluie dans cette étroite ruelle.

Elle me proposa d'entrer sous son parapluie, et c'est là que tout a commencé, y compris le processus de ma guérison intérieure.

Comment vous le dire ? Je suis tombé amoureux d'elle ce jour-là.
Comment vous le faire savoir ? J'ai été envoûté et ensorcelé par sa beauté. Elle est aujourd'hui l'étoile la plus brillante de mon ciel étoilé et quand je pense à elle, mon cœur bat la chamade.

À ce jour, Estrella m'a beaucoup apporté. Mais principalement, elle m'a aidé à pardonner à mon père. Elle fut une véritable lumière dans mes ténèbres, son amour me redonnant lentement goût à la vie.

Elle m'a surtout appris à utiliser ma douleur et ma tristesse comme une énergie positive, une source d'inspiration pour écrire.

Et devinez quoi ? Je suis devenu à ce jour ce qu'on appellerait un passionné d'écriture. Je ne saurai compter toutes les nuits blanches que j'ai faites ces derniers mois, stylo à la main, travaillant à remplir mes feuilles blanches d'un peu d'émotions.

Oui ! Bien plus qu'un simple assemblage de lettres, j'ai compris que les mots étaient un canal de transmission d'émotions. Je suis littéralement tombé amoureux d'eux. Et sans cesse, je les lis, je les écris, bref, je les chéris.

Mais la plus grande leçon qu'Estrella m'ait apprise, c'est que chaque circonstance négative qui nous arrive dans la vie, chaque problème et chaque maladie ont pour objectif de nous assujettir et de nous dominer.
Elle m'a appris que c'est en baissant les bras face à eux, qu'on en devient véritablement esclave et qu'on les proclame "maîtres" sur nous.

Simplement, elle m'a dit de ne jamais baisser les bras face à une situation écrasante. C'est de ce mental dont je suis aujourd'hui armé. Et c'est le plus grand don qu'elle m'ait fait.

Accordez-moi encore quelques minutes s'il vous plaît, je suis sur le point de finir mon histoire.

Alors que je vous écris ces dernières lignes, je suis en chemin pour l'hôpital. Non ! Je n'ai pas fait une nouvelle crise. C'est pour autre chose que j'y vais...

Il y a exactement deux semaines de cela, alors que je me douchais, je sentis une grosseur au niveau de mon aisselle gauche. La terreur me saisit alors. Je fus littéralement paralysé par l'éventualité que cette masse soit cancéreuse. L'idée de mourir de la même maladie que ma mère me terrifiait, et me terrifie encore d'ailleurs.

Alors que je me rapproche lentement de l'hôpital, j'ai de plus en plus du mal à respirer. J'ai l'estomac noué, les mains moites et le cœur qui bat à tout rompre. J'espère vraiment que je ne suis pas en train de faire une crise d'angoisse.

Mais en même temps, c'est tellement clair au-dedans de moi. L'enseignement d'Estrella ne cesse de faire écho dans mon esprit. Et plus j'y pense, plus en moi naît un espoir, mieux, une profonde certitude.

Oui ! S'il s'avérait que c'était véritablement une masse cancéreuse ; je sais que je ne baisserai pas les bras. Non ! Je ne laisserai pas cette maladie me dominer.

Encore et encore, je lutterai avec mes mots. Et sans relâche, je vivrai à fond ma vie ; chaque jour comme si c'était le dernier d'entre tous.

Le cancer aura beau me donner des coups, comme l'ont fait successivement la violence de mon père, mes crises drépanocytaires et la mort de ma mère ; cependant je ne le laisserai pas m'assujettir. Non ! « Je ne l'appellerai jamais maître. »