Le jour de mes huit ans, j'ai reçu un cadeau auquel je ne m'attendais pas ; une montre au bracelet noir où apparaissait sur le cadran Mickey Mouse, avec ses bras légèrement entortillés et qui ... [+]
Je n’en peux plus, je suis crevé. Je vais rester là, affalé et abandonné de tous. Je ne veux pas me dégonfler, mais mes forces me quittent malgré moi. Je ne suis plus bon à rien. Les garçons ne veulent plus jouer avec moi et je les comprends : je suis trop vieux pour eux...
Et dire que je me faisais une joie de sortir ! J’ai passé tout l’hiver enfermé à moisir dans un coin, fatigué de ne rien faire. Les garçons sont venus me chercher. Le bruit de la porte m'a sorti de ma léthargie, et à travers l'entrebâillement un chaleureux rayon de soleil s'est engouffré. Les beaux jours étaient revenus.
Une fois dehors, le plus grand me porta haut au-dessus de sa tête. Son petit frère se mit à bondir dans l’espoir de m’attraper. Son aîné fit mine de me descendre avant de me lancer le plus loin possible dans le jardin. Je m’envolai, euphorique. Je fendis l’air tel un boulet de canon. Je montai encore et encore, savourant chaque microseconde de cette liberté retrouvée. Jusqu’à ce que, comme à chaque fois, j’amorçai ma chute, ne sachant où j’atterrirais. Par chance, je fus accueilli par un tapis de jeunes brins d’herbe moelleux.
Je rebondis trois fois, puis roulai tranquillement sur la douce pelouse. Je pouvais ressentir la vie autour de moi ; le chant printanier des oiseaux, le vrombissement des abeilles studieuses, les trépignements des insectes. Puis je sentis une basket venir me frapper sur le côté, puis une autre, et encore une autre. Les deux garçons m’avaient rejoint et s’amusaient avec moi. Ils se faisaient des passes. Quel bonheur d'être au centre des attentions à nouveau! Et de rendre heureux ces chers bambins, qui pouvaient enfin se défouler avec délice en cette magnifique journée d'avril!
Quand le plus grand voulut imiter son joueur préféré, il mit toutes ses forces dans sa frappe qui me projeta contre un tronc d’arbre. Le choc fut rude, je pouvais sentir chacune de mes fibres s’entrechoquer. Puis j’entendis un sifflement pendant que je m’effondrai par terre. Je compris que quelque chose ne tournait pas rond. Le garçon me retourna comme une crêpe du bout de son pied et me laissa là, inerte, éclaté.
Depuis je reste là sous cet arbre, à bout de souffle, mortifié, inutile. Que va-t-il advenir de moi désormais ? que vais-je devenir ? Je commence à regretter d’avoir quitté la maison. Une tendre brise se lève, mais rien n’y fait, je ne parviens plus à bouger. Je ne suis décidément pas en bonne forme...
Tandis que je rumine, je sens la terre vibrer et des ombres s’approcher. C’est le plus jeune garçon qui revient, tenant quelqu’un par la main :
« Regarde Maman, Diego l’a cassé ! »
Les délicates mains de Maman me ramassent et m’examinent : « Non mon chéri, il n’est pas cassé, il lui faut juste un petit peu d’air, c’est tout !
- Mais ça respire pas les ballons ! s'exclame le petit.
- En quelque sorte si, dit Maman en souriant. Viens, on va le réparer »
Quelques minutes plus tard, je me retrouve dans les bras du petit garçon, gonflé à bloc.
Et dire que je me faisais une joie de sortir ! J’ai passé tout l’hiver enfermé à moisir dans un coin, fatigué de ne rien faire. Les garçons sont venus me chercher. Le bruit de la porte m'a sorti de ma léthargie, et à travers l'entrebâillement un chaleureux rayon de soleil s'est engouffré. Les beaux jours étaient revenus.
Une fois dehors, le plus grand me porta haut au-dessus de sa tête. Son petit frère se mit à bondir dans l’espoir de m’attraper. Son aîné fit mine de me descendre avant de me lancer le plus loin possible dans le jardin. Je m’envolai, euphorique. Je fendis l’air tel un boulet de canon. Je montai encore et encore, savourant chaque microseconde de cette liberté retrouvée. Jusqu’à ce que, comme à chaque fois, j’amorçai ma chute, ne sachant où j’atterrirais. Par chance, je fus accueilli par un tapis de jeunes brins d’herbe moelleux.
Je rebondis trois fois, puis roulai tranquillement sur la douce pelouse. Je pouvais ressentir la vie autour de moi ; le chant printanier des oiseaux, le vrombissement des abeilles studieuses, les trépignements des insectes. Puis je sentis une basket venir me frapper sur le côté, puis une autre, et encore une autre. Les deux garçons m’avaient rejoint et s’amusaient avec moi. Ils se faisaient des passes. Quel bonheur d'être au centre des attentions à nouveau! Et de rendre heureux ces chers bambins, qui pouvaient enfin se défouler avec délice en cette magnifique journée d'avril!
Quand le plus grand voulut imiter son joueur préféré, il mit toutes ses forces dans sa frappe qui me projeta contre un tronc d’arbre. Le choc fut rude, je pouvais sentir chacune de mes fibres s’entrechoquer. Puis j’entendis un sifflement pendant que je m’effondrai par terre. Je compris que quelque chose ne tournait pas rond. Le garçon me retourna comme une crêpe du bout de son pied et me laissa là, inerte, éclaté.
Depuis je reste là sous cet arbre, à bout de souffle, mortifié, inutile. Que va-t-il advenir de moi désormais ? que vais-je devenir ? Je commence à regretter d’avoir quitté la maison. Une tendre brise se lève, mais rien n’y fait, je ne parviens plus à bouger. Je ne suis décidément pas en bonne forme...
Tandis que je rumine, je sens la terre vibrer et des ombres s’approcher. C’est le plus jeune garçon qui revient, tenant quelqu’un par la main :
« Regarde Maman, Diego l’a cassé ! »
Les délicates mains de Maman me ramassent et m’examinent : « Non mon chéri, il n’est pas cassé, il lui faut juste un petit peu d’air, c’est tout !
- Mais ça respire pas les ballons ! s'exclame le petit.
- En quelque sorte si, dit Maman en souriant. Viens, on va le réparer »
Quelques minutes plus tard, je me retrouve dans les bras du petit garçon, gonflé à bloc.