Rêve déchu

Toute histoire commence un jour, quelque part avec ses débuches et ses embûches.
Dimanche noir, jour sombre, une perte, une énorme perte, pour une famille, une nation.
Le Sahara venait de perdre un fils, oh que d’une grande valeur! Laissez-moi vous conter l’histoire de ‘’DANBAWA’’(serviteur). DanBawa était un jeune qui avait des rêves plein les yeux mais son plus grand rêve était de servir son pays car patriote dans l’âme il était.
Déjà à cinq ans, c’était le genre d’enfant justicier, ces jeux préférés l’on devine bien c’était de jouer au héros.
Les années passèrent, DanBawa fit son entrée a l’école militaire ZABINA(mon choix) du Sahara, il venait de franchir un pas dans la réalisation de son rêve d’enfance, fils digne, son choix d’être militaire honora toute la famille. Le parcours d’un enfant militaire n’était pas facile et cela il le savait bien car des histoires il en a entendu des milliers de ce monde à part. A présent, ce fut à son tour de vivre son parcours et de l’inscrire dans le roman du réel, l’heure n’était plus au rêve mais à l’action et il fit bien de comprendre cela dès sa première journée d’entrée à ZabiNa.
ZabiNa était un cercle ou subsistaient des renards et des lions, un peu comme la jungle mais une jungle structurée et régie par des règles, souvent respectées, souvent bafouées car des débordements et des dossiers en caches il en subsiste bien dans toute société. Dans cet endroit, l’obéissance et le respect était de mise. DanBawa avait compris que l’heure n’était plus au ‘’je veux’’ ou ‘’je ne veux pas’’ mais aux ‘’oui’’, aux ‘’mercis’’ et ‘’à vos ordres’’. A ZabiNa on commande et on s’exécute, il faut faire avec ce que le quotidien nous offre. Une éducation de taille, une formation de tonnerre, les repas c’était du ‘’manger ce qu’on vous serre ou crevez de faim’’, les réveils étaient dures et souvent brutaux.
De l’affection ? Non! Ça, c’est un faux ami dans cet endroit car on en recevait quasiment pas. Alors, chaque weekend DanBawa faisait le plein de recharge auprès de sa famille et surtout de sa chère mère avant de s’en retourner dans sa jungle. Plutôt de la compagnie, auprès de ses camarades de promotion, DanBawa en avait tout au long du parcours. Ensemble ils traversèrent de multiples aventures, bonnes et mauvaises mais toujours mains dans la main comme les valeureux enfants militaires qu’ils étaient. Des liens ce sont créés, des amitiés ce sont nouées et la vie suivait son cours.
Les années succédèrent, DanBawa avec succès gravit les échelons et voilà qu’il décroche son baccalauréat, un cycle s’en est tourné. Il fallait maintenant poursuivre les études supérieures et notre cher héro gardait toujours en tête son objectif de devenir officier et pour cela il connaissait par cœur la procédure afin d’intégrer L’Ecole des Officiers du Sahara.
Trois années se sont écoulées et il obtînt sa licence en logistique, il s’inscrit l’année qui suit au concours d’entrée à DanYaki (le guerrier).
Des semaines plus tard les résultats tombèrent, il y fut admis.
Le soir de son départ les yeux de sa mère plein de larme,
Elle: ‘’mon fils, es-tu sur de ton choix ? Tu sais tu peux désister, moi je te soutiendrai toujours et sans te mentir j’en serais tout de même ravis car là, au moins, je ne vivrai pas toujours la peur au ventre.
DanBawa: ‘’non mère ne t’en fais point, je m’y engage fermement et avec paix et joie au cœur car je serais enfin un mur entre vous et l’ennemi, seulement pries pour moi et ne cesse jamais de le faire’’
C’est ainsi que ce soir, DanBawa quitta la maison familiale sous les bénédictions de ses parents et les prières de ses frères et sœurs.
‘’Je suis fier de toi fils’’, lui disait son père en lui tenant l’épaule tout en rajoutant ‘’vas dans la paix du Tout Puissant’’
Ses frères et sœurs, eux, ne cessaient de lui rappeler de prendre soin de lui.
DanBawa était loin de se douter que son vécu à l’école militaire n’était qu’un avant-gout de ce qu’il allait vivre pendant les deux ans de formation qu’il allait poursuivre.
Comme pour l’école militaire des échos lui sont parvenus mais ayant foi en son choix il fonçait sans jamais se retourner.
DanYaki c’est la jungle des jungles, le vécu des élèves est d’une dureté extrême qu’en ces mots on l’a résumerait pour ne pas rentrer dans les détails.
Lors des rares visites aux camps, pendant une conversation, DanBawa restait la scotché au sourire de sa sœur et dit: ‘’oh ma sœur que ton sourire m’anime de joie’’
Elle : mais tu le connais déjà ce sourire frère
Lui : oui, certe, mais le revoir après un si long moment et après tout ce vécu, laisse-moi te dire qu’il est d’un grand remède. On payerait ici souvent pour un sourire.
Elle : je m’en vais à ravir que ça t’apaise et te fasse plaisir. Même si ton sourire a changé et que je lis en toi un manque mais j’espère qu’une fois ton rêve devenu réalité tout cela ne serait qu’un souvenir parmi tant d’autre.
Un an et six mois passèrent, détacher de toute affection, de toute civilisation, DanBawa touchait presque a son but. Un élève assidu il était, pendant la formation il relevait toujours les défis rien ne semblait l’arrêter, il était appelé à un avenir radieux.
A ses prochains frères officiers, il racontait ses projets, il se voyait déjà sur le terrain et même au-delà, il dessinait ses rêves d’homme normal : une femme, des enfants, lui qui serait muté dans une région du Sahara au service de son pays.
DanBawa, on ne pouvait que l’admirer, tout ce qu’il voulait c’était de servir la nation tout en protégeant les siens.
A quelques semaines de la cérémonie de graduation, une tragédie, un dimanche noir, un jour sombre, le téléphone du père de DanBawa sonna, les nouvelles étaient mauvaises, oh que très mauvaises! Car au bout du fil, on venait de lui annoncer le décès de son fils. Sous le regard de son épouse, le téléphone lui glissa d’entre les mains, il lança un regard glacial à sa femme, les yeux plein de larmes. A peine elle venait de réaliser l’irréparable, qu’elle s’était effondrée sans que son mari le lui annonce. Instinct maternelle, son cœur se serra comme jamais, la douleur était si grande qu’avant de pouvoir placer un mot, elle s’évanouit. A son réveil, entourée de sa famille, meurtris ils étaient tous.
DanBawa s’est éteint, oh que, destin tragique ! Mort accidentelle disaient-ils mais le corps du défunt lui criait à la torture. Face à une famille éplorée, en colère, des enquêtes furent menées afin de faire justice. Combat rude et hargneux mais déterminée était la famille.
L’histoire de DanBawa n’était point de celle où l’on crie ‘’ourah’’ à la fin mais plutôt ‘’oulah’’. Ce n’est pas la fin heureuse où l’on venait participer à la cérémonie de décoration en prenant des photos avec sa famille, ses amies, où l’on oubliait l’instant soit peu les souffrances vécu, non !
C’est l’histoire d’un rêve déchu, l’histoire d’une fin tragique, d’une douleur sans fin. C’est l’histoire qui témoigne du machiavélisme des humains, c’est le dévoilement de tant de cas similaires noués dans le silence, pas seulement au Sahara mais partout ailleurs.
Pour lui et pour tant d’autre justice devrait être rendu pour qu’ensemble aucun n’être n’ait peur d’avoir les mêmes rêves que DanBawa, pour que demain si l’on apprend le décès d’un guerrier, ce soit dans l’exercice de ses fonctions et non dans la poursuite de sa carrière, pour que demain aucun rêve ne soit injustement et méchamment déchus.
DanBawa a tant sacrifié mais hélas! Les fruits de sa labeur jamais il n’en témoignera car déchus a été son rêve, détruite a été sa vie. Fin triste, fin tragique!
Que fut le crime d’un si jeune être qui n’aspirait qu’à servir sa nation?