Les cris d'une femme

Toute histoire commence un jour, quelque part. Ma fille, aujourd'hui, tu es assez grande et tu mérites de savoir la vérité. Vivre c'est accepter les aléas, avoir le visage rivé vers de nouveaux espoirs ; car la vie en elle-même est un vaste océan de mélancolie dans lequel l'homme est spectateur de son propre destin. Ma vie, je ne l'ai jamais compris et ne la comprendrai certainement jamais. J'ai dû apprendre jeune à m'assujettir de mes ambitions et à croire en moi. Je me suis longtemps sentie désemparer, et piéger par mes propres choix. Je me demandais où je devais aller ? Que devrons-nous te raconter ? comment devrons-nous le faire ? J'ai toujours voulu comprendre ma vie. Je me suis toujours demandée ce que j'avais fait pour mériter ce qui m'arrivait, était-ce juste une simple guigne ou une coïncidence. Je me retrouvai prisonnière du désespoir. Aujourd'hui, je suis prise par le poids de l'âge et dans tes yeux, je revois ma jeunesse. Je me sens piégée par le temps, et aujourd'hui, je me retrouve seule à devoir te raconter tout ceci. Il y'a de cela quelques années, mon gynécologue, m'annonça que j'étais stérile. Cette phrase résonne encore dans ma tête comme si c'était hier. Cette phrase qui raisonna dans mon esprit et qui m'avait rendu triste depuis lors. << Je suis désolé de vous annoncer cela, mais après tous les tests que vous avez faits, je dois vous annoncer que vous ne pourriez pas avoir d'enfants. >>, avait-il dit. A l'annonce d'une pareille nouvelle, j'avais vu tous mes rêves de jeune fille se détruire en quelques secondes. Comment serai-je vu par la société ? Que devais-je faire ? Adopter, était-ce une solution ? Devrai-je le faire ? Mais avec toutes les procédures à suivre pourrions-nous y arriver ? Je ne pouvais m'empêcher de me poser toutes ses questions qui inéluctablement hantaient mon esprit. Chaque jour qui passait était comparable à un lourd fardeau que je portais sur le dos ; mes larmes ne cessaient de couler, et mon cœur était meurtri de douleur. Je demandais au seigneur que faire, qu'il nous vienne en aide. Je ne cessais de l'implorer dans l'espoir d'obtenir une réponse un jour. Rien n'était plus emmerdant qu'en temps qu'infirmière de profession, je puisse aider les autres à donner la vie mais ne peux en donner une. Je me rappelai de ma jeunesse pendant laquelle, je pratiquais de multiples avortements et me disais que le moment venu, le seigneur me donnera un enfant. Malgré la vie de débauche que j'avais mené, j'avais eu la chance de rencontrer Patrick, qui me ramena sur la bonne voie. J'étais devenue une épouse dévouée et je voulais aussi être une mère responsable. Patrick ne méritait pas écoper de mes bêtises. Je déambulais sans cesse dans les rues de Douala, à la recherche d'une solution. Chaque jour, je voyais au journal des filles qui accouchaient et jetaient leur rejeton dans la poubelle, des enfants qui se faisaient maltraiter par leurs propres parents. Je ressentais de l'amertume face à tout cela mais je savais aussi que je n'y pouvais rien. Patrick, ton papa, avait toujours été une grande épaule pour moi. Il savait très bien cacher sa douleur et savait trouver les mots justes pour me réconforter lorsque j'étais triste. J'avais eu à un moment l'idée d'adopter un enfant. Une idée que je partageai avec Patrick. Au départ, il n'en était pas ravi et me trouvais impatiente. Il ne fut pas facile à convaincre car il croyait fermement que nous arriverions un jour à faire un enfant. Un matin, je me revoyais comme chaque jour, pensive et perdue dans l'espoir que le Dieu répondra à mes prières. J'étais en retard ce jour-là. Je travaillais à l'hôpital central de DOUALA. Je décidai d'en reparler avec lui. Après un baiser sur la joue de mon mari, nous entendîmes sonner à la porte. Je me dirigeai vers la porte à pas nonchalant, tout en songeant à ce que je venais de dire à Patrick. J'espérais vraiment qu'il puisse penser à ce que je lui avais dit. Je serai très heureuse qu'il accepte mon idée car enfin je pourrais être maman. Ma joie ce jour était immense face à la découverte que je venais de faire. Je ne pus m'empêcher de crier à voix haute le nom de ton père. Je ne pouvais croire ce que je voyais : un panier. Oui, un panier de bébé, dans lequel se trouvait une petite fille. Je sautai de joie face à cette découverte. Peut-être existe-il vraiment un Dieu sur cette terre. Comment cela est-ce possible ? qui a pu savoir que nous étions à la recherche d'un bébé ? je ne pouvais m'empêcher de me poser toutes ses questions. J'attendais que Patrick puisse descendre et vienne te voir. J'espérai vraiment que cette découverte allait le convaincre et qu'il devait accepter qu'on t'adopte. A son arrivée, il fut tout autant surpris et émerveillé que moi.il hésita un moment puis il me dit de prendre le panier et le mettre dans la maison. Nous nous demandions ce que nous allions faire. Quand bien même nous fumes étonnés de l'être qui pouvait avoir mis le panier, Patrick pensait que c'était mieux que nous suivons la procédure légale et allons te déclarer. Nous devons nous rendre au service sociale avec toi. Je n'étais pas d'accord avec l'idée de Patrick, j'avais peur de te perdre. Je me demandai ce que nous ferions puisque nous étions à la recherche d'enfants. Que devons-nous faire mon Dieu ? cette interrogation me hantait l'esprit. Mais je savais que c'était la meilleure des solutions. Voyant ma joie s'estomper, Patrick s'approcha vers moi pour me rassurer tout en me faisant un câlin et il me demanda d'un ton délicieux de ne pas m'inquiéter, le seigneur ne t'enlèvera par à nous. Et si t'adopter restait la seule option, nous ferons le nécessaire et suivrons la procédure, m'avait-il promis. Après tout, je savais qu'il avait raison. Soudain quelque chose attira mon attention, tu portais un médaillon autour du cou. Nous nous demandions si ce n'était peut-être pas tes parents biologiques qui te l'avait mis. Beaucoup de questions nous taraudait l'esprit. Malgré tout cela, je dus me rendre au boulot tandis que Patrick alla prendre des informations. J'attendais impatiemment de pouvoir rentrer à la maison afin de savoir si Patrick avait réussi des informations te concernant. A mon retour du boulot, il n'était pas encore rentré. Je ne pouvais fermer les yeux sans savoir ce qui lui avait été dit. Je fus arrachée de mes pensées par la sonnerie. J'espérais sincèrement que ce soit Patrick. Alors je me dirigeai vers la porte impatiente du verdict, lorsque Patrick me racontait qu'il s'est rendu au service social et il n'avait rien vu te concernant. Ils ont fouillé tous leurs documents et même appeler les hôpitaux de la ville mais peine perdu. C'est comme si tu étais tombée du ciel. Ils voulaient te placer dans un orphelinat. Je n'étais pas d'accord face à cela ça faisait bientôt 7ans que nous essayons de faire les enfants. Nous avons fait de multiples examens. Mais aucun médecin ne trouvait de solutions pour nous. Nous avons enfin l'occasion d'avoir un enfant. Patrick avait peur qu'un jour tes géniteurs arrivent et veulent te récupérer. Je le rassurai que le moment venu nous saurons quoi faire. Je le convaincus d'accepter ma proposition. Je lui rappelai qu'il m'avait promis que si nous avons la possibilité de t'adopter nous le ferons. Je n'arrivais pas à fermer les yeux car ton image me hantait encore l'esprit. J'espérais de tout cœur que Patrick puisse accepter mon choix. J'attendais impatiemment le lendemain afin de pouvoir savoir la décision de to papa. Le lendemain, à son réveil, Patrick m'annonça qu'il acceptait que nous puissions t'adopter. Je fus saisi d'une joie tellement immense semblable à nulle autre pareil. Nous nous sommes rendus dans tous les services recommandés afin de pouvoir suivre les procédures légales d'adoption. Heureusement, nous n'avons rencontrés aucun problème. Après deux semaines, ton adoption nous avait été finalement accordé. Je pouvais le dire haut et fort maintenant : Je suis Maman. Nous te prîmes et nous nous rendîmes à la maison. De retour à la maison, Patrick s'approcha de moi et me demanda de proposer un nom. Il proposa qu'on puisse t'appeler Eléonore tout comme moi. Mais je me souvenus que sur ton médaillon, il y était inscrit un nom : ESMERALDA. Ce nom me plaisait bien car je savais que ça signifiait en espagnol << émeraude>>. Je proposai à Patrick, il accepta. Nous te nommons donc : ESMERALDA, notre pierre précieuse. J'avais enfin accompli mon rêve d'être maman. Nous n'étions peut-être pas tes géniteurs mais pour nous, tu valais plus que notre vie, nous étions prêts à te donner tout notre amour. J'avais à présent une vraie famille celle que je n'avais jamais eu. Oui ma famille. Mme Johnson, réveillez-vous ! Que s'est-il passé Patrick ? Tu t'es endormi pendant le film. Je n'arrive pas à croire que tout cela n'était qu'un rêve. Je me suis laissée emporter par le feuilleton, qui éveilla mon imagination. Etait-ce juste un appel à l'espoir. Celle que j'avais perdu, il y'a fort longtemps. Peut-être… Une chose reste certaine un jour je serai maman.