« En avril ne te découvre pas d’un fil, mais en mai fais ce qu’il te plaît. » Tu parles, il pleuvait des cordes. Ciel plombé, cinquante nuances de gris, pour être dans le coup. Il ... [+]
Je hais les salles d'attente des médecins. Enfin quand je dis médecins, vous pouvez étendre le champ d'analyse à toutes les professions médicales. C'est donc aussi vrai pour les dentistes, les pontes des cliniques et hôpitaux (vous savez, ceux qui sont parfois en chaussettes derrière leur bureau, d'où l'expression : les pontes déchaussés), les kinés, ostéopathes et autres rebouteux non agréés par la sécurité sociale.
Parlons tout d'abord de la clientèle. Quand vous arrivez, il y a déjà toute une ribambelle de patients qui attendent patiemment (d'un point de vue étymologique, le terme patient doit sans doute venir de là). C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de la salle d'attente, encore plus accentuée chez les spécialistes où vous risquez parfois plus de défaillir d'ennui que de votre problème. D'ailleurs, un bon spécialiste se reconnaît à cela. Si vous ne passez pas un certain temps, voire un temps certain, dans le sas d'attente, fuyez, vous avez certainement affaire à un charlatan ou à un pourvoyeur de pompes funèbres (les nouvelles vont bon train dans le métier). En fait, c'est un peu comme les restaurants, si vous ne connaissez pas, n'entrez jamais dans un restau vide ou justement vous pourriez vous retrouver rapidement après avoir mangé dans une salle d'attente.
Bon, une fois que vous avez trouvé un siège pour vous poser, vous observez les mines de vos voisins. Tous, des têtes d'enterrement. Pourtant, la grande majorité d'entre eux va s'en sortir, c'est statistiquement prouvé. Et c'est encore plus vrai chez les dentistes et les paramédicaux (qui n'ont, pour la plupart, jamais sauté d'un avion) de tout poil. Mais votre propre tête n'est pas forcément plus engageante : phénomène d'osmose ou mal (ha ha) plus profond ?
Ceci-dit, les gens qui sont là peuvent être réellement malades (enfin suivant les salles d'attente). Donc potentiellement contaminateurs en puissance. La salle d'attente est donc un lieu d'où vous pouvez ressortir plus malade qu'en arrivant, sorte d'assurance pour ceux que l'on visite d'avoir toujours du travail. D'ailleurs un petit conseil qui ne coûte rien : si vous avez le choix, évitez le voisinage de toux intempestives : le nombre de virus dégagé dans l'espace cubique et incubateur tout autour est assez impressionnant.
Vous pouvez aussi parfois tomber dans une salle d'attente ou deux personnes se connaissent. Et là c'est un florilège d'échanges sur les maux respectifs (appelés aussi maux croisés par les cruciverbistes). « Et vous, madame Durond, votre grosseur à l'aine, ça va mieux ? – M'en parlez pas monsieur Tarmin, depuis mon fibrome, je m'en sors plus. C'est comme mon mari, il a fait un calcul. Le comble, c'est que c'est plutôt un littéraire... »
Bref, vous avez le droit à un tas de détails parfois intimes qui fleurent bon le sketch. Et ça dure généralement le temps que l'un des deux dialoguistes soit enfin appelé dans le cabinet du toubib.
Parfois la salle d'attente n'a de salle que le nom. Il peut en effet s'agir d'un vulgaire couloir agrémenté de trois ou quatre chaises alignées contre le mur ou d'un hall d'accueil comme dans les services d'urgence. Ces cas de figure vous permettent de voir défiler les flux entrants et sortants. Notons quand même que lorsque vous êtes aux Urgences, vous n'avez pas envie d'attendre votre tour très longtemps et que vous avez fort peu de chance d'y croiser Georges Clooney, même autour de la machine à café.
Restons quand même sur l'hypothèse d'avoir une vraie pièce dédiée à l'attente et attachons-nous maintenant à sa décoration. Ah, la décoration, parlons-en ! Bon ce qui est sûr c'est que les équipes pachydermiques de M6 ne sont pas passées par là. En plus avec leur propension à mettre du noir et du gris un peu partout, ça ne passerait pas forcément très bien ! Les murs sont habituellement neutres et défraîchis. Vieille tapisserie ou antique peinture blanche, crème ou jaune pastel le plus habituellement. Parfois, quelques agrandissements de photos de vacances assez floues prises par le praticien himself pendant ses vacances au soleil tentent vainement d'agrémenter la pièce. Mais le plus souvent, vous avez le droit à des posters flippants vous mettant en garde contre des tas de maladies que vous avez sans doute déjà choppées sinon vous ne seriez pas là ou vous indiquant de ne pas manger tout ce que vous aimez le plus. Et je ne parle pas de toutes les consignes vous pressant de faire du sport et autres activités. Pfffuit, vous êtes déjà fatigués rien qu'en les regardant.
Et c'est compter sans le mobilier. Parce que là, on tombe dans la poésie à l'état pur. Un inventaire digne de Prévert. Porte-manteaux préhistoriques, plante verte artificielle et poussiéreuse, tables basses bancales et vieux fauteuils en rotin, résidus datant des longues années estudiantines de nos docteurs. Même chez Emmaüs, ils hésiteraient à deux fois avant de les embarquer. On retrouve quand même parfois une touche de modernisme que l'on dirait échappée du standard international de norme I.K.E.A. (Ah, ils sont forts dans le mauvais goût aseptisé les suédois, devenant aujourd'hui pour le mobilier contemporain, ce que le formica fut aux cuisines des années soixante !) : chutes de bois compressés et plastoc (plastique toc) bon marché de couleur assortie aux murs.
Quand vous avez fini de détailler le décorum, la plupart du temps déjà connu pour les récidivistes car les cycles de changement sont calés sur les périodes de glaciation (le réchauffement climatique va sans doute bouleverser cette habitude !), vous tendez une main tremblante vers la table basse calée avec un bout de papier plié en huit qui supporte une tonne de revues posées là pour vous aider à passer le temps.
Et là mes amis, c'est pas la bibliothèque nationale ! Une fois éliminés les Paris-match piqués chez le coiffeur, les Madame Figaro, d'autres piteux exemplaires de la presse féminine (les femmes consultent-elles plus que les hommes ?), deux ou trois antiques Autos-motos (pendant machiste des revues de mode) et quelques magazines d'actualité datant d'au moins deux ou trois bonnes années (oui, y'a plus que le terme qualifiant l'hebdomadaire qui est dans ce cas d'actualité), ben il reste plus grand-chose. Vous pouvez quand même de temps en temps et si vous avez de la chance tomber sur une revue plus pointue traitant de la physique moléculaire, de la pêche à la mouche ou de la plongée en apnée suivant les passions actuelles ou éteintes de votre docteur préféré.
En fait, en réfléchissant bien, il vous reste plus qu'à vous taper les potins people sur la première dame de France et son panda ou la chanteuse en vogue du moment (Quoi, c'est plus la même !) et de vous taper aussi la honte par la même occasion (Oui, ce genre de presse, personne ne la lit mais c'est elle qui se vend le plus !). Mais bon, quitte à rester glandouiller un bon moment, autant se tenir informé, même de potins ringards qui ne servent à rien.
Il reste un autre secteur à développer dans cette passionnante rubrique : les jouets !
Car quand le médecin en question est un pédiatre ou même un généraliste bienveillant et soucieux de la qualité de l'accueil, il se peut que la salle d'attente comporte un coffre à jouets.
Alors là, stop. Eloignez vos enfants. Outre le fait que ce qui reste a déjà survécu à une génération de petits casseurs en herbe, c'est à dire qu'il manquera presque systématiquement une roue sur le camion de pompier, un bras à la poupée ou une chenille au char d'assaut, vous êtes en présence d'un vrai réservoir à microbes. D'ailleurs le vôtre après son passage risque fort d'apporter aussi sa contribution en y rajoutant quelques-uns en plus à la collection. Mais entre-temps, il aura eu le temps d'en chopper de nouveaux non détectables à la consultation, le temps d'incubation étant ce qu'il est. En fait le coffre à jouet est une véritable bourse d'échange. Le seul avantage étant d'être gratuit. A terme c'est sans doute moins vrai pour la sécurité sociale.
Voilà donc toutes les raisons pour lesquelles je hais les salles d'attente médicales (vous aussi maintenant).
Un petit conseil : si vous n'arrivez pas à faire déplacer le toubib ou kiné chez vous (Appelez tout de suite le scientologue, c'est quasi Mission impossible aujourd'hui) et que vous êtes obligé de passer par cette épreuve, munissez-vous d'un scaphandre afin d'éviter les dommages collatéraux et d'un bon roman policier (à ce sujet je connais de très bons auteurs !).
En tout cas, vous ne pourrez plus dire que l'on ne vous avait pas prévenu.
Parlons tout d'abord de la clientèle. Quand vous arrivez, il y a déjà toute une ribambelle de patients qui attendent patiemment (d'un point de vue étymologique, le terme patient doit sans doute venir de là). C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de la salle d'attente, encore plus accentuée chez les spécialistes où vous risquez parfois plus de défaillir d'ennui que de votre problème. D'ailleurs, un bon spécialiste se reconnaît à cela. Si vous ne passez pas un certain temps, voire un temps certain, dans le sas d'attente, fuyez, vous avez certainement affaire à un charlatan ou à un pourvoyeur de pompes funèbres (les nouvelles vont bon train dans le métier). En fait, c'est un peu comme les restaurants, si vous ne connaissez pas, n'entrez jamais dans un restau vide ou justement vous pourriez vous retrouver rapidement après avoir mangé dans une salle d'attente.
Bon, une fois que vous avez trouvé un siège pour vous poser, vous observez les mines de vos voisins. Tous, des têtes d'enterrement. Pourtant, la grande majorité d'entre eux va s'en sortir, c'est statistiquement prouvé. Et c'est encore plus vrai chez les dentistes et les paramédicaux (qui n'ont, pour la plupart, jamais sauté d'un avion) de tout poil. Mais votre propre tête n'est pas forcément plus engageante : phénomène d'osmose ou mal (ha ha) plus profond ?
Ceci-dit, les gens qui sont là peuvent être réellement malades (enfin suivant les salles d'attente). Donc potentiellement contaminateurs en puissance. La salle d'attente est donc un lieu d'où vous pouvez ressortir plus malade qu'en arrivant, sorte d'assurance pour ceux que l'on visite d'avoir toujours du travail. D'ailleurs un petit conseil qui ne coûte rien : si vous avez le choix, évitez le voisinage de toux intempestives : le nombre de virus dégagé dans l'espace cubique et incubateur tout autour est assez impressionnant.
Vous pouvez aussi parfois tomber dans une salle d'attente ou deux personnes se connaissent. Et là c'est un florilège d'échanges sur les maux respectifs (appelés aussi maux croisés par les cruciverbistes). « Et vous, madame Durond, votre grosseur à l'aine, ça va mieux ? – M'en parlez pas monsieur Tarmin, depuis mon fibrome, je m'en sors plus. C'est comme mon mari, il a fait un calcul. Le comble, c'est que c'est plutôt un littéraire... »
Bref, vous avez le droit à un tas de détails parfois intimes qui fleurent bon le sketch. Et ça dure généralement le temps que l'un des deux dialoguistes soit enfin appelé dans le cabinet du toubib.
Parfois la salle d'attente n'a de salle que le nom. Il peut en effet s'agir d'un vulgaire couloir agrémenté de trois ou quatre chaises alignées contre le mur ou d'un hall d'accueil comme dans les services d'urgence. Ces cas de figure vous permettent de voir défiler les flux entrants et sortants. Notons quand même que lorsque vous êtes aux Urgences, vous n'avez pas envie d'attendre votre tour très longtemps et que vous avez fort peu de chance d'y croiser Georges Clooney, même autour de la machine à café.
Restons quand même sur l'hypothèse d'avoir une vraie pièce dédiée à l'attente et attachons-nous maintenant à sa décoration. Ah, la décoration, parlons-en ! Bon ce qui est sûr c'est que les équipes pachydermiques de M6 ne sont pas passées par là. En plus avec leur propension à mettre du noir et du gris un peu partout, ça ne passerait pas forcément très bien ! Les murs sont habituellement neutres et défraîchis. Vieille tapisserie ou antique peinture blanche, crème ou jaune pastel le plus habituellement. Parfois, quelques agrandissements de photos de vacances assez floues prises par le praticien himself pendant ses vacances au soleil tentent vainement d'agrémenter la pièce. Mais le plus souvent, vous avez le droit à des posters flippants vous mettant en garde contre des tas de maladies que vous avez sans doute déjà choppées sinon vous ne seriez pas là ou vous indiquant de ne pas manger tout ce que vous aimez le plus. Et je ne parle pas de toutes les consignes vous pressant de faire du sport et autres activités. Pfffuit, vous êtes déjà fatigués rien qu'en les regardant.
Et c'est compter sans le mobilier. Parce que là, on tombe dans la poésie à l'état pur. Un inventaire digne de Prévert. Porte-manteaux préhistoriques, plante verte artificielle et poussiéreuse, tables basses bancales et vieux fauteuils en rotin, résidus datant des longues années estudiantines de nos docteurs. Même chez Emmaüs, ils hésiteraient à deux fois avant de les embarquer. On retrouve quand même parfois une touche de modernisme que l'on dirait échappée du standard international de norme I.K.E.A. (Ah, ils sont forts dans le mauvais goût aseptisé les suédois, devenant aujourd'hui pour le mobilier contemporain, ce que le formica fut aux cuisines des années soixante !) : chutes de bois compressés et plastoc (plastique toc) bon marché de couleur assortie aux murs.
Quand vous avez fini de détailler le décorum, la plupart du temps déjà connu pour les récidivistes car les cycles de changement sont calés sur les périodes de glaciation (le réchauffement climatique va sans doute bouleverser cette habitude !), vous tendez une main tremblante vers la table basse calée avec un bout de papier plié en huit qui supporte une tonne de revues posées là pour vous aider à passer le temps.
Et là mes amis, c'est pas la bibliothèque nationale ! Une fois éliminés les Paris-match piqués chez le coiffeur, les Madame Figaro, d'autres piteux exemplaires de la presse féminine (les femmes consultent-elles plus que les hommes ?), deux ou trois antiques Autos-motos (pendant machiste des revues de mode) et quelques magazines d'actualité datant d'au moins deux ou trois bonnes années (oui, y'a plus que le terme qualifiant l'hebdomadaire qui est dans ce cas d'actualité), ben il reste plus grand-chose. Vous pouvez quand même de temps en temps et si vous avez de la chance tomber sur une revue plus pointue traitant de la physique moléculaire, de la pêche à la mouche ou de la plongée en apnée suivant les passions actuelles ou éteintes de votre docteur préféré.
En fait, en réfléchissant bien, il vous reste plus qu'à vous taper les potins people sur la première dame de France et son panda ou la chanteuse en vogue du moment (Quoi, c'est plus la même !) et de vous taper aussi la honte par la même occasion (Oui, ce genre de presse, personne ne la lit mais c'est elle qui se vend le plus !). Mais bon, quitte à rester glandouiller un bon moment, autant se tenir informé, même de potins ringards qui ne servent à rien.
Il reste un autre secteur à développer dans cette passionnante rubrique : les jouets !
Car quand le médecin en question est un pédiatre ou même un généraliste bienveillant et soucieux de la qualité de l'accueil, il se peut que la salle d'attente comporte un coffre à jouets.
Alors là, stop. Eloignez vos enfants. Outre le fait que ce qui reste a déjà survécu à une génération de petits casseurs en herbe, c'est à dire qu'il manquera presque systématiquement une roue sur le camion de pompier, un bras à la poupée ou une chenille au char d'assaut, vous êtes en présence d'un vrai réservoir à microbes. D'ailleurs le vôtre après son passage risque fort d'apporter aussi sa contribution en y rajoutant quelques-uns en plus à la collection. Mais entre-temps, il aura eu le temps d'en chopper de nouveaux non détectables à la consultation, le temps d'incubation étant ce qu'il est. En fait le coffre à jouet est une véritable bourse d'échange. Le seul avantage étant d'être gratuit. A terme c'est sans doute moins vrai pour la sécurité sociale.
Voilà donc toutes les raisons pour lesquelles je hais les salles d'attente médicales (vous aussi maintenant).
Un petit conseil : si vous n'arrivez pas à faire déplacer le toubib ou kiné chez vous (Appelez tout de suite le scientologue, c'est quasi Mission impossible aujourd'hui) et que vous êtes obligé de passer par cette épreuve, munissez-vous d'un scaphandre afin d'éviter les dommages collatéraux et d'un bon roman policier (à ce sujet je connais de très bons auteurs !).
En tout cas, vous ne pourrez plus dire que l'on ne vous avait pas prévenu.
Oui, une vraie vie de patient et de patience.
Dr Livingstone, I presume...
Vous avez fait un tour complet de cette salle !
Un bon moment de lecture .