Il y a longtemps sur la Terre,
Scintillaient des lucioles jaunes.
À force de snifer l'ozone,
Toutes pétaient le feu
... [+]
Gîte du Goutarou, le 21 décembre 2112
Moi, à la base, j'étais pas pour. Il était pas loin de minuit, j'étais fatigué par la rando-raquettes, je voulais aller me coucher, mais bon... comme tout le monde avait l'air d'être d'accord et torché (il faut bien l'avouer, on ne fête pas les 40 ans de Céline avec du sirop de grenadine), j'ai accepté de faire une partie de Loup-garou pour finir cette folle soirée au gîte du Goutarou, gîte complètement perdu au fin fond d'une forêt sur le plateau du Vercors. Jusque-là, rien de bien méchant me direz-vous, encore que, Loup-garou, minuit et forêt dans la même phrase, ça commence un peu à frissonner dans les chaumières non ? Le principe du jeu du Loup-garou n'est pas bien méchant non plus : il s'agit d'éliminer les Loups garous qui se cachent parmi vous avant qu'ils vous bouffent. Non bien sûr, c'est pas pour de vrai car c'est un jeu, un jeu de rôle, enfin c'est ce que je croyais... jusqu'à ce que... Mais je vais trop vite, je n'ai pas encore parlé du décor, ni de mes onze compagnons d'infortune de cette nuit un peu... bizarre (oh ! le teasing de taré !)
Moi, à la base, j'étais pas pour. Il était pas loin de minuit, j'étais fatigué par la rando-raquettes, je voulais aller me coucher, mais bon... comme tout le monde avait l'air d'être d'accord et torché (il faut bien l'avouer, on ne fête pas les 40 ans de Céline avec du sirop de grenadine), j'ai accepté de faire une partie de Loup-garou pour finir cette folle soirée au gîte du Goutarou, gîte complètement perdu au fin fond d'une forêt sur le plateau du Vercors. Jusque-là, rien de bien méchant me direz-vous, encore que, Loup-garou, minuit et forêt dans la même phrase, ça commence un peu à frissonner dans les chaumières non ? Le principe du jeu du Loup-garou n'est pas bien méchant non plus : il s'agit d'éliminer les Loups garous qui se cachent parmi vous avant qu'ils vous bouffent. Non bien sûr, c'est pas pour de vrai car c'est un jeu, un jeu de rôle, enfin c'est ce que je croyais... jusqu'à ce que... Mais je vais trop vite, je n'ai pas encore parlé du décor, ni de mes onze compagnons d'infortune de cette nuit un peu... bizarre (oh ! le teasing de taré !)
Je profite de cette pause pour jeter une bûche dans la cheminée et un œil par la fenêtre. Les points rouges ont disparu. Le jour n'est toujours pas levé, la nuit se fait un sang d'encre, le vent frimeur, lui, n'est pas couché, et il neige comme moutons qui volent. Bref on n'est pas sorti de l'auberge, enfin du gîte du Goutarou. Pour le côté éco-rustico-tranquilité des lieux, on est au top : l'accès se fait par la forêt en débouchant sur une clairière au bout de deux heures de raquettes, clairière au centre de laquelle se trouve le gîte, ancienne bergerie adossée à un énorme rocher, le réseau 8G ne passe pas bien sûr, l'électricité est aux abonnés absents et les toilettes sèches ne le sont plus. Sinon, la forêt est magnifique, beaucoup de grands sapins, de petits sapins et encore de grands sapins. A moins que ce ne soit des épicéas... vous savez quand les pommes de pin ont la tête en bas. C'est apparemment, d'après ce qu'ils disent à l'office de tourisme du coin, une des plus grandes forêt d'Europe après les incendies du 21ème siècle. Il y avait encore jusqu'en 2070 la grande forêt polonaise mais elle a été rasée pour laisser la place aux GPE/GPS (Giga Parcs Eoliens et Solaires). La bougie va bientôt s'éteindre et c'est la seule qu'on ait trouvée dans la baraque. Une vieille bougie noire qui traînait dans une niche du mur accolé au rocher. Elle a donc tout naturellement trouvé sa place sur le cake d'anniversaire de Céline. Je continue d'écrire sur mon téléphone, ça me rassure. J'ai l'air détendu mais j'en mène pas large. Même si je suis maintenant tout seul dans la boutique, je commence à parler à voix haute. Je crois que c'est pour couvrir le vent siffleur qui fait craquer la charpente. Heureusement cette bâtisse tient la route, elle a tenu bon durant cinq siècles, il n'y a pas de raison qu'elle s'envole cette nuit. Il paraît qu'à l'époque c'était le repaire d'un nécromancien dresseur de loups. La légende parle même des douze loups de minuit ! Tu parles d'une légende pour balader le touriste en mal de sensations fortes ! Moi je crois que c'était plus des bobards pour enfant pas sage... "Mon petit Baptiste, si tu ne veux pas manger ta soupe, c'est le vieux sorcier du Goutarou qui viendra le faire..." Ha ha ! Combien de bols de soupe engloutis, de purées de topinambour ingurgitées, de saucisses pur porc engouffrées grâce à ce stratagème ! Tiens, en parlant de ça, les émotions ça creuse, je vais goûter ce fameux cake aux pommes, que tous ont apprécié. Même que Véro, pour me convaincre d'en manger, a cru bon m'en couper une petite part. Que nenni ! La cire noire qui coulait sur le cake, moi, ça m'a coupé l'appétit. Pourtant je lui avais bien dit à Céline de ne pas souffler trop fort sur la bougie.
Pas mauvais ce cake finalement...
Pas mauvais ce cake finalement...
Céline... c'est la première qui a disparu. C'était au premier tour du jeu du Loup-garou, on avait tous les yeux fermés sauf elle qui était le maître de jeu. Quand on les a ré-ouverts, elle avait disparu, comme par enchantement. Plus de Céline... Son copain Paul, connaissant bien sa marmotte, déclara alors qu'elle avait dû monter en douce se coucher. Puis sans s'inquiéter outre-tombe, il prit sa place en tant que maître de jeu et la partie se poursuivit normalement jusqu'au tour suivant. Là c'est Paul qui disparut ! Même scénario, même effet de surprise ! Bon, à ce stade-là, on s'est douté qu'il y avait anguille sous roche, mais connaissant bien les deux tourtereaux, Antoine supposa qu'ils avaient mieux à faire là-haut dans le dortoir. On a donc tous pensé qu'il y avait anguille sous couette. Ensuite, après une tournée de Chartreuse pour nous remettre dans le bain, nous voilà repartis à traquer les loups sous la houlette du nouveau maître de jeu, Antoine. La traque n'a pas duré longtemps car ce dernier a dû interrompre la partie au cinquième tour pour Véro qui n'est jamais revenue des toilettes situées dehors, derrière le gîte. Antoine est bien sorti la chercher mais il est revenu bredouille. Au bout d'un moment, dans la ferveur générale (tout le monde appelait Véro en tapant des mains sur la table), je montai quatre à quatre les marches du grand escalier en pierre qui mène au dortoir. J'avais un pressentiment. Sans ménagement, j'ouvris grand la porte. Je fus soudain cueilli par un froid glacial et un rayon de lune pénétrant dans la pièce par la lucarne qui était ouverte. C'était un chien assis (pour ceux que les détails architecturaux intéressent). Je la refermai aussitôt puis scanai méticuleusement les coins de pénombre et les lits avec la caméra infrarouge de mon téléphone. Zut ! Personne ! Les deux tourtereaux n'étaient pas là ! C'est bien ce que je redoutais. Avec trois disparitions, ça commençait vraiment à clocher sévère... Mais je n'eus pas le temps d'analyser la situation car elle devenait plus inquiétante encore : je n'entendais plus rien en bas... Prudemment, aux aguets, je descendis une à une les marches de l'escalier. « Ohé les copains ? Vous êtes là ? » Aucune réponse. Re-zut ! Le rez-de-chaussée était désert aussi... Si c'était une blague, elle était moyenne... Le vent joueur faisait rentrer les moutons volants au bercail, alors je fermai la porte d'entrée qui grinçait, grande ouverte. J'eus le temps d'apercevoir la pleine lune déchirer le manteau nuageux et éclairer une forme humaine dans la clairière. Elle avait l'air de se diriger vers deux points lumineux rouges à peine visibles dans les sapins. La vision fut si fugace que mon cerveau mit du temps à l'imprimer. Vite, en claquant la porte, je me précipitai à la fenêtre pour confirmer la première impression, mais la lune s'étant de nouveau cachée, je ne distinguai plus rien, hormis deux, puis quatre, puis six points rouges dans les bois... Je ressentis soudain le besoin de me rouler en boule par terre et de fermer les yeux.
Je ne crois pas à la sorcellerie, ça n'a jamais existé, ça n'existera jamais !
J'ai chaud. J'ai peut-être de la fièvre.
Pour qualifier ma situation, je ne dirais pas qu'elle est bonne ou mauvaise, elle est un tantinet inconfortable ! Me voilà seul au Goutarou en plein solstice d'hiver, au milieu d'une forêt infestée de bêtes sauvages, lâchement abandonné par des faux amis qui m'ont certainement joué une farce.
Le vent hurleur se moque de moi...
C'est moi le dindon de Noël ! Ha ha ! je ris jaune.
Les points rouges devaient certainement être les feux des bagnoles garées sur une autre piste d'accès, si ça se trouve ils ont loué des motoneiges sans rien me dire, les petits salopiauds ! Et en ce moment-même, ils doivent faire la fête à Villard de Lans... S'ils ne se ramènent pas avec les croissants demain matin, je les bouffe tout cru, façon tartare !
J'ai les crocs !
Je sens la haine hérisser mon échine. Je vois rouge.
Et pour couronner le tout, je n'ai plus qu'un pourcent de batterie... Magnifique ! Je m'en rappellerai longtemps de cette nuit au Goutaaarouuuuuu
Pour qualifier ma situation, je ne dirais pas qu'elle est bonne ou mauvaise, elle est un tantinet inconfortable ! Me voilà seul au Goutarou en plein solstice d'hiver, au milieu d'une forêt infestée de bêtes sauvages, lâchement abandonné par des faux amis qui m'ont certainement joué une farce.
Le vent hurleur se moque de moi...
C'est moi le dindon de Noël ! Ha ha ! je ris jaune.
Les points rouges devaient certainement être les feux des bagnoles garées sur une autre piste d'accès, si ça se trouve ils ont loué des motoneiges sans rien me dire, les petits salopiauds ! Et en ce moment-même, ils doivent faire la fête à Villard de Lans... S'ils ne se ramènent pas avec les croissants demain matin, je les bouffe tout cru, façon tartare !
J'ai les crocs !
Je sens la haine hérisser mon échine. Je vois rouge.
Et pour couronner le tout, je n'ai plus qu'un pourcent de batterie... Magnifique ! Je m'en rappellerai longtemps de cette nuit au Goutaaarouuuuuu
et j'aurais tout autant aimé s'il y avait eu encore plus d'expressions en style "familier".