La mort ne tue pas l'amour

Toute histoire commence un jour, quelque part ou nulle part. Une nuit d’été chaude, assis face à son ordinateur, la lumière de la chambre éteinte, seuls les reflets de l’écran jaillissent et lui transportent le monde avec eux, connecté et même noyé dans cette toile à la taille des océans, techniquement appelée «internet ».
Imad rentre sur un site de rencontres, il aborde les femmes connectées, après un moment un message lui parvenait de la part de l’une d entre elles. Ils font les présentations d’usage et abordent des sujets et les discutent, chacun avec une opinion différente, due à une culture différente.
Lui il est d’Afrique, du nord précisément « Algérie », elle du pays à mille lumières la France.
Elle s’appelle Elodie, d’une beauté angélique, blonde aux yeux bleus immenses, ce mélange de la couleur bleue à l’immensité des paupières lui donne un regard, devant lequel personne ne peut résister à sa noyade, Imad se lance dans le péril de son regard.
Lui il est brun aux yeux noirs d’olive, cheveux noirs corbeaux, d’un charme phénoménal.
Elodie n’a pas pu résister non plus, ils discutaient de tout et de rien, leur relation se développait et devient forte, l’amour se présente sauf que la distance leur causait des rumeurs.
Au fil du temps, Elodie envisage de venir en Algérie afin qu’elle puisse voir son prince charmant et de l’autre côté l’impatience tue Imad, l’attente est pénible mais sa récompense est délicieuse et si l’attente n’aura pas de récompense ?
Ils se sont entendus pour l’été après un long chemin parcouru ensemble sans se toucher ni vivre leur amour concrètement, à la fin du printemps, Elodie commence à faire des démarches pour obtenir un visa pour l’Algérie.
Ils parlaient de ça et de leur rencontre, il leur arrivait de pleurer de l’absence tortueuse de l’éloignement. Elodie dépose et attend la réponse de la part du consulat algérien.
Un SMS lui parvient l’informa de la nécessité de s’approcher du consulat afin de récupérer son visa, elle saute de joie, son rêve est réalisé et elle peut enfin rejoindre sa moitié, elle prend le téléphone et appelle Imad pour l’informer, la joie était au comble, ils viennent de naître, ils ne sont qu'à quelques pas pour réussir leur réunion.
Elodie est absente, elle ne se connecte plus, son portable est éteint , c’est la première fois que cela arrive , Imad s’inquiète.
Le cinquième jour un numéro étranger sonne, Imad répond en pensant que c’était Elodie avec un nouveau numéro et du coup il entend une voix qui lui était étrangère
IMAD : Allo, c’est qui ?
La voix au téléphone : je suis la sœur d’Elodie, elle m’a beaucoup parlé de toi, il faut que je te mette au courant de quelque chose
Imad : tu es Laura , la voix : Oui, en fait Elodie a été renversée par une voiture et elle est au coma, elle a un traumatisme crânien, son état est délicat !
Imad choqué, le monde lui tombe dessus, il parle et il crie, il murmure et il fait tout à la fois, il a juste mal .
Quelques jours la mauvaise nouvelle de la mort lui est parvenue, une dernière photo a été prise à Elodie par Laura
Imad voit une forme cadavérique dont les formes de la vie n’y habitent plus, le sourire coincé au coin gauche de sa bouche est enterré dans une bouche fermée, serrée et bleue, le bleu de ses yeux est couvert de ce rideau de la mort, la beauté est partie et le génie qui sortait de son regard n’est plus, ses éclairs folies ne sont plus de ce monde.
Elle est enterrée sans qu’Imad soit présent, il pleure dans la rive sud de la mer, il crie le mal face aux montagnes, face aux mers et face aux humains, il perd la raison et il sombre dans la tristesse.
Les jours passent, Imad retente la demande du visa, chose vaine, le visa est toujours refusé, il se sent maudit.
Il veut se rendre la bas, pleurer sur son tombeau, le caresser ce tombeau, lui parler pour qu’elle l’entende.
Imad opte pour une solution radicale et périlleuse, celle de traverser la mer clandestinement, il rentre en contact avec un réseau qui s’occupe des traversées, l’argent est payé et la place est réservée, le départ est fixé pour quelques jours, le temps que la mer se calme.
Le jour est arrivé, le moteur de la barque ronfle pour interrompre le silence de l’aube, il débarque avec d’autres jeunes, chacun porte une histoire et envisage un horizon. Imad porte un mal et envisage le vide thérapeutique, sauf elle sauf lui le tombeau, et tout ce qui reste d’elle.
La barque se lance, les heures passent, Imad silencieux le regard dans le vague loin de l’ambiance de ces jeunes qui chantaient pour oublier la peur, l’angoisse de ce monstre bleu qui les entourait de partout.
Du coup une nuage se forme, d’autres se rejoignent et le ciel devient gris, la mer forme des vagues au même rythme que le ciel forme des nuages, la mer devient grise à son tour pour faire un mariage harmonieux du climat à accoucher, les vagues se mettent à monter, la mer devient un tumulte, la barque se lance dans tous les sens et après un petit moment de résistance, les eaux l’envahissent pour s'accaparer de ce bois de fortune et de ses chairs qui y vivent dessus.
Ses malheureux débarqués se jettent dans les crocs de ce monstre infernal , Imad regarde et tend la main , entouré de l’eau froide, il ressent la mort lui venir du large et il regarde le nord, il regarde ce bleu infini qui devient un tombeau sans qu’il réussisse à atteindre le tombeau, celui de la bien-aimée.
Il verse une larme, pas de la mort mais celle de l’amour, il pleure son sort, le malheur de l’amour qui n’a jamais été florissant, la mer le pique de partout et la mer lui devient un tombeau même un cimetière et même une immense larme versée par sa moitié partie d'abord pour qu'il la rejoigne en suite...