Les larmes inutiles

Toute histoire commence un jour, quelque part et se termine bien ou mal des fois, comme pour Chimène, ma fille. Ce matin, j’ai pleuré et versé des torrents de larmes, mais le mal est fait.
« Chimène ! Chimène ! Pardonne-nous, ta mère et moi. Si le temps était réversible, nous ne permettrions pas que cela t’arrive » criais-je, le visage inondé de larme, au pied de Chimène.
Elle a l’air rechigné, Chimène, contrarié par l’indifférence de sa mère peut-être, qui ne se morfondait pas et ne réagissait pas non plus. Après quelques instants de lamentations, je me suis approché du divan pour voir de près ma femme. J’ai, à peine envoyé mes mains et, « vrrr » le Smartphone, dernier cri, de ma femme siffle sous mon oreille. Un seul mouvement de peur me serait fatal.
« A cause de toi, ma vie est fichue, celle de ma fille est détruite, hurle-t-elle. Oui à cause de ça ! whatsapp m’a tué, whatsapp m’a étranglée. Je suis morte, je suis enterrée. Ma fille ramasse-le et brûle-le, je n’en ai plu besoin. Je ne voudrais plus te faire perdre ta chance, ta vie comme cela a été aujourd’hui... patati-patata ».
Je me suis relevé. Tellement, elle se débâtait, on dirait qu’elle était en combat avec le mal qui s’était produit. Finalement, avec l’aide de Chimène nous avions pu la maîtriser pour qu’elle ne s’arrache pas tous ses cheveux. Ses sanglots ont attiré les voisins qui se sont précipités sur la cours. Je ne sais quel diable a appelé mon père et le voilà!
« Sylvestre, que se passe-t-il ? Où sont tes enfants ? me demande à plusieurs reprises avec insistance, mon père. Jean ! Chimène ! Que se passe-t-il ? »
J’ai entonné une chanson mélancolique que mon père a eu l’amabilité de finir avec moi. Etait-ce pour calmer les esprits ou pour avoir le courage de dire enfin la vérité à Chimène, qui avec son frère Jean étaient les seuls à n’être pas au courant de la cause réelle du malheur du jour. Je ne sais plus. Etait-ce la faute à sa mère ou la mienne ? Je ne sais non plus. Mais tôt ou tard elle le saurait et voilà ce qui devait lui faire connaître la vérité était là.
Je me suis nettoyé le visage et commencé par demander pardon. Pardon que rejettent Chimène et son frère, me pressant de dire ce qu’il y avait de secret, ce qui nous hantait. Mon père qui sut ce que je vivais à l’instant là, me donnait courage par ses mots parce qu’il avait connaissance d’une partie de l’histoire. Enfin je repris mon souffle et ça y est.
« Mes enfants, voyez-vous les cicatrices sur le visage de Chimène, c’est une faute de notre part, votre mère et moi ». Ils veulent poser des questions mes la rapidité dans l’enchaînement de mes phrases les interrompt.
« Il y a de cela, treize ans qu’un accident qui nous est fatal aujourd’hui s’est produit. Ce jour-là, son premier anniversaire, la joie d’être père et mère nous animait. Au lieu de me concentrer huit heures de temps au service et revenir tranquillement savourer le repas que ma tendre et grasse femme aurait préparé, j’ai préféré être en communication avec elle toute la journée. Oui par whatsapp, nous communiquions par whatsapp. Je me rappelle parfaitement de la dernière phrase que j’ai envoyée, à dix heures vingt huit minutes, avant de recevoir le coup de fil m’annonçant le désastre, la catastrophe, le malheur. Bébé, pour ce soir serait très spécial, avais-je écrit et trois minutes après c’est des coups de fil. Au premier appel, je n’ai pas décroché. Deuxième, non. Troisième non plus mais une quatrième fois m’a fait changer d’avis et décrocher.
Oui ma puce, qu’est-ce qu’il y a ? ai-je lancé avec une douce et basse voix, un large sourire aux lèvres, mes mains passant et repassant dans mes barbichettes. Lorsque j’ai su que mon interlocuteur était un homme, mon visage a changé.
Très grave, rejoins-nous à Saint Bonaventure tout suite, a laissé entendre la voix et le téléphone fut raccroché.
Je laissé choir mon mobile et d’un clin d’œil je me retrouve au centre médical et qu’ai-je vu ? Le visage brûlé de ma fille. » Là, j’ai marqué une courte pose pour nettoyer les larmes qui s’ébranlaient en avalanche sur ma figure.
« Ce fut la première fois que ma femme m’a appelé par mon prénom depuis que nous nous sommes mariés, poursuis-je. Elle courut et m’étreignit et me cria en larmes : Sylvestre, j’ai tué notre fille. Je l’ai calmée mais non. Elle ne me relâcha pas avant de m’avoir raconté la scène : j’ai préféré mon mobile à ma fille. Je les tenais tous et lisais les messages que tu m’envoyais. Alors que j’étais à la cuisine, l’eau chaude sous les pieds, et que mon téléphone mobile voulais y tombé, j’ai laissé tombé notre fille dans cette eau et sauver le mobile... (Des cris de détresse)... elle est brûlée. Et que dit le médecin ? Ai-je demandé avec un air froid. Qu’il va faire de son mieux, me répondit-elle ». Et par la grâce de Dieu, Chimène a survécu avec ces cicatrices que vous voyez. Celles qui en ce jour constituent un empêchement pour elle de voyager et s’emballer pour nous à cet âge-là.
Même si je considère ce qui s’est passé aujourd’hui comme discriminatoire, la faute nous incombe. Je ne comprends pas comment ma fille ait pu réussir à un concours national d’art oratoire et sa figure l’empêcherait d’aller représenter sa nation à l’échelle mondiale. Non, je ne comprends pas, répétais-je à tue-tête. Ma fille se leva et voulut me gifler.
Là-dessus je reçu un gifle de la part de mon grand frère, que mes cris ont réveillé en cette nuit profonde, et sursautai du lit. Me voilà, ce fut un rêve, un cauchemar.