Puncak Jaya

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Un instant en suspens, contemplatif et poétique, dans lequel se mêlent Puncak Jaya et Junko, la première femme ayant escaladé cette montagne

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« Tant que tu ne sais pas mourir et renaître, tu n’es qu’un passant affligé sur la terre obscure. » Marguerite Yourcenar.

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L'instant se prolongeait, le temps amorti prenait les traits de l'éternité. Junko ne ressentait plus la douleur qui dévorait ses jambes. Son corps las se revigora. Le septième sommet : Puncak Jaya. Puncak Jaya qui gravera le nom de Junko Tabei dans l'histoire ; la femme qui escalada les sept sommets. Debout, là-haut, elle n'était plus Junko Tabei, elle était Puncak Jaya, Everest, Mont Elbrus, Denali, Aconcagua, Mont Vison, Mont Kosciuszko, elle représentait le souffle sauvage de ces roches éternelles... Elle était la dame des montagnes enveloppée d'une robe de mousseline fine et longue, blanche et fraîche, qui flottait autour d'elle et dévalait Puncak Jaya d'un mouvement circulaire plein d'élégance et de grâce.

Là, sur le sommet, elle l'avait toujours été, depuis le jour de sa naissance, et elle le sera toujours. Junko, éternellement, sera un morceau de montagne. Elle se tourna et regarda de l'autre côté la rivière Nasura : la vaste surface bleue cristalline scintillait, délicieuse, divine. Junko acheva d'y dissoudre le regard et d'y noyer les tourments de son âme... les tourments de son cœur...
Au-dessous, dans l'immensité céleste, des oiseaux traversaient les nuages, embrassant la brume, se moquant de la grandeur immobile, imbue d'elle-même de Puncak Jaya. La pelouse verte détendue en bas, la lande qui se prolongeait à perte de vue... Junko en était subjuguée. Elle ne remarqua que tardivement que des larmes ruisselaient sur ses joues. Elle aurait voulu que son corps soit le sable de la lande, là, au loin, et que ses larmes soient la rivière Nasura. Elle aurait voulu ne plus quitter Puncak Jaya.

Elle se réveilla. Junko vit que les hommes descendaient déjà le sommet, après y avoir planté le drapeau japonais. Les hommes s'empressaient, mais elle, c'était une femme, c'était les couleurs du paysage, les odeurs du sol et du ciel, c'était l'éternité et l'impassibilité des roches, ainsi que l'éphémère du temps. « Junko ! Allez ! » Junko adressa un baiser en l'air et un mot d'adieu au septième sommet et se retourna, le visage humide, les traits renouvelés, rajeunis.

« Tant que tu ne sais pas mourir et renaître, tu n'es qu'un passant affligé sur la terre obscure. » Marguerite Yourcenar.

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