Paroles de Gnodossé

Toute histoire commence un jour, quelque part. Comme le disait sa mère : il avait ouvert par la grâce du créateur, la bouche pour pousser son premier cri à vingt et une heure quarante-sept minutes cette nuit-là du vingt et quatre, nuit du marché de Doho-Ayp ; ce qui n’a pas été le cas chez certains de ses congénères attendus et qui ne sont jamais arrivés ou qui n’ont pas connu leurs vrais géniteurs. Il captait déjà le regard des gens et surtout de ses parrains, même s’il ne savait pas que ces derniers le serraient. Après ces quelques moments, il renaissait de nouveau; ce fut sa seconde naissance. Tous les bébés de ses jours, de ses semaines et de ses mois, presque, étaient allaités ; il n’a guère eu cette chance ou cet honneur-là, puis qu’elle était malade, sa mère pourtant, a-t-il survécu. Elle lui donnait son lait riche à chaque fois qu’elle le pouvait. Il la trouvait claire quand il était en elle ; mais lors qu’il fut sur ses bras, elle paraissait un peu plus moins claire. Il comprit tout suite les mobiles de ce phénomène ; néanmoins ; voir un spécialiste ne lui en était pas exclu.
Une vieille dame chaque soir en rentrant le surnommait ‘’c’est la terre qui me porte’’. Celle-ci avait sans nul doute raison, car, formant avec son corps un angle de presque quatre-vingt degré, il était toujours posé par terre quand sa mère dispose d’autres préoccupations. Il s’est passé tant de choses en lui et autour de lui. Curieux, qu’il ne s’empêchait pas d’être, un jour, l’enfant étant posé au sol de la cuisine, mît sa tête dans la marmite au feu ardent. Il se brûla le cou. Ce qui n’avait pas été aisé pour sa mère car a-t-elle regretté de n’avoir pas prêté attention quand aux grimaces du petit. Il était très petit mais il comprenait très vite les choses ; enfant qu’il commençait à devenir, il a une mémoire qui se rappelle les événements après une très longue durée les uns après les autres. On dirait qu’il a hérité ce don de son géniteur, qui lui-même a été éducateur, donc propagateur du savoir.
Entouré de quelques membres de famille reçus par sa mère pour un séjour plus ou moins long, il capte souvent l'attention par son comportement naïf mais aussi par sa voix quelque peu haute à chaque fois qu'il reprenait les anciens et les nouveaux refrains scolaires ou divins. Dans la salle de prière, leur place est toujours réservée remplit de petites chaises assez confortables faites de la laine ou de rameaux. Il fallait constater les pleurs de certains enfants ou les bavardages des autres.

A la Maternelle il avait déjà l’idée de compagnie ; là il s’est fait beaucoup d’amis grâce à l’éducation des parents à la maison et à celle du Jardin relayée par leurs éducatrices. Cette éducation semble aider les enfants dans leur devenir. Elle les prépare avant tout à mieux s’identifier au primaire.
Le Primaire était juste un deuxième monde pour lui, puis qu’il voyait déjà les choses en grand. Au cours préparatoire et moyen, il a développé avec ses amis les aptitudes, grâce aux réels investissements des instituteurs à l’école et des répétiteurs à la maison.Au clair de lune, pendant les périodes de liberté, il pratiquait le colin-maya, un jeu auquel il aimait sans limite jouer avec ses amis, les enfants des voisins. C’était d’ailleurs une parade très appréciée de toute sa bande et des autres enfants de son âge, quand bien même elle nécessite la finesse et la capacité à se camoufler sans être aperçu pendant le délai de recherche proposé par le dirigeant pour la circonstance. Comme l’exige le principe : avant d’envoyer les uns et les autres à leurs cachettes, le dirigeant fait asseoir un volontaire sous ses pieds, lui ferme les yeux et entonne un champ, permettant aux autres de toucher sa tête avant de partir pour se cacher individuellement jusqu’à ce qu’on repère quelqu’un. Malheur à ce quelqu’un qui, à plusieurs reprises n’a pas réussi à attraper un du groupe dispersé ; cette fois-ci, en plus des yeux fermés, on ne touchait pas sa tête simplement, mais il y avait la possibilité de la cogner une fois par séquence, ce qui faisait partie du jeu. Il fallait imaginer la nature des coups sur la tête, peut-être accompagnés de représailles qui n’avaient aucun rapport avec le jeu. Ce n’était pas agréable d’être belliqueux et ou de ne pas régler les différends avant l’entrée en jeu.
Outre ce jeu, il allait souvent avec ses amis à « Ouwobmot », l’un des marigots de son enfance, se trouvant dans la brousse pour une partie de nage ou de pêche. Un jour, alors que ses compagnons mouillés de joies, nageaient sans difficultés, il rentra dans l’eau, ne la maîtrisant pas, commença à se noyer ; heureusement qu’il avait reçu le secours de ses paires ; quand il se fait tard, tous font la pêche pour pouvoir apporter chacun des petits ou des gros poissons à la maison. Lorsqu’ils n’attrapent rien, la nature leur offre la chance de rentrer avec des crabes qui pensaient, sans être repérés se cacher sous des grottes en partie humides. Ce serait dans ce cas une joie pour les mamans car elles verront leurs sauces donner un arôme impressionnant et une fierté pour les frères revenus à leur tour du champ avec ou sans les têtes de rats ou d'oiseaux.
Il est doté d'une qualité de généreux, puisqu'il partageait toujours ce qu'il possédait tant qu'il le pouvait sans attendre quelque chose en retour.
Il prenait au collège avec ou sans l’accord de ses camarades de classe les anciennes épreuves qu’il ne ramenait qu’après les avoir retraitées. Aussi, faisait-il la copie des documents qu’il recevait pour dessiner les cartes ou les croquis au tableau ; ce qui lui permettait d’augmenter ses connaissances. Ce qui était sûr pour lui, c’est qu’il avait un but de réussite, peu importe comment. Malgré les bêtises qu’il faisait et les notes faibles qu’il recevait parfois, il ne s’est pas laissé submergé par le découragement et ou la peur d’un éventuel échec. Il surprenait petit à petit ses formateurs, quand bien même avec ses amis en salle, dans la complicité, il tentait ceux qu’on envoyait au tableau pour la résolution de certains exercices : ils font croire à ces derniers que ce qu’ils ont écrit s’avère pas vrai en disant en chœur ‘’ woooo’’d’une même, faible et douce voix ; c’était un moment de rire et de joie pour lui et ses amis lors qu’ils remarquent que l’exercice traité est effacé. Ils se rendent alors compte que ceux-ci n’étaient pas sûrs de leur réponse. Les séances de cours supplémentaires organisées par les responsables devraient suffire pour se former d’avantage. Les mercredis, souvent, ils se rendirent à la Bibliothèque pour le dépôt ou le renouvellement ou le retrait des livres. Certains formateurs exigeaient l’utilisation de ces ouvrages, car ils proposaient des exercices en référence à ces livres ; les apprenants y étaient contraints, les récidivistes étaient admis à la bastonnade ou aux punitions les plus exemplaires. Fort heureusement, il y a dans cette Bibliothèque une possibilité de prendre à la fois cinq livres de différentes disciplines selon le désir et le besoin du lecteur et selon l’exigence des programmes de cours. Les apprenants bénéficiaient parfois pendant le week-end de quelques cours supplémentaires de renforcement.
Le jour des résultats, dans l’après-midi, il dormait profondément dans sa case quand il fut réveillé. A peine il franchit la porte de l’entrée principale dans son boubou blanc, que les amis lui informaient qu’il faisait partie des élites.

Il possède sans aucun doute une vertu inextinguible et visiblement incomparable due peut-être à l'éducation rigoureuse reçue des parents à la maison, des formateurs à l'école, des gens dans la rue surtout à travers les expériences des amis et certainement de la religion à la catéchèse. Il était d'ailleurs sensible aux difficultés de son voisinage.

Il a eu la chance d’intégrer après le secondaire, un Lycée dont l’objectif est de former dans le cadre technique et professionnel, car c’est la compétence après la réussite qui ferait la fierté des formateurs. Durant les deux semestres académiques passés, certains de ses souvenirs n’étaient pas mauvais, néanmoins d’autres l’ont été.
Au début des premières rencontres avec les formateurs, il s’est rendu compte qu’il y avait assez de disciplines tout au long du parcourt : la grande majorité économique y compris les calculs et la petite minorité littéraire ; cela les aidait à être meilleurs.
À la maison, avant de partir pour l'école, il faisait la vaisselle, un travail obligatoire et lisait également les cours matinaux une fois revenu puis préparait-il le ou les cours de l'après-midi ; il révise dans toutes les disciplines de la semaine le week-end, durant. Ce qui lui permet de préparer ses devoirs et examens sans difficulté aucune. C'est pour cela, recevoir un ami dans l'improviste lui rendait énormément mécontent ; celui-ci bouleverserait son programme, pense t-il.
Dans la salle de cours, souvent le formateur en Anglais pose des questions sur la leçon précédente ; il parait que chaque apprenant devrait répondre en Anglais ; pour que ce dernier ne transforme pas une question orale en évaluation surprise écrite, il fallait trouver les réponses justes ou vraisemblables du moins. Une seule fausse réponse suffisait pour dire "Prenez les feuilles". Certains sur ce périple, jugeaient anodin de chercher une alternative mais récitaient selon leurs croyances les prières intérieurement quand-même, puisqu'ils n'avaient pas de propositions convenables, cependant il y avait certes d'autres qui, voulant l'évaluation pour avoir les points décident de ne pas répondre ou de répondre faussement. Les apprenants avaient la peur au ventre, mais avec le temps ils se sont accrochés.
Parfois lors des pauses, il discutait avec Jukat, un ami ; mais aussi avec les autres comme Mayé, Jawes, Misa.
Au cours, son attitude par le silence, l’attention, et la volonté de répondre aux questions et d’en poser font croire à tous les apprenants qu’il était très sérieux et qu’ils devaient se méfier de lui ; parfois, ils n’aiment pas discuter avec lui et pourtant il n’était pas compliqué, disait-il à Lado, un ami aussi sympathique que les autres; il a fallu après un temps qu’ils fassent sa compagnie pour quitter l’illusion.
Finalement, ils sont restés unis et même, ils se défendaient. Par l'effort, tout le monde presque, jouait à la concurrence lors qu’il y avait une évaluation de toute nature.

Pendant les vacances, il n’a ménagé aucun effort pour lire les cours de la classe de Première, surtout celui d’Histoire et Géographie pour lequel il a parcouru tout le programme ; ce qui était impressionnant dans ce cours, c’est la partie du Sous-développement ; celle-ci révélait la réalité.
D'aucun ont toujours parlé de la difficulté de cette classe. C’est pourquoi il fallait ménager sa monture. Il était dévoué à finir le programme de certains cours avant la rentrée effective des classes, d’ailleurs c’est une habitude. Cette entreprise lui a permis de développer sa capacité de réfléchir, d’agir et de raisonner face aux sujets et faits donnés.
Aussi percevait-il ses cours comme une révision ; notons que parfois, ses amis et lui rencontraient des difficultés dans certains exercices, raison pour laquelle ils se complétaient à travers les travaux de groupe. Ceci faisait d’eux des apprenants prêts à passer l’examen. Il y avait des répétitions organisées à travers lesquelles il fallait poser des questions et chercher à comprendre les parties ambiguës.
Après les évaluations semestrielles, les résultats promettant ont fait d’eux des reçus à l’examen ; c’est cette réussite qui les a ouvert les portes de la supérieure classe.


Elle a été celle qui a accru leurs efforts progressifs, car elle cachait beaucoup de programmes très vastes qui décourageaient constamment les apprenants. Il faut rappeler que les formateurs finissaient rarement leur programme, c’est pourquoi l’emploi du temps était visiblement surchargé.
Dans la salle de cours, il y avait une bonne compréhension et une meilleure participation des apprenants grâce à un véritable dynamisme des formateurs ; puisque finalement ils se sont adaptés à cette situation. Il acceptait volontairement aider ses paires sans égoïsme. Il avait peu de temps de distraction ; cependant, seuls les bons et les mauvais apprenants disposaient du temps car, les premiers étaient rigoureux avec leur emploi du temps personnel, les seconds n’en avaient aucun souci, on dirait.
Les apprenants qui acceptaient de se soumettre à l'assurance proposée par les responsables de son établissement en partenariat avec la structure spécialisée bénéficient d'une couverture en cas d'incident constaté dans le cadre de la formation au cours d'une période annuelle sinon aucun remboursement n'est prévu.
Pendant les séances sportives, deux salles sont jumelées formant ainsi un groupe. Ensemble sur le terrain, les apprenants trottinent en guise d'échauffement, tel est le conseil donné par leur formateur afin d'éviter les complications dues aux blessures qui n'avaient pas leur raison d'être lors d'une éventuelle évaluation. Il y avait une parfaite entente entre les apprenants sur le terrain. Il s'est fait beaucoup d'amis. Ce contact lui a permis d'intégrer le club des joueurs de foot. Il participait quand il le pouvait aux entraînements lorsqu'il y avait un match inter-salles et ou inter-établissements en vue.
Le travail les a conduits vers un rang meilleur ; il a appris à être responsable et à prendre des décisions auxquelles les apprenants adhéraient. C’est pourquoi il a été l’ami des formateurs. Le règne de la discipline va permettre à l’administration de mieux les encadrer et ou les surveiller. Cette surveillance les a guidés vers le succès, l’ouvrant les portes pour le supérieur.
La classe Terminale demeure une grande classe dans laquelle il faudrait se concentrer pour réussir.C’est évident qu’il garderait un bon souvenir de son Institut comme le feraient ses paires.

Pendant sa formation dans le supérieur, il rencontrera tant de difficultés, cependant il s'est finalement adapté avec le temps et s'était beaucoup battu pour avoir son diplôme. Et cette fois-ci Gnodossé était présent dans son esprit.