ICH LIEBE DICH

Toute histoire commence un jour, quelque part, tout comme l’amour.
Tout le monde ou presque a un jour, d’une manière ou d’une autre laissé une partie de lui-même derrière. Cependant, toute histoire, dès lors qu’elle présente des acteurs différents est unique. Car la vie est et reste une affaire personnelle que chacun gère en fonction de sa sensibilité propre.
C’était un matin de mars 2012 –Ah !!! Que le temps est passé !! Et pourtant ma mémoire sur ce fameux jour est restée intacte.
Bientôt deux mois que tu me tournais autour et moi dans mon rôle, je te faisais languir.
Du haut de mes dix-huit petites années de vie qui m’ont conduites loin de chez moi, à la quête d’autres connaissances et d’une autre vie que je n’étais guère sûre de vouloir au tout début ; j’étais une étudiante bien trop modèle et à la fois si quelconque que je n’aurais pas imaginé que tu poserais tes yeux sur moi. Je t’ai avoué bien plus tard combien je perdais le nord quand je surprenais tes yeux qui me contemplaient sans aucune vergogne alors même que jamais on ne s’était parlé. Mais il ne tarda pas à venir ce jour où tu te décidas enfin à sauté le pas et à venir me parler pour la toute première fois.
Je m’en souviens comme si c’était hier. Il fallait que l’obstacle cède. Et en l’espace de quelques secondes, au bout de si peu de vocabulaire et quelques silences –avec toi qui t’essayais encore à la langue française – tu venais d’entrer dans ma vie ; mais bien sûr aucun de nous ne connaissait ni ne pouvait imaginer la suite de ce début.
Cela aurait pu être une conversation banale –en fait ce serait le cas pour tout spectateur –toutefois, pour moi ce fut le jour, les minutes et les secondes au cours desquels tes yeux regardaient au fond des miens pendant que ta bouche prononçait des paroles qui n’étaient destinées qu’à moi. Ce jour là, tu étais entré dans ma vie comme arrive l’été, sans prévenir. Mais qu’est-ce qu’on s’est aimé !!!
Si tu savais, Hakan comme j’ai eu peur de te perdre ce jour où tu as dû partir. Peur que nos sentiments se flétrissent. Peur que tu cesses d’y croire. Si peur de te perdre autrement que physiquement. C’est drôlement dur de s’aimer à distance. Nous nous étions promis de nous aimer peu importe la distance. J’ai découvert à mon grand regret que s’aimer toujours est une promesse qui résiste mal à l’absence de l’être aimé.
Plusieurs fois j’ai pensé écrire tout ce qui me passait par la tête quand les souvenirs de nous m’inondaient, quand ces images défilaient devant mes yeux.
Ce soir de décembre 2018, c’est en lisant les dernières pages d’un roman de l’un de mes auteurs préférés que je pense à toi ; à ce qu’on serait devenu si... Si tout cela,...si ton absence n’avait été qu’un mauvais rêve. Parfois je crois avoir guéri. Parfois je n’en suis pas si sûre. Alors, j’en viens toujours à la même conclusion. Hakan je t’ai aimé si fort, tellement fort que tu es parti avec un bout de mon cœur. Je ne suis plus la même. J’ai perdu une partie de moi depuis que je t’ai connu.
Je sais au fond de moi que jamais je ne pourrai t’oublier, encore moins cesser de t’aimer. Viendront encore des jours où je pleurerai ton absence. Je me sens si idiote !!! Mais je n’y peux rien. J’ai écris si souvent pour apaiser mon cœur ; hélas, rien n’y fit.
La vie est si imprévisible parfois ; à l’image de notre rencontre. Aussi imprévisible qu’un turc qui dit « je t’aime » à une africaine francophone en allemand. Comme pour prouver que toutes les différences peuvent s’épouser. Je n’ai pas compris pourquoi. Mais en vérité, je n’ai pas envie de comprendre ; j’ai juste besoin de ne jamais oublier ton fameux « ICH LIEBE DICH ».
Ce jour où tu m’as dis ces mots, nous étions à un cours d’informatique en plein air en face du jardin botanique en raison de l’indisponibilité de nos amphithéâtres. Je me demande si tu t’en souviens encore. C’était romantique, nous au milieu de nos camarades. J’ai fais mine de ne pas comprendre. Mais après trois années d’apprentissage de l’allemand au lycée, j’aurais eu honte de ne pas comprendre ces quelques mots. J’avais saisi le sens de tes paroles ; ce qui me faisait honte c’était ce qu’elles provoquaient en moi. Cette joie incommensurable qui se lisait sur mon sourire qui m’arrivait jusqu’aux oreilles.
Ce n’était point la première fois qu’un garçon me disait « je t’aime » ; non. Mais c’était la première fois que cela me plaisait. Et cela venait en plus d’un garçon qui me plaisait.
Personne ne sait vraiment pourquoi c’est fini entre nous deux. Je crois que j’ai honte d’en parler. Honte de dire que tu m’as abandonnée comme on jette une vieille chaussette après l’avoir usée. Honte d’avoir été larguée pour une autre. Toi qui me promettais tant. Je sais que la distance y a été pour quelque chose. Néanmoins, je n’aurais jamais cru que tu m’oublierais si vite.
Je me souviens encore de ce jour dans le secrétariat d’une direction au Ministère des affaires étrangères où j’effectuais mon stage... je me souviens de ce message. Un message pour mettre un point final à quatre années d’amour et de partage. Tu n’as pas été bien long. En quelques mots tout était clair. Il m’a fallut espérer tes messages ou un coup de fil en vain pour me rendre compte que je faisais désormais partie de ton passé. J’ai pleuré tant de nuits ; j’ai si souvent fais semblant d’être forte comme si je devais me convaincre moi-même de ce que j’ai tourné la page.
J’ai attendu un signe, mais hélas !!! Il fallait désormais que je t’oublie. Alors je me suis mise à sortir, à regarder d’autres hommes. Mais aucun d’eux n’était toi. Et pendant longtemps, je me suis interdit de les approcher de plus près. Je me suis fermée telle une huître. Et quand je t’imaginais avec une autre, toi lui disant toutes ces belles choses que tu murmurais à mon oreille, j’en avais les larmes aux yeux. J’ai juré tant de fois qu’on ne m’y reprendrait plus. C’était sans consulter mon cœur. Car quelques mois après ton message, j’ai rencontré un homme. Il est si parfait !!! Si tendre, si doux.
Nous nous sommes trouvés sur un site de rencontres. C’est assez moderne de faire des rencontres par ce biais. C’est devenu si courant.
Il s’appelle Nicholas mais je l’appelle Nicho. C’est un britannique. Nous ne nous sommes jamais rencontrés physiquement. Cependant, il me plaît beaucoup. Il n’est pas tellement plus beau que toi. Et en fait cela m’est égal. Il y a bien longtemps que j’ai cessé de te mettre sur un piédestal. Je crois que c’est depuis que tu m’as brisé le cœur en m’avouant dans ton message que tu me trompais avec une autre alors que moi comme une idiote je n’attendais que toi.
J’aime parler à Nicho et l’entendre rire. Il est si simple, toujours si souriant.
Il viendra me voir en Avril 2019 pendant les congés de Pâques. Nous avons tous les deux tellement hâte.
Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais de savoir que quelque part à l’autre bout du monde, il y a quelqu’un qui pense à moi me rend heureuse.
Il précède souvent mon prénom de « bébé » quand il veut m’appeler affectueusement. Je trouve ça tellement mignon. On fait quelques projets ensemble. Il voudrait fonder une famille. Nous souhaiterions avoir trois enfants.
Quand tu m’as recontacté en octobre 2018, j’ai été ravie d’apprendre que tu avais un enfant. Cela m’a fait réaliser à quel point le temps est passé. N’empêche que j’ai eu le cœur en mille morceaux ce soir là. Peut-être était-ce parce qu’il me fallait conjuguer, et ce pour toujours, tout ce que nous avons été, au passé. Je ne sais plus combien de fois j’ai rêvé de porter tes enfants, nos enfants.
Hakan, je t’ai aimé comme tu es venu à moi ; si simplement, si naturellement. Et naïvement, portée par mon innocence et mon jeune âge, je t’ai tout donné, et je t’aurais donné encore plus. Je ne regrette pas de t’avoir connu, je ne regrette aucun moment passé avec toi. Encore moins ce porte clé à l’effigie du drapeau de ton pays que tu m’as ramené de l’un de tes voyages en Turquie. Il est resté accroché à la porte de ma chambre. Parfois je l’effleure et je souris. Je me demande si tu as gardé ce cadeau en forme de cœur que je t’ai fais pour la Saint Valentin 2013. J’ai presque tout gardé de toi. Pour moi, tu es et resteras mon premier amour, la plus belle chose qui me soit arrivée au cours des vingt-cinq premières années de ma vie.
Il y a quelques jours, j’ai assisté à l’enterrement d’un ami. Cela m’a fait réaliser combien tout est bref et si éphémère. Alors, j’ai attrapé un stylo –tu sais comme j’aime écrire ; ça n’a pas changé –et j’ai décidé de te dire tout ce qu’il reste de toi en moi. Je me suis rendu compte qu’il reste de belles choses. Je ne pourrai certainement pas tout écrire.
J’ai attendu longtemps que tu me présentes des excuses. Quand tu l’as finalement fait, je me suis senti libérée, mon cœur s’est senti apaisé. Je t’en remercie infiniment.
Encore quelques lignes et j’aurai fini. Je tiens à te dire au-delà de tout, que jamais je ne pourrai te haïr même pas contre tout l’or du monde. Parfois je t’en veux, mais au fond de moi, je sais que c’est parce que je t’aime encore.
Je garderai précieusement ton « ICH LIEBE DICH » au plus profond de mon cœur.

Ta chère L.