Le beau comme effet d'écran

Toute histoire commence un jour, quelque part. C’est le cas de celle d’un jeune homme dénommé Angounda qui, un jour aux environs d’Epounou éprouva le vif désir de raconter à ses amis certains faits relatifs aux apparences, lesquelles pour lui, s’avèrent le plus souvent trompeuses. Cela pour autant dire que nombreuses choses qui se présentaient devant lui, l’empêchaient d’explorer l’objectivité en raison de leur opacité. Ce désir grandissant finit par devenir avec le temps une véritable passion pour le jeune homme Angounda. Son lyrisme l’instigua à fournir un symbolisme très intéressant de par quelques expressions : ‘’ Comme Mi yama’’, ‘’ Le beau comme effet d’écran pour le bien’’...
Il relata à ses amis que les beaux discours comme ceux des hommes politiques pendant les campagnes électorales, la beauté que présentent certaines femmes, la gentillesse des personnes hypocrites, l’hospitalité ou la bienveillance... bref certains comportements constituent la ‘’forme’’ qui n‘est pas toujours le reflet du ‘’contenu’’ c’est-à-dire un arbre qui cache la forêt.
De par son expérience riche, il comprit les contours aussi complexes que vastes du rapport entre la forme des choses et leur contenu (ce qui se cache ou se trame derrière).
Après avoir été victimes à plusieurs reprises dans ses rapports sociaux, il s’était ressaisi un jour pour se poser certaines questions cruciales : Est-ce qu’être gentil ou gentille signifie avoir un bon cœur ? Manifester la générosité veut-il dire disposer de l’amour ou de la bonté ? Certaines aumônes offertes aux pauvres par les riches ne sont-elles pas le produit de l’orgueil ? N’avons-nous pas besoin de cerner l’intention(ou la motivation) avec laquelle une action (acte) bonne ou mauvaise est posée ?...
En effet, il manifesta sa tristesse et sa déception après avoir constaté que nous vivons dans un monde où l’hypocrisie et le mensonge dans tous ses aspects ne cessent de narguer les valeurs morales susceptibles d’instaurer l’harmonie des rapports sociaux. Ceux qui se croient les plus importants ou les plus forts font des ‘’dons’’ avec condescendance et ostensiblement en mobilisant la presse montrant qu’ils sont généreux. Ceux qui se disent les plus civilisés sont les mêmes qui occasionnent les guerres à travers diverses contrées de notre planète. Celles qui sont belles malheureusement présentent des comportements néfastes. Les gouvernements sont censés travailler à priori pour le bien de leurs peuples, mais nombreux sont ceux qui fournissent de beaux projets et discours pour servir les intérêts égoïstes en passant par la corruption et l’égocentrisme. Triste était pour lui de remarquer la présence fréquente des leurres que nos confrères, nos partenaires, nos amis établissent pour nous induire en erreur fatale. Tellement trahi, grugé et abandonné à lui-même, Angounda pense et affirme que le flanc apparent d’une montagne nous livre au mirage et que l’illusion (tromperie) est une arme avec laquelle les hypocrites tuent leurs semblables. Ils emploient les moyens qui sont comparables à une belle montagne (le mal embelli) qui empêche aux autres une lecture objective de la vérité(le bien) : Le beau est assimilé à un effet d’écran pour le bien. Les méchants ont depuis toujours déployé plusieurs stratégies malicieuses mettant autrui en danger pour grimper les échelons de la gloire personnelle ou de leur patrie. Aussi le jeune homme voudrait –il, par rapport à ce qu’il a retenu de son vécu, que tous les lecteurs de son expérience abattent toute sorte de rêverie faisant d’eux les proies des hommes-prédateurs, lesquels sont permanemment rusés pour exploiter leurs semblables.
L’amertume dans son âme, Angounda proféra des expressions dont l’ensemble constitue une littérature à part entière.
Selon lui, la duplicité est un vice que l’on pourrait considérer comme tant d’autres fléaux qui minent nos yeux. Aussi souligne-t-il-que la malice est vieille à l’instar du monde dans lequel nous vivons. Le jeune homme prit de son gré l’initiative de consulter un vieux du village Epounou. Le vieux Mwanza reçut hospitalièrement ce garçon curieux et partisan de la non-violence. Le vieil homme posa alors la question à Angounda : « Que puis-je faire pour toi mon cher fils ? »
Le jeune homme lui présenta avec cohérence la dépravation des mœurs régnant dans la société actuelle avec une ampleur particulière. Ensuite il demanda à ce vieux : « Que doit-on faire face à cela pour pouvoir apporter une approche de solution ? ». Le vieux Mwanza regarda le jeune Angounda droit dans les yeux et dit : « Applique ce qu’avait dit Gandhi le philosophe indien : Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Disposant d’un esprit remarquablement fin, Angounda appréhenda la profondeur du langage concis de son interlocuteur. Avec les moyens modestes à sa possession, il créa une association des jeunes qui devaient se rencontrer suivant un programme établi. Tous ces jeunes auront un espace de débats relatifs aux réalités de la vie quotidienne. L’objectif en est d’éclairer d’abord leurs propres consciences et de communiquer leurs conclusions salutaires aux membres de leur société. C’est de cette manière qu’Angounda et ses amis ont toujours travaillé pour l’équilibre sociétal et ont compris que même s’ils se retrouvent dans un monde où les désirs des cinq sens de la vie emportent beaucoup de personnes, ils ne doivent faire que des choix avec lesquels ils peuvent vivre.