Ode à Belle-Maman

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Belle-Maman,

Suite à vos précédentes missives soulignant (et avec quel style !) mon incapacité à nourrir ma famille, et cédant à de puissantes pulsions poétiques, je suis tenté d'enchaîner ici en introduisant une subtile métaphore pseudo-culinaire visant à rendre au mieux mes impressions vous concernant. Mettez-vous en condition et laissez faire votre imagination.

C'est vendredi soir. Profitant d'une belle et douce soirée d'été, vous décidez d'aller chercher à manger au fast-food du coin. En effet, comme toutes les fins de semaine, vous venez de passer un après-midi d'enfer au boulot, vous êtes affamée, le frigo est vide et vous n'avez pas le courage de passer faire des courses pour ensuite préparer vous-même un repas à la maison. Vous entrez donc au fast-food, faites la queue comme tout le monde (une queue immensément longue, une queue de vendredi soir !) et, arrivée à la caisse, vous commandez le double de ce que vous êtes capable d'avaler (ce qui n'est pas peu dire). Vous rentrez chez vous en vitesse et déballez le contenu du sac de papier sur la table basse avant de vous jeter voracement sur les victuailles. Quand finalement vous sentez que vous avez dépassé les frontières du mangeable, vous braquez votre regard vers les vestiges de cartons et de gobelets en plastique (dont vous vous occuperez demain) et découvrez avec horreur qu'un sandwich encore intact vous attend, planqué dans son emballage flambant neuf. C'est le moment où vous vous demandez : mais pourquoi j'en ai pris un de plus ?! Vous repoussez alors le survivant au bout de la table et vous vous affalez sur le canapé où vous finirez par passer la nuit. Le lendemain, vous vous réveillez à onze heures et décidez de zapper le petit déjeuner. Vous vous souvenez alors de ce bon vieux sandwich que vous avez lâchement abandonné la veille et qui vous nargue depuis le coin de la table. Vous allez prendre une douche (pas toujours, pour vous, mais admettons...) puis revenez un quart d'heure plus tard dans le but d'en finir avec cet enfoiré. Vous le foutez trop longtemps au micro-ondes, le sortez de son emballage et là, sous votre œil médusé, se joue une scène des plus affligeantes : un pain durci, comme changé en pierre, des steaks noircis suintant la graisse végétale, une inquiétante tranche de cheddar fripée et quelques malheureuses feuilles de salade flétries dont les extrémités pendouillent mollement dans le vide comme si elles s'étaient résignées à fuir leur sordide destinée. Le tout est mélangé à une sauce jaunâtre à l'odeur suspecte. Belle-Maman, gravez bien cette image dans votre esprit fou, car c'est ce qui me vient lorsque je pense à vous.

Avec amour,

Un beau-fils à bout de nerfs.

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