Jaune mélancolique et rouge sang versé
Des feuilles de noyer plus qu'à moitié rongées
Verlaine ou bien Rembrandt assure le
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Le président s’appelait Dogot et on l’avait attendu. Plus d’une heure après le début programmé des débats, il s’était enfin présenté, avait aboyé ses consignes, avant de s’avachir d’un air las dans une apparente léthargie dont il ne semblait émerger que de loin en loin.
L’affaire se présentait mal pour Anton, avec, dès les premiers échanges, une polémique sur son nom.
« Vous vous appelez Anton mais on vous appelle couramment On ? »
Oui, bien sûr, on l’appelait On, ou, plus exactement, c’était sa petite sœur, Myriam, qui, lorsqu’elle était bébé, ne parvenait pas à articuler correctement son nom et qui, par conséquent, l’abrégeait en « On ». Ça avait fait rire tout le monde, la famille, les amis, et même ses camarades de classe, et plus tard ses collègues de travail, qui, tous, s’étaient amusés à le baptiser « On ». Ce dont il avait, lui, Anton, essayé de se venger en surnommant sa sœur « Miam », mais ça n’avait fait rire que lui. On l’appelait « On », mais son nom, son vrai nom, c’était de même bien Anton.
« On vous appelle On : et On, le mot On, vient du latin hominem qui signifie « L’Homme » ! C’est bien révélateur, n’est-ce pas ? »
L’attaque, ou plutôt la remarque, n’avait pas grande utilité dans les débats, pas même celle de réveiller le président Dogot. Ce n’était qu’un sarcasme, une saillie rhétorique, mais elle conditionnait défavorablement le jury, dès l’entame du procès –ou, du moins, dès l’entame du passage d’Anton à la barre.
Et l’avocat d’Anton n’avait rien trouvé à répliquer. L’avocat d’Anton était un blaireau : c’était tout dire ! On le lui avait commis d’office puisque Myriam, la sœur d’Anton, seule parente encore vivante, n’avait pas eu les moyens financiers de lui offrir une véritable défense digne de ce nom.
En revanche, en face, le procureur de la République, lui, c’était un vautour : l’œil luisant, le verbe sec, l’air mauvais. Un véritable vautour !
Le système de défense de l’avocat s’avérait d’une simplicité consternante et se résumait à deux préceptes : la bêtise et l’irresponsabilité. Bref : l’innocence ! Innocence d’esprit et innocence de fait.
A en croire le blaireau, Anton était marqué par une certaine déficience mentale, pour ne pas dire une légère imbécilité.
« Après tout, ce n’est jamais qu’un homme, n’est-ce pas ? » se plaisait à répéter le blaireau, qui avait même vivement conseillé à son client de garder le silence le plus possible.
Ça finissait par être vexant de s’entendre, à intervalles réguliers, traité de crétin par un blaireau. Mais, de fait, le plus possible, Anton gardait le silence.
Et puis, deuxième axe de défense : on plaide non coupable !
Non coupable : bien évidemment qu’Anton se sentait non coupable ! Sauf que... sauf que la totalité des vingt-quatre accusés, réunis dans la grande salle de Gerbrumen, avaient tous plaidé non coupable ! Tous !
Alors, l’argumentation du blaireau avait été identique à celle des vingt-trois autres avocats, forcément. D’une part, comment pouvait-on accuser les décideurs, présents dans cette salle, alors que l’on avait, par principe, innocenté les exécuteurs ? Certes, ces décideurs donnaient des ordres aux exécutants, mais eux-mêmes, les décideurs, dépendaient des ordres de la hiérarchie supérieure. Ou bien des ordres, implicites mais admis par tout le monde, de la tradition, des coutumes, des habitudes. Tout un chacun tirait profit, plus ou moins directement, de l’organisation. Et ce ne sont pas vingt-quatre personnes qu’il conviendrait de convoquer à la barre, mais toute une région, tout un pays, tout un peuple !
D’autre part, Anton était un soldat, ou, du moins, il pouvait être considéré comme tel. Un soldat. Rien de plus, rien de moins. Après tout, on utilisait couramment, en parlant des pompiers, la métaphore de « soldats du feu ». On évoquait l’idée, pour les médecins urgentistes, qu’ils « combattaient la maladie ». Et Anton, lui, était, à l’évidence, un soldat du ravitaillement, un combattant de la bouffe !
L’idée d’être un soldat lui plaisait bien, à Anton !
La partie la plus longue, et la plus ennuyeuse, du procès, avait consisté en querelles d’experts autour des méthodes employées, querelles entrecoupées, çà et là, par des témoignages d’observateurs, de praticiens ou de spécialistes.
Sur le chiffre global, tout le monde s’accordait plus ou moins, défenses ou parties civiles : on retenait celui d’un milliard de victimes par semaine. Un peu moins, suggéraient les avocats de la défense, dont l’avocat d’Anton ; un peu plus, enchérissait le procureur.
« Un milliard d’individus par semaine, glapissait ce dernier.
- Individus, individus... persifflait l’avocat.
- Oui ! Au sens biologique du terme ! » éructait le vautour.
S’en étaient alors suivis les détails techniques de l’opération ; opération que tout le monde, sans exception, s’accordait à désigner par l’euphémisme « traitement ». Et en effet, Anton se devait de reconnaître au moins un mérite à son avocat : à chaque fois que le procureur s’avisait d’utiliser un autre terme, tel que « meurtre », ou « génocide », ou « purification », ou encore « élimination », à chaque fois le blaireau se redressait pour formuler une objection, objection qui, à chaque fois également, était retenue par le président Dogot.
Les experts, les uns après les autres, chacun leur tour, récitèrent les étapes du traitement : l’accrochage des corps, l’anesthésie, la tête tranchée, le saignement, et, pour finir, le bain d’échaudage à cinquante-deux degrés qui avait pour but de dilater la peau.
De ces cinq étapes, la seconde, l’anesthésie, dont le principe portait le nom savant d’électronarcose, déclenchait les principales polémiques. L’électronarcose, terme que, par ailleurs, Anton n’avait jamais utilisé ni même entendu auparavant, consistait à plonger la tête dans un bain d’eau traversé d’un courant électrique. Or, d’après certains témoignages, il arrivait qu’avant l’immersion proprement dite, certains individus étaient maltraités, recevaient des coups de pied, ou des coups de bâton. Anton, pour sa part, n’avait jamais assisté à pareille scène ; et puis enfin, le résultat n’était-il pas le même ?
Il s’avérait aussi, disaient les spécialistes habilités par le tribunal, que le courant électrique soit insuffisant pour provoquer l’arrêt cardiaque, ou bien que certains individus, juste au moment d’être plongés dans le bain, relèvent la tête, par pur réflexe, au point de demeurer conscient lors de l’étape suivante.
Enfin, affirmaient les experts, certains, avant d’être plongés, se montraient si nerveux et si vivaces, remuaient tellement, qu’ils s’aspergeaient eux-mêmes et recevaient ainsi des décharges électriques assimilables à des tortures.
« En tout état de cause, affirma le procureur, le « traitement » (et cette fois il n’employa pas d’autre terme) et, tout particulièrement, la phase dite d’électronarcose, ne montre, de la part des décideurs et des exécutants, aucune compassion envers des êtres vivants sensibles et capables d’émotions. L’ensemble de cette activité ne peut être qualifiée que de morbide et sanglante, et les responsables ne peuvent être considérés que comme des criminels. »
Il y avait eu un brouhaha dans la salle, sans qu’Anton ne puisse décider si le public approuvait ou non : il y allait fort tout de même, le proc !
Anton observait les membres du jury. On lui avait pourtant bien recommandé de ne pas le faire, mais il voulait connaître l’impact des paroles du procureur. Du moins essayer. Et il était tellement occupé à observer les visages qu’il n’entendit pas la question que lui avait posée le procureur. Il fallut que ce dernier répète sa question :
« Aviez-vous conscience de faire souffrir vos victimes ? »
Anton ne savait pas, il n’avait pas d’opinion, il était soldat et se contentait d’exécuter les ordres...
« Et les cris, monsieur On ? Vous n’entendiez pas les cris que poussaient les victimes ? »
Anton se sentait désemparé. Il y eut un silence, et un nouveau brouhaha dans la salle. L’avocat d’Anton lui faisait un signe discret de la main, en direction de son oreille, et il murmurait quelque chose.
« Les cris, monsieur ? Les cris ? »
Alors Anton se souvint, brutalement, de l’argument qu’avait préparé son avocat. Mais oui ! La traduction simultanée par oreillette n’existait pas à cette époque-là ! Cela ne faisait que quelques années à peine que...
« Vous parlez chinois, monsieur On ?
- Chinois ? » balbutia Anton. Non, bien sûr que non, il ne parlait pas le chinois.
« Et vous avez besoin d’une traduction simultanée pour savoir qu’un chinois est en train de souffrir ? »
A nouveau un silence. Et à nouveau un brouhaha dans la salle. Mais cette fois, Anton ne se fit plus aucune illusion. Il savait qu’il avait perdu. Il ferma les yeux et il imaginait son destin tel qu’il se profilait : l’accrochage, la cuve électrifiée, le cou tranché, le saignement, et le bain d’échaudage. Son destin puisque, depuis le début de l’année 2046 et l’ouverture du procès de Gerbrumen, la peine de mort avait été rétablie. Et la peine de mort, que certains journalistes avaient rebaptisée la « mène de porc », consistait à faire subir aux condamnés la même fin que leurs victimes.
Anton ouvrit lentement les yeux, et se tourna vers la salle. On lui avait également recommandé de ne pas le faire, mais il voulait voir: à l’exception de sa sœur, Myriam, assise au premier rang, le public était constitué d’une grande majorité de poulets, ce qui était logique, une dizaine de chiens, deux moutons, et au fond, tout au fond, un raton-laveur.
L’affaire se présentait mal pour Anton, avec, dès les premiers échanges, une polémique sur son nom.
« Vous vous appelez Anton mais on vous appelle couramment On ? »
Oui, bien sûr, on l’appelait On, ou, plus exactement, c’était sa petite sœur, Myriam, qui, lorsqu’elle était bébé, ne parvenait pas à articuler correctement son nom et qui, par conséquent, l’abrégeait en « On ». Ça avait fait rire tout le monde, la famille, les amis, et même ses camarades de classe, et plus tard ses collègues de travail, qui, tous, s’étaient amusés à le baptiser « On ». Ce dont il avait, lui, Anton, essayé de se venger en surnommant sa sœur « Miam », mais ça n’avait fait rire que lui. On l’appelait « On », mais son nom, son vrai nom, c’était de même bien Anton.
« On vous appelle On : et On, le mot On, vient du latin hominem qui signifie « L’Homme » ! C’est bien révélateur, n’est-ce pas ? »
L’attaque, ou plutôt la remarque, n’avait pas grande utilité dans les débats, pas même celle de réveiller le président Dogot. Ce n’était qu’un sarcasme, une saillie rhétorique, mais elle conditionnait défavorablement le jury, dès l’entame du procès –ou, du moins, dès l’entame du passage d’Anton à la barre.
Et l’avocat d’Anton n’avait rien trouvé à répliquer. L’avocat d’Anton était un blaireau : c’était tout dire ! On le lui avait commis d’office puisque Myriam, la sœur d’Anton, seule parente encore vivante, n’avait pas eu les moyens financiers de lui offrir une véritable défense digne de ce nom.
En revanche, en face, le procureur de la République, lui, c’était un vautour : l’œil luisant, le verbe sec, l’air mauvais. Un véritable vautour !
Le système de défense de l’avocat s’avérait d’une simplicité consternante et se résumait à deux préceptes : la bêtise et l’irresponsabilité. Bref : l’innocence ! Innocence d’esprit et innocence de fait.
A en croire le blaireau, Anton était marqué par une certaine déficience mentale, pour ne pas dire une légère imbécilité.
« Après tout, ce n’est jamais qu’un homme, n’est-ce pas ? » se plaisait à répéter le blaireau, qui avait même vivement conseillé à son client de garder le silence le plus possible.
Ça finissait par être vexant de s’entendre, à intervalles réguliers, traité de crétin par un blaireau. Mais, de fait, le plus possible, Anton gardait le silence.
Et puis, deuxième axe de défense : on plaide non coupable !
Non coupable : bien évidemment qu’Anton se sentait non coupable ! Sauf que... sauf que la totalité des vingt-quatre accusés, réunis dans la grande salle de Gerbrumen, avaient tous plaidé non coupable ! Tous !
Alors, l’argumentation du blaireau avait été identique à celle des vingt-trois autres avocats, forcément. D’une part, comment pouvait-on accuser les décideurs, présents dans cette salle, alors que l’on avait, par principe, innocenté les exécuteurs ? Certes, ces décideurs donnaient des ordres aux exécutants, mais eux-mêmes, les décideurs, dépendaient des ordres de la hiérarchie supérieure. Ou bien des ordres, implicites mais admis par tout le monde, de la tradition, des coutumes, des habitudes. Tout un chacun tirait profit, plus ou moins directement, de l’organisation. Et ce ne sont pas vingt-quatre personnes qu’il conviendrait de convoquer à la barre, mais toute une région, tout un pays, tout un peuple !
D’autre part, Anton était un soldat, ou, du moins, il pouvait être considéré comme tel. Un soldat. Rien de plus, rien de moins. Après tout, on utilisait couramment, en parlant des pompiers, la métaphore de « soldats du feu ». On évoquait l’idée, pour les médecins urgentistes, qu’ils « combattaient la maladie ». Et Anton, lui, était, à l’évidence, un soldat du ravitaillement, un combattant de la bouffe !
L’idée d’être un soldat lui plaisait bien, à Anton !
La partie la plus longue, et la plus ennuyeuse, du procès, avait consisté en querelles d’experts autour des méthodes employées, querelles entrecoupées, çà et là, par des témoignages d’observateurs, de praticiens ou de spécialistes.
Sur le chiffre global, tout le monde s’accordait plus ou moins, défenses ou parties civiles : on retenait celui d’un milliard de victimes par semaine. Un peu moins, suggéraient les avocats de la défense, dont l’avocat d’Anton ; un peu plus, enchérissait le procureur.
« Un milliard d’individus par semaine, glapissait ce dernier.
- Individus, individus... persifflait l’avocat.
- Oui ! Au sens biologique du terme ! » éructait le vautour.
S’en étaient alors suivis les détails techniques de l’opération ; opération que tout le monde, sans exception, s’accordait à désigner par l’euphémisme « traitement ». Et en effet, Anton se devait de reconnaître au moins un mérite à son avocat : à chaque fois que le procureur s’avisait d’utiliser un autre terme, tel que « meurtre », ou « génocide », ou « purification », ou encore « élimination », à chaque fois le blaireau se redressait pour formuler une objection, objection qui, à chaque fois également, était retenue par le président Dogot.
Les experts, les uns après les autres, chacun leur tour, récitèrent les étapes du traitement : l’accrochage des corps, l’anesthésie, la tête tranchée, le saignement, et, pour finir, le bain d’échaudage à cinquante-deux degrés qui avait pour but de dilater la peau.
De ces cinq étapes, la seconde, l’anesthésie, dont le principe portait le nom savant d’électronarcose, déclenchait les principales polémiques. L’électronarcose, terme que, par ailleurs, Anton n’avait jamais utilisé ni même entendu auparavant, consistait à plonger la tête dans un bain d’eau traversé d’un courant électrique. Or, d’après certains témoignages, il arrivait qu’avant l’immersion proprement dite, certains individus étaient maltraités, recevaient des coups de pied, ou des coups de bâton. Anton, pour sa part, n’avait jamais assisté à pareille scène ; et puis enfin, le résultat n’était-il pas le même ?
Il s’avérait aussi, disaient les spécialistes habilités par le tribunal, que le courant électrique soit insuffisant pour provoquer l’arrêt cardiaque, ou bien que certains individus, juste au moment d’être plongés dans le bain, relèvent la tête, par pur réflexe, au point de demeurer conscient lors de l’étape suivante.
Enfin, affirmaient les experts, certains, avant d’être plongés, se montraient si nerveux et si vivaces, remuaient tellement, qu’ils s’aspergeaient eux-mêmes et recevaient ainsi des décharges électriques assimilables à des tortures.
« En tout état de cause, affirma le procureur, le « traitement » (et cette fois il n’employa pas d’autre terme) et, tout particulièrement, la phase dite d’électronarcose, ne montre, de la part des décideurs et des exécutants, aucune compassion envers des êtres vivants sensibles et capables d’émotions. L’ensemble de cette activité ne peut être qualifiée que de morbide et sanglante, et les responsables ne peuvent être considérés que comme des criminels. »
Il y avait eu un brouhaha dans la salle, sans qu’Anton ne puisse décider si le public approuvait ou non : il y allait fort tout de même, le proc !
Anton observait les membres du jury. On lui avait pourtant bien recommandé de ne pas le faire, mais il voulait connaître l’impact des paroles du procureur. Du moins essayer. Et il était tellement occupé à observer les visages qu’il n’entendit pas la question que lui avait posée le procureur. Il fallut que ce dernier répète sa question :
« Aviez-vous conscience de faire souffrir vos victimes ? »
Anton ne savait pas, il n’avait pas d’opinion, il était soldat et se contentait d’exécuter les ordres...
« Et les cris, monsieur On ? Vous n’entendiez pas les cris que poussaient les victimes ? »
Anton se sentait désemparé. Il y eut un silence, et un nouveau brouhaha dans la salle. L’avocat d’Anton lui faisait un signe discret de la main, en direction de son oreille, et il murmurait quelque chose.
« Les cris, monsieur ? Les cris ? »
Alors Anton se souvint, brutalement, de l’argument qu’avait préparé son avocat. Mais oui ! La traduction simultanée par oreillette n’existait pas à cette époque-là ! Cela ne faisait que quelques années à peine que...
« Vous parlez chinois, monsieur On ?
- Chinois ? » balbutia Anton. Non, bien sûr que non, il ne parlait pas le chinois.
« Et vous avez besoin d’une traduction simultanée pour savoir qu’un chinois est en train de souffrir ? »
A nouveau un silence. Et à nouveau un brouhaha dans la salle. Mais cette fois, Anton ne se fit plus aucune illusion. Il savait qu’il avait perdu. Il ferma les yeux et il imaginait son destin tel qu’il se profilait : l’accrochage, la cuve électrifiée, le cou tranché, le saignement, et le bain d’échaudage. Son destin puisque, depuis le début de l’année 2046 et l’ouverture du procès de Gerbrumen, la peine de mort avait été rétablie. Et la peine de mort, que certains journalistes avaient rebaptisée la « mène de porc », consistait à faire subir aux condamnés la même fin que leurs victimes.
Anton ouvrit lentement les yeux, et se tourna vers la salle. On lui avait également recommandé de ne pas le faire, mais il voulait voir: à l’exception de sa sœur, Myriam, assise au premier rang, le public était constitué d’une grande majorité de poulets, ce qui était logique, une dizaine de chiens, deux moutons, et au fond, tout au fond, un raton-laveur.