L'odeur de l'ail sur ses mains

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Pas besoin de sous Pour être bien Pas besoin de vin Pour être saoul D.A

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Elle attrape une tête d'ail dont elle détache, d'un geste sec et précis, une gousse. Un froissement de soie cassante entre les doigts, un couteau qui surgit et incise la gousse dénudée : l'odeur jaillit, puissante, envahissante. Le couteau s'active, clac clac clac, l'ail est divisé en cubes minuscules, tout s'imprègne de ce parfum fort, épicé, invasif : la planche de bois, le torchon, et surtout ses mains.

Plus tard, alors que l'ail saute dans une huile brûlante et diffuse une chaude et appétissante odeur qui se mêle à celle du plat, elle continue à porter machinalement ses mains devant son nez, appréciant la fragrance, agressive puis plus discrète, qui imprègne sa peau. L'odeur perd peu à peu en puissance ce qu'elle gagne en subtilité. Il exprime le côté cru du petit bulbe, sa fraîcheur, sa franchise surgie de presque rien. Sa ténacité n'est pourtant pas appréciée à l'unanimité.

C'est donc avec un peu de regret qu'elle inspire une dernière fois la senteur familière et rassurante, avant de s'emparer du savon d'acier, dont l'odeur tranchante et inexistante à la fois mettra un terme brutal et définitif à la brève floraison.

Demain, elle fera frire des oignons.

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