Le ciel s'assombrit et impose une obscurité grise à la chambre d'hôtel. J'ouvre les yeux et redresse ma nuque pour observer le ciel congestionné à travers la vitre. Au même moment, la pluie commence à claquer. Au loin, le ressac des vagues contre le front de mer propulse des flots une colonne d'eau et d'écume qui s'envole et retombe sur les pavés de la promenade attenante à la plage. Fureur à l'extérieur et calme torpide dans la pièce, réalité contractée, immobile comme la moquette au sol. Tout semble privé de dignité. Le rouge des rideaux vire au pourpre délavé.
Je frotte la sueur de mes paupières et regarde les courbes de ma femme couchée dos à moi. Sa robe blanche contraste avec son teint hâlé et ses cheveux sombres. Elle respire lentement, son ventre se gonfle sur le rythme du sommeil, mais je doute qu'elle dorme. J'annule le geste de ma main vers elle qui voulait vérifier et me replace dans le lit toujours en quête de l'insaisissable Morphée.
Depuis l'annonce de notre mariage, je peine à dormir plus de quatre heures. Mes pensées s'insinuent dans mes rêves et m'imposent un monologue intérieur à la frontière de mon inconscient. Sommeil confisqué qui taxe mes nuits de trous. Une fois sorti du lit, mes pensées ont formulé des questions qui s'endettent de doutes. Et quand finalement, lasse, décidé à faire le vide dans ma tête, je me recouche pour imiter le dormeur jusqu'à m'endormir vraiment, j'entends ma femme se lever pour se débattre à son tour avec ses pensées.
Quand j'étais plus jeune, je ne croyais pas au mariage, à l'union ou à la fidélité. Ma conviction était que le mariage était une construction sociale pour éviter les psychodrames et garantir la paix publique. Comment obliger deux personnes à rester ensemble dans un monde et à une époque où le credo qui tapisse nos existences et liberté et désir ? Où l'on peut consommer du sexe et de la frustration par l'entremise de plateformes internet ? Tout, autour de nous, flatte nos bas-instinct ! On peut se cacher derrière sa meilleure tête de linotte pour jouer à l'innocent et faire fi de cette réalité, mais ça ne suffit pas à évincer nos pulsions et leurs stimulations. Ne restait alors qu'à suivre le courant de l'époque et explorer un amour et une sexualité avant de changer de cap. Ce cap m'a mené à elle.
Quand j'ai rencontré Sarah, d'autres filles m'ont fait de l'œil, mais je ne l'ai jamais déshonoré. Car même dans les mauvais moments, qui souvent poussent au vice, son regard savait affranchir mon âme des faiblesses de la chair. L'amour, le vrai, est un chemin que l'on partage. Aucun chemin n'est sans épreuve. Je voyais dans ce partage une coercition. Mais c'est en réalité une voie vers une liberté plus grande.
Mais se marier nous terrifiait. On aurait pu se pacser, j'y ai réfléchi... mais j'y voyais l'occasion de s'unir aux yeux du monde. Cet évènement méritait bien un léger air de solennité.
C'est cet esprit de revendication qui a animé ma demande. Celui de vouloir donner à notre amour toute son ampleur. Peut-être aussi de vouloir dépasser nos passés respectifs, avoir une chance de faire mieux que nos parents et tenir le courage de l'engagement face aux épreuves de la vie ?
Est-ce que mes convictions seront assez fortes pour mettre de côté nos deux histoires personnelles ? Son père s'est suicidé de chagrin à cause de son divorce. Mes parents en concubinage se sont séparés quand j'étais adolescent.
Mais je doute toujours. Elle aussi. Je suis certain de son doute. Il est le reflet du mien. Est-ce que mon choix ne nous a pas enchaîné l'un à l'autre ? Comment ressent-elle le poids de sa bague ?
Notre lune de miel est incertaine, comme tout, au final... Mais je suis avec elle.
Je me décide à aller vers elle et à la serrer tout contre moi. La seule vraie preuve de mon amour et dans la mise à nue de ce que je ressens. Car derrière le doute, il y a le feu. Elle se détend et expire calmement, puis se tourne et m'embrasse. Je sens ses craintes dans son étreinte retenue, puis son feu quand elle libère son corps de ses pensées et s'abandonne dans mes bras.
Lors de ma demande, elle aurait pu me répondre : « Non, c'est une mauvaise idée ». J'aurais accepté et compris son refus. Mais elle m'a regardé en pleurant et répondu oui. J'ai vu dans la rondeur de ses pupilles brillantes, qui m'a fait l'effet du voile lumineux de l'astre solaire qui pose l'aurore sur le monde, le même désir farouche que le mien. Ce regard disait « oui, partons à l'aventure ».
Je frotte la sueur de mes paupières et regarde les courbes de ma femme couchée dos à moi. Sa robe blanche contraste avec son teint hâlé et ses cheveux sombres. Elle respire lentement, son ventre se gonfle sur le rythme du sommeil, mais je doute qu'elle dorme. J'annule le geste de ma main vers elle qui voulait vérifier et me replace dans le lit toujours en quête de l'insaisissable Morphée.
Depuis l'annonce de notre mariage, je peine à dormir plus de quatre heures. Mes pensées s'insinuent dans mes rêves et m'imposent un monologue intérieur à la frontière de mon inconscient. Sommeil confisqué qui taxe mes nuits de trous. Une fois sorti du lit, mes pensées ont formulé des questions qui s'endettent de doutes. Et quand finalement, lasse, décidé à faire le vide dans ma tête, je me recouche pour imiter le dormeur jusqu'à m'endormir vraiment, j'entends ma femme se lever pour se débattre à son tour avec ses pensées.
Quand j'étais plus jeune, je ne croyais pas au mariage, à l'union ou à la fidélité. Ma conviction était que le mariage était une construction sociale pour éviter les psychodrames et garantir la paix publique. Comment obliger deux personnes à rester ensemble dans un monde et à une époque où le credo qui tapisse nos existences et liberté et désir ? Où l'on peut consommer du sexe et de la frustration par l'entremise de plateformes internet ? Tout, autour de nous, flatte nos bas-instinct ! On peut se cacher derrière sa meilleure tête de linotte pour jouer à l'innocent et faire fi de cette réalité, mais ça ne suffit pas à évincer nos pulsions et leurs stimulations. Ne restait alors qu'à suivre le courant de l'époque et explorer un amour et une sexualité avant de changer de cap. Ce cap m'a mené à elle.
Quand j'ai rencontré Sarah, d'autres filles m'ont fait de l'œil, mais je ne l'ai jamais déshonoré. Car même dans les mauvais moments, qui souvent poussent au vice, son regard savait affranchir mon âme des faiblesses de la chair. L'amour, le vrai, est un chemin que l'on partage. Aucun chemin n'est sans épreuve. Je voyais dans ce partage une coercition. Mais c'est en réalité une voie vers une liberté plus grande.
Mais se marier nous terrifiait. On aurait pu se pacser, j'y ai réfléchi... mais j'y voyais l'occasion de s'unir aux yeux du monde. Cet évènement méritait bien un léger air de solennité.
C'est cet esprit de revendication qui a animé ma demande. Celui de vouloir donner à notre amour toute son ampleur. Peut-être aussi de vouloir dépasser nos passés respectifs, avoir une chance de faire mieux que nos parents et tenir le courage de l'engagement face aux épreuves de la vie ?
Est-ce que mes convictions seront assez fortes pour mettre de côté nos deux histoires personnelles ? Son père s'est suicidé de chagrin à cause de son divorce. Mes parents en concubinage se sont séparés quand j'étais adolescent.
Mais je doute toujours. Elle aussi. Je suis certain de son doute. Il est le reflet du mien. Est-ce que mon choix ne nous a pas enchaîné l'un à l'autre ? Comment ressent-elle le poids de sa bague ?
Notre lune de miel est incertaine, comme tout, au final... Mais je suis avec elle.
Je me décide à aller vers elle et à la serrer tout contre moi. La seule vraie preuve de mon amour et dans la mise à nue de ce que je ressens. Car derrière le doute, il y a le feu. Elle se détend et expire calmement, puis se tourne et m'embrasse. Je sens ses craintes dans son étreinte retenue, puis son feu quand elle libère son corps de ses pensées et s'abandonne dans mes bras.
Lors de ma demande, elle aurait pu me répondre : « Non, c'est une mauvaise idée ». J'aurais accepté et compris son refus. Mais elle m'a regardé en pleurant et répondu oui. J'ai vu dans la rondeur de ses pupilles brillantes, qui m'a fait l'effet du voile lumineux de l'astre solaire qui pose l'aurore sur le monde, le même désir farouche que le mien. Ce regard disait « oui, partons à l'aventure ».
Ça revient à la mode, voyez-vous 😀