Qu’il est compliqué d’avoir une écriture intelligente quand on parle de
Saint-Valentin.
A la fois sèche de toute mièvrerie rose bonbon, et détachée du « réactionnariat »
... [+]
Quand elle sonne à l’interphone, mon cerveau a déjà retrouvé son odeur.
Elle fait cogner ses talons (elle est toujours en talons) dans le couloir pour que je la sente approcher.
Elle fait ce truc chelou : elle frappe à la porte, ouvre, entre (sans ma permission ) et une fois à l’intérieur, dit : « Toc toc toc ! »
Il fait gros soleil. On est au début de l’après-midi, mais elle débarque en pantalon/talons.
Pour moi, pense-je, prétentieux .
Mais non.
Elle est juste une coquette névrosée qui se mettrait de toute façon sur son 31 pour aller acheter un tac-o-tac au tabac.
Quand je lui fais la bise , elle entortille tous ses cheveux en une seule mèche dans sa main, le long de son épaule droite, pour ne pas qu’ils se balancent.
Ensuite, elle les replace derrière et en penchant la tête, les écarte de ses deux mains pour qu’ils choient sur toute la largeur de son dos.
Évidemment : joli minois, brune, fesses bombées et cuisse musclées. Ça va de soi.
Mais il y a d’autre trucs.
Déjà, son cou. C’est hyper con comme compliment : je kiffe ton cou.
Mais c’est pourtant vrai. J’adore son cou.
Un genre de réceptacle à lèvres(<= j’aime pas cette phrase mais je la garde quand même ).
Et sa voix, cassée, ou plutôt cassante : qui meurt à mesure qu’elle termine son propos, pour finir par ne devenir qu’un souffle.
Ce poil dans son sourcil gauche, qui refuse catégoriquement de se mettre dans le rang, comme les autres. Il est là. Droit. Debout.
Je l’adore ce poil.
Enfin bref.
Toutes ces bizarreries qui, s’évadant de la coquetterie de sa toilette – toujours impeccable, toujours réussie – la fait irrésistiblement femme.
Et on parle. On est face à face, symétriques, le flanc appuyé sur le dossier du canapé, la tête posée dans la main.
On parle entre deux lampée du cocktail qu’on s’envoie.
Elle m’explique qu’elle est coincée. Frustrée.
Qu’elle veut connaître ce Nantes dont je lui parle.
Elle me dit que je sors de l’ordinaire et je comprends qu’elle veut que je la sorte du sien.
Je suis quelqu’un d’autre et c’est ce dont elle a besoin.
Mais ma belle, tu causes d’amour.
Comme tous ceux qui en parlent tant, je suis nul à chier, moi, en amour.
Et plus je le lui explique, plus j’ai l’impression qu’elle croit le contraire.
Elle est là, figée.
Un Jeroboam d’œstrogène dont je frotte le goulot avec mes phases de serpent pour le faire exploser.
Et puis, elle s’approche.
Elle m’embrasse.
Elle arrête, me regarde, reprend, me chuchote un truc et recommence encore.
Elle se décolle doucement de ma bouche en gardant les yeux fermés comme dans les pubs ou les meufs mangent du yaourt à l’orgasme.
Elle me dit » Pfiou, j’ai chaud ! » en secouant ses doigts comme des éventails au dessus de son buste.
Il faut en finir.
Je lui sers un verre avec cinquante degrés d’estocade.
Je prends le même.
On le fini rapidement en bavassant maladroitement tant nous sommes pressés de passer à la suite.
Je l’embrasse.
« On monte ? »
Pendant qu’elle se lève et prend le chemin de ma chambre en martelant mes escaliers en bois, je pense : pourquoi, finalement, n’a-t-on jamais essayé de faire un truc de nous deux ?
Certainement parce qu’ aujourd’hui me suffisait.
Elle me tient la main en franchissant la porte de ma chambre.
Aujourd’hui, je me dis que « suffire » est un terme qui ne nous désigne plus, qui nous restreint.
Elle fait cogner ses talons (elle est toujours en talons) dans le couloir pour que je la sente approcher.
Elle fait ce truc chelou : elle frappe à la porte, ouvre, entre (sans ma permission ) et une fois à l’intérieur, dit : « Toc toc toc ! »
Il fait gros soleil. On est au début de l’après-midi, mais elle débarque en pantalon/talons.
Pour moi, pense-je, prétentieux .
Mais non.
Elle est juste une coquette névrosée qui se mettrait de toute façon sur son 31 pour aller acheter un tac-o-tac au tabac.
Quand je lui fais la bise , elle entortille tous ses cheveux en une seule mèche dans sa main, le long de son épaule droite, pour ne pas qu’ils se balancent.
Ensuite, elle les replace derrière et en penchant la tête, les écarte de ses deux mains pour qu’ils choient sur toute la largeur de son dos.
Évidemment : joli minois, brune, fesses bombées et cuisse musclées. Ça va de soi.
Mais il y a d’autre trucs.
Déjà, son cou. C’est hyper con comme compliment : je kiffe ton cou.
Mais c’est pourtant vrai. J’adore son cou.
Un genre de réceptacle à lèvres(<= j’aime pas cette phrase mais je la garde quand même ).
Et sa voix, cassée, ou plutôt cassante : qui meurt à mesure qu’elle termine son propos, pour finir par ne devenir qu’un souffle.
Ce poil dans son sourcil gauche, qui refuse catégoriquement de se mettre dans le rang, comme les autres. Il est là. Droit. Debout.
Je l’adore ce poil.
Enfin bref.
Toutes ces bizarreries qui, s’évadant de la coquetterie de sa toilette – toujours impeccable, toujours réussie – la fait irrésistiblement femme.
Et on parle. On est face à face, symétriques, le flanc appuyé sur le dossier du canapé, la tête posée dans la main.
On parle entre deux lampée du cocktail qu’on s’envoie.
Elle m’explique qu’elle est coincée. Frustrée.
Qu’elle veut connaître ce Nantes dont je lui parle.
Elle me dit que je sors de l’ordinaire et je comprends qu’elle veut que je la sorte du sien.
Je suis quelqu’un d’autre et c’est ce dont elle a besoin.
Mais ma belle, tu causes d’amour.
Comme tous ceux qui en parlent tant, je suis nul à chier, moi, en amour.
Et plus je le lui explique, plus j’ai l’impression qu’elle croit le contraire.
Elle est là, figée.
Un Jeroboam d’œstrogène dont je frotte le goulot avec mes phases de serpent pour le faire exploser.
Et puis, elle s’approche.
Elle m’embrasse.
Elle arrête, me regarde, reprend, me chuchote un truc et recommence encore.
Elle se décolle doucement de ma bouche en gardant les yeux fermés comme dans les pubs ou les meufs mangent du yaourt à l’orgasme.
Elle me dit » Pfiou, j’ai chaud ! » en secouant ses doigts comme des éventails au dessus de son buste.
Il faut en finir.
Je lui sers un verre avec cinquante degrés d’estocade.
Je prends le même.
On le fini rapidement en bavassant maladroitement tant nous sommes pressés de passer à la suite.
Je l’embrasse.
« On monte ? »
Pendant qu’elle se lève et prend le chemin de ma chambre en martelant mes escaliers en bois, je pense : pourquoi, finalement, n’a-t-on jamais essayé de faire un truc de nous deux ?
Certainement parce qu’ aujourd’hui me suffisait.
Elle me tient la main en franchissant la porte de ma chambre.
Aujourd’hui, je me dis que « suffire » est un terme qui ne nous désigne plus, qui nous restreint.