J'avais huit ans. La famille venait d'emménager dans un grand appartement au dernier étage d'un immeuble flambant neuf au milieu de nulle part, qu'un balcon de 30m entourait totalement. Alentour c'était la jungle : des hectares de terrains encore vierges, disparaissant sous une exubérance végétale, des chemins de terre sans horizon, et au loin l'étang que je verrai souvent envahi par les glaces au plein cœur de l'hiver.
Et puis au bord de l'eau, une maison abandonnée qu'il nous était formellement interdit d'aborder.
Ma sœur Annette et moi nous chicanions à longueur de journée mais sur ce point, pour une fois nous serions d'accord. Cette maison serait la nôtre ; ce serait notre secret.
Nous disparaissions régulièrement dans son jardin dont nous avions creusé la haie nous permettant juste de glisser nos formats encore bien menus ; à l'intérieur nous avons découvert un trésor : des milliers de daguerréotypes entreposés là sûrement depuis bien longtemps... et on a commencer à casser ! C'était tellement tentant !
Je posais délicatement les plaques contre un mur et une grosse pierre faisait le reste. Nous pensions être seuls au monde et quand nous rentrions d'expédition, nous n'oubliions jamais de nous charger les bras de lilas mauve et de seringas blancs... comme ils sont gentils ces enfants !!!
Un jour où j'avais particulièrement taquiné Annette, elle a lâché toute l'histoire et j'ai pris la raclée de ma vie. J'étais furieux : non seulement nous n'aurions plus notre maison mais en plus, il restait plein de plaques à briser et cela se ferait sans nous.
A titre de représailles, j'ai chipé à ma sœur son mini coffret a trésors. J'ai réussi à me faufiler une dernière fois dans la maison et j'y ai caché l'objet du litige. Elle a hurlé pendant des semaines que je le lui avais volé !!! Où sont les preuves ?
Et tout me revenait d'un seul coup, comme un film. J'ai voulu aller voir s'il était toujours là. Le jardin engrillagė indiquait un imminent permis de démolir. Mais les lilas et le seringa maintenant immenses, odorants comme dans ma mémoire, quand nous en rapportions d'énormes bouquets : bonne fête Maman
J'ai réussi à entrer dans la maison. J'ai retrouvé sans peine la cachette ignominieuse. Je rendrais à Annette son bien jadis si précieux.
J'ai ouvert le coffret. Un petit papier jauni et tout plissé m'est tombé des mains qui n'y était pas autrefois. Je l'ai déplié précautionneusement et j'ai tout de suite reconnu l'écriture : celle qui n'existe plus depuis bien longtemps, toute en pleins et déliés dont la calligraphie me semblait inaccessible : Mamie.
« N'essaye pas de nier Pierrot. J'étais sûre que c'était toi ! »
Et puis au bord de l'eau, une maison abandonnée qu'il nous était formellement interdit d'aborder.
Ma sœur Annette et moi nous chicanions à longueur de journée mais sur ce point, pour une fois nous serions d'accord. Cette maison serait la nôtre ; ce serait notre secret.
Nous disparaissions régulièrement dans son jardin dont nous avions creusé la haie nous permettant juste de glisser nos formats encore bien menus ; à l'intérieur nous avons découvert un trésor : des milliers de daguerréotypes entreposés là sûrement depuis bien longtemps... et on a commencer à casser ! C'était tellement tentant !
Je posais délicatement les plaques contre un mur et une grosse pierre faisait le reste. Nous pensions être seuls au monde et quand nous rentrions d'expédition, nous n'oubliions jamais de nous charger les bras de lilas mauve et de seringas blancs... comme ils sont gentils ces enfants !!!
Un jour où j'avais particulièrement taquiné Annette, elle a lâché toute l'histoire et j'ai pris la raclée de ma vie. J'étais furieux : non seulement nous n'aurions plus notre maison mais en plus, il restait plein de plaques à briser et cela se ferait sans nous.
A titre de représailles, j'ai chipé à ma sœur son mini coffret a trésors. J'ai réussi à me faufiler une dernière fois dans la maison et j'y ai caché l'objet du litige. Elle a hurlé pendant des semaines que je le lui avais volé !!! Où sont les preuves ?
Et tout me revenait d'un seul coup, comme un film. J'ai voulu aller voir s'il était toujours là. Le jardin engrillagė indiquait un imminent permis de démolir. Mais les lilas et le seringa maintenant immenses, odorants comme dans ma mémoire, quand nous en rapportions d'énormes bouquets : bonne fête Maman
J'ai réussi à entrer dans la maison. J'ai retrouvé sans peine la cachette ignominieuse. Je rendrais à Annette son bien jadis si précieux.
J'ai ouvert le coffret. Un petit papier jauni et tout plissé m'est tombé des mains qui n'y était pas autrefois. Je l'ai déplié précautionneusement et j'ai tout de suite reconnu l'écriture : celle qui n'existe plus depuis bien longtemps, toute en pleins et déliés dont la calligraphie me semblait inaccessible : Mamie.
« N'essaye pas de nier Pierrot. J'étais sûre que c'était toi ! »