L'enfant prodige

Au bord du fleuve, j'ai planté des fleurs, au cœur d'un jardin. Là chaque jour, le guetteur des mots surgit pour donner voix à la poésie moderne, bon vent à la plume que j'envie! Enseignant ... [+]

Toute histoire commence un jour, quelque part. La mienne se passa autrefois, en pays Haoussa, dans une contrée du Niger, précisément à Maradi, naquit un tout petit garçon que les habitants surnommèrent << Tchékine>>. En ce temps là, le roi, Abdedine y régnait. Cet enfant venait au monde, le même jour que le fils du roi de 6 ans disparut. On a beau cherché dans les feuillages, les buissons, aussi dans les royaumes environnants, mais c'était peine perdue.
<< Quelle misère! Quel mystère!>>, se disait toujours le roi.
Donc à neuf ans,l'enfant Tchékine savait interpréter les rêves. Entendu cela,le roi Abdedine dépêcha ses hommes pour le faire ramener dans son palais. Depuis ce jour, l'enfant vécut définitivement chez sa majesté. Ses parents n'étaient jamais allés se plaindre d'ailleurs, de toute façon, ne reçurent-ils pas les bienfaits du roi, chaque jour que Dieu fait? Ce n'est pas cette vie qui frappe à l'œil, aussi décente soit-il, qui nous dira le contraire.
Tout commença l'année où Tchékine eut ses seize ans. Il est grand maintenant, solide et très charmant. Effectivement, toutes les femmes qu'il croisait, succombèrent à son charme. Cependant, en ce vendredi du mois de ramadan, le roi Abdedine avait eu un rêve. Dans ce rêve, le roi se voyait acclamer par tous ses sujets, tout en étant assis sur son trône implorant correctement le seigneur. Subitement, sa majesté rassembla tout le monde et fit appel d'abord à tous ses charlatans et autres adorateurs divins mais en vain, d'aucun ne trouva solution au problème du roi. C'est alors qu'arriva Tchékine, encore splendide était-il.
__ Que dis-tu mon enfant de ce rêve ? Fit le roi premièrement s'adressant à Tchékine.
__ Oh,mon roi! Fit-il en s'avançant à pas feutrés, promettez-moi de ne point douter de ma réponse, pas un seul instant?
__ Oui, je te le promets,mon enfant. Alors je t'écoute...
__ Oh! Grand roi des rois, ce rêve nous dira que le temps viendra où toi et ton peuple prospérerez certainement, continua-t-il dans un ensemble en soie que l'on voit parfois en terre arabe. Certainement... Mon roi, ce jour sera où tout le monde s'aimera et travaillera en même temps. Tchékine voulut s'arrêter quand le roi lui fit signe de poursuivre. Il divulgua sans plus tarder:
__ Et bien son excellence, cet instant arrivera au même moment que ton fils fera son retour au palais. Tchékine finissait ces termes en baissant le ton.
__ J'attendrai ce moment avec impatience... Fit le roi en caressant la tête de zébu qu'il y avait sur sa canne.
Des années passèrent, et entre temps,la cousine directe du roi tomba follement amoureuse du jeune Tchékine. Ils avaient le même âge, et elle ne savait quoi faire. De fois, quand Tchékine passait, elle baissait la tête en guise de soumission et de respect total. Cette jeune dame répondait au nom de Daridjo, tout simplement parce qu'elle est née juste après des jumeaux, et comme la tradition l'exigeait, les gens l'appelèrent ainsi, elle en était fier d'ailleurs. Il n'y a quoi de plus charismatique que de s'aventurer dans les rêves.
Voici la première lettre d'amour que reçut Daridjo de la part de l'enfant Tchékine. C'était le petit matin, elle la lut sans perdre le temps:
<< Tous les jours quand je prends les chemins des roses,je me souviens de ton parfum comme on sent l'arôme dans le vin.
Souviens-toi sous un soleil couchant, tu me fais tes premiers gestes d'amour.
Ah! Le fameux jour où tu m'as séduit et je te suis reconnaissant,
Souviens-toi, Daridjo, le soir, dans les couloirs éclairés, je te conte mon histoire, en te disant tout bas, quand et comment je t'aime.
Libre de pouvoir te dire encore que par tous les temps, l'amour nous est mystérieux, nous ferons mieux de le vivre sous peu, à jamais, comme dans les nains de San Antonio!
Ton fidèle confident, Tchékine!

Daridjo referma le papier en souriant. Elle était aussi d'une grandeur splendide; toute son âme inspirait la confiance et une certaine bienfaisance. Elle était de genre de femmes qui s'adonnait pas aux futilités, et elle savait tout de même qu'elle pourrait compter sur son amour éternel.
Un soir, c'était à la mi-mars, le roi Abdedine convoqua Tchékine à son conseil de ministres:
__ Tu vois mon fils, avança primo le roi. Il est grand temps que je te nomme chef des armées de mon empire...
__ Votre honneur, mon roi, mais pas maintenant...
__ Qu'y a-t-il, mon enfant? De quoi as-tu peur, dis-moi ?
Tchékine avança de quelques pas tout hésitant et en même temps, il a lâché :
__ Bien sûr mon roi, sans vous contrarier, dans peu de temps, votre vrai enfant reviendra au palais...Donc vous voyez ce que je veux dire...
__ Ah! Tu parles de Raman?
__ Bien sûr mon roi...
__ Viens dans mes bras, fit le roi en l'attirant vers lui. Je te considère aussi comme mon fils... Ne t'en fais pas mon enfant, prends cette armée en mains, ne dis pas non...
__ D'accord mon roi, c'est un grand honneur pour moi, merci bien père...
__ Voilà c'est ce que j'aimerai entendre. Que ce soit noté dans les archives sur le champ, ordonna finalement le roi Abdedine. Et en même temps, les scribes se jetèrent sur les peaux confectionnées, on dirait des mouches, aussitôt dit, aussitôt fait! Que la volonté divine soit satisfaite dans les brefs délais.
Six ans passèrent, des années durant lesquelles, l'armée de Tchékine connut la gloire. Elle remporta victoire sur victoire. Les royaumes, les plus solides, les tours, les plus gardés; tous tombèrent, mêmes les armées fortes solitaires, les guerriers de l'espace, succombèrent. Il n'y restait qu'un seul roitelet pour pouvoir boucler le secteur définitivement. C'était le royaume de Tirmini. Jamais vaincu de son côté ; il se situait dans les montagnes sacrées, ses portes étaient jalousement gardées par une forte armée, dirigée par Gakoy allias << le gladiateur>>.
Dès la veille de la bataille, le roi Abdedine dépêcha une lettre au royaume de Tirmini. Le roi, Kouka l'ouvrit et la lut précipitamment :

Venez en nous, en toute soumission, afin d'éviter toute dévastation,
Oh! Grand roi des rois...

Malgré le public, le roi Kouka sourit un peu. Par ailleurs, son peuple aussi était émerveillé de cet état de fait. Chose le surprenait le plus, était de croire à l'instant même que le grand roi Abdedine puisse le considérer aussi comme un grand parmi les rois. Chose à laquelle le roi Kouka ne s'attendait vraiment pas . Le lendemain matin, il lui remit la réponse :

Oh! Merci de cette considération, mon roi, mon ami. Compte tenu de la situation actuelle, je vous propose un combat légal. C'est à dire un combat entre les deux commandants de nos armées respectives; ton fils Tchékine et Gakoy, le mien.

Entre temps, le roi Abdedine réfléchissait longuement, après un vendredi soir, il annonça la date de leur confrontation. Les deux guerriers se placèrent au cercle formé par les deux armées adverses. Ce n'était qu'à la prise de position de Tchékine et Gakoy pour s'affronter que le roi Abdedine reconnut son fils Raman par la cicatrice qu'il avait sur la joue droite. Donc Gakoy n'était pas son vrai nom. Aussitôt,il l'appela par son vrai nom:
__ Raman!
Lui de sa part, se retourna, il l'a vu, tous deux se reconnurent en même temps, comme dans les contes de fées. Ils se serrèrent longuement, après quoi, le combat fut annulé. Tout le monde fut stupéfait, l'on s'attendait à un corps à corps, sans pitié, ni pardon, entre les deux grands guerriers de l'époque. Lorsqu'ils furent tous les trois réunis dans le palais royal, la discussion battait son plein:
__ Mais mon fils, introduisit le roi Abdedine, je t'ai cherché partout. Oui, même dans les châteaux délaissés, et en vain.
__ Père, fit Raman en prenant appui sur le trône, je me suis réfugié chez les dévastateurs. Bien sûr, aux côtés du roi, Kouka...
Tous ces gens riches ou pauvres sortaient de nulle part, afin de féliciter le roi. Ce n'est que dans l'après-midi où les vraies festivités prirent place. Les autochtones jaillissaient de partout pour pouvoir assister aux deux cérémonies nuptiales qu'offrait la cour royale.
__ C'est vrai, reprit Tchékine aisément. Pendant tout ce temps,j'étais aux côtés de notre roi...
__ Dis simplement notre père, lui interrompit Raman en s'avançant davantage vers le vaillant Tchékine.
Alors le roi Abdedine fit appel à la jeune Roukaiya qui tomba dinguement amoureux de Raman.
Effectivement, les deux noces furent célébrées proprement, et dorénavant, la royauté fut confiée aux deux princes guerriers. Raman contrôlait l'est et Tchékine devait s'occupait de l'extrême Ouest. Ça tombait à pic, car le royaume était traversé par un grand fleuve très clair.
Ainsi, ce royaume Haoussa connut son apogée pendant des décennies, avant le jaillissement des guerres intestines.