Focus

Toute histoire commence un jour, quelque part...
Je ne sais plus exactement pourquoi je l’aimais autant, mais une chose est sûre: en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire il était devenu mon oxygène, une variable indépendante dans mon équation. Pourtant lorsqu’il avait commencé à me tourner autour, il m’énervait presque.
Notre histoire n’a duré que 8mois alors que j’aurais aimé qu’elle dure toute une vie. Puis un jour, tout bascula, il m’abandonna dans un jeu où je croyais être celle qui tenait les rênes. En un clin d’œil, j’étais devenue orpheline. Moi qui ne passais nulle part sans être accompagnée, je n’arrivais plus à sortir .Je passais de longues heures dans ma chambre à pleurer sur mon sort, à me gaver de somnifères qui m’aidaient à me réfugier dans le sommeil. C’était devenu affreux. J’avais peur de le rencontrer dans la rue accompagné de l’autre. J’avais été poignardée, on m’avait ôté toute vie. Je voulais mourir mais la peur du châtiment éternel m’empêchait d’aller jusque-là. J’ai dû déménager pour me réfugier chez un de mes amis. Il m’a hébergée chez lui, environ trois mois. Il était souvent là quand j’avais besoin de m’épancher ou juste de verser le trop plein de larmes dont la fontaine ne tarissait pas dans mon cœur.
Et puis un jour je décidai d’aller chanter. Une chorale des jeunes animait tous les dimanches aux messes du soir et semblait correspondre à tous les standards que je recherchais (eh oui ! malgré ma détresse je raisonnais encore !). Je l’intégrai alors.
Je l’avoue, au début, je n’y étais pas entrée pour chanter Dieu ou pour le prier. J’étais venue noyer ma peine et faire entendre le son de ma jolie voix. Le même jour, je me proposai pour faire un chant le lendemain pour une messe de prémices d’un curé. J’étais surprise de la facilité avec laquelle on me donna cet honneur. J’étais heureuse. Tout doucement commença alors ce cheminement avec cette chorale que j’appelle aujourd’hui ma 2e famille. J’avais désormais de quoi occuper mes journées avec les chants à connaître, les répétitions extraordinaires de certains jours. J’étais comblée de tout cet amour du chant et/ou de Dieu qui nous rassemblait tous les jours! J’avoue que j’aimais, que dis-je, je raffolais de ces après répétitions où un de nos nombreux maîtres nous invitais à nous récréer ! Je suis tout doucement sortie de ma dépression sans même m’en rendre compte. Je n’avais plus de temps pour les crises de larmes, les somnifères. Ma famille m’avait tout apporté. Dieu m’avait offert la plus belle des consolations sans que je n’en sois digne. Il m’avait apporté la paix du cœur de la plus belle des manières. Il m’avait aussi fait comprendre qu’en Lui était la paix, le repos et le bonheur. Combien de fois n’ai-je pas regretté de n’avoir pas commencé plus tôt la chorale ! Mais mieux vaut tard que jamais. Les mois passèrent, laissant le temps panser mes blessures et me permettant d’avancer.
Puis un jour, sans vraiment savoir comment, je me retrouvai confrontée à un défi de taille. Je me vis confier le poste, que secrètement j’aurais aimé occuper mais que ma timidité et mon manque de confiance en moi m’empêchaient d’oser briguer. Quand il y eut la passation de service, je compris qu’entre rêver faire une chose et la faire, il y avait un fossé. Ce n’était pas de l’amusement ! Durant ce parcours, j’ai dû apprendre l’humilité, la patience, la pondération. J’ai appris à encaisser aussi les humiliations, les fautes honteuses...j’ai appris à prendre des responsabilités. C’est environ un an et demi après cette prise de responsabilités que j’ai su me surpasser et commencer à faire semblant de diriger le chœur et de m’appliquer au déchiffrage des notes. J’étais à la traîne, ma coéquipière était très en avance et notre leader finit un jour par me secouer par des paroles bien senties. Mes débuts n’étaient pas amusants ! Je suis persuadée que certaines messes ont dû être mémorables avec des lancements impromptus de chants, ou encore des arrêts brutaux! Mais j’ai appris aussi à me relever de ces erreurs et à m’améliorer. J’étais soutenue des uns et huée d’autres. Plusieurs fois j’ai voulu écrire une lettre de démission tellement la tâche me semblait trop lourde. J’ai compris que de loin cela pouvait sembler tout simple et que c’était bien facile de critiquer celui qui fait un travail. Cependant, pour réussir une entreprise il faut tenir bon malgré la tempête. Les gens ne seront pas tous avec vous ni tous contre vous. L’important c’est d’avoir un objectif et de tenir bon. La victoire est toujours au bout. La victoire, pas à la manière des hommes, mais celle-là qui vous construit et vous rend une meilleure version de vous-même!
Aujourd’hui je ne suis plus dans la ville où continue d’évoluer ma chorale.....ah cette ville où tellement d’événements j’ai vécus....comme celui de ce fameux vendredi soir que je n’oublierai...je pense... jamais! Vaut-il la peine d’être évoqué là ? Non....Bon, enfin, oui j’pense. Plongeons donc dans le profond océan que ce souvenir vous fera sonder et laissez-moi vous l’évoquer [et qui je crois, ne prendra que quelques lignes].
....Disons qu’il est presque une heure du matin, et quelques amis d’une chorale [encore elle(] rentrent d’une veillée de prières, quittant un quartier connu de la ville Parakoise.
Ils décident alors de rentrer en groupe avec leurs motos. Arrivés à un carrefour, ils rencontrent des ‘‘agents de sécurité’’ qui cherchent à contrôler les pièces d’identité et les papiers d’origine des différentes motos. Les 7amis, n’ayant pas emporté avec eux leurs cartes d’identité respectives, décident de garer quelques mètres plus bas avant d’atteindre le point de contrôle. Ils discutent donc de ce qu’ils vont faire (se retourner vers l’endroit de la veillée pour aller y passer la nuit ou chercher à prendre un autre chemin)...
C’est alors qu’un fait insolite se passe... L’un des ‘‘agents de sécurité’’ s’adresse de loin aux amis en leur disant de venir donner leurs motos (car ayant compris que les amis étaient garés pour raison de non possession de leur carte et/ou de leurs papiers de motos). Bien sûr, les amis n’obtempérèrent pas, et mieux, ils démarrèrent en se retournant vers le domicile où s’était effectuée la veillée. Ils pensaient en avoir fini lorsque le même ‘‘agent de sécurité’’ démarra sa moto en vitesse et rapidement vint barrer la voie aux amis qui étaient au calme. Les amis s’arrêtèrent alors, tout surpris, et le protagoniste fit sortir une MACHETTE d’un endroit insoupçonné de sa moto!!! Il était clair : les amis devraient aller remettre leurs motos ou il se ferait ‘‘plaisir’’.
Vous ne me croirez peut-être pas, mais lorsqu’on prie Dieu après une telle veillée de chants d’action de grâces et de louanges ; Il ne vous oublie pas. Vous vous demandez sûrement comment s’est déroulée la suite...
Au vu de la machette, de grosses sueurs commencèrent à perler sur le visage autant ahuri qu’ébahi des trois femmes, mais aussi des quatre hommes.
C’est alors qu’apparût une voiture noire aux vitres teintées qui roulait tout doucement et dépassait les personnes arrêtées carrément sur la voie, là. Je ne sais pas si l’on peut appeler cela un miracle ou une chance...mais quelques mètres plus loin, voilà la voiture qui s’arrête et qui marche arrière pour se garer exactement sur le lieu de la scène. Devinez qui en sort... ? Un militaire en treillis ! ‘‘Nous sommes foutus’’ pensèrent les 7amis, car ils se voyaient déjà embarqués au poste et tout le tralala qui suit.
Mais contre toute attente, le militaire, d’une assurance et d’une confiance en lui hors normes, s’adresse violemment au soit disant ‘’agent de sécurité’’ qui avait la machette en main en lui criant de façon très intimidante :
-Que faites-vous là monsieur ?
-Je suis agent de sécurité et je contrôle les pièces de ces types... dit-il.
-Montrez-moi votre badge ! [Venez voir notre agent de sécurité là en train de trembler et de bégayer...(]
-J’AI DIT MONTREZ MOI VOTRE BADGE MONSIEUR !!!!
Ayant alors compris qu’il n’était qu’un brigand voulant juste prendre les motos des amis, il cria d’un ton péremptoire ‘‘ Donnez-moi votre machette ou je vous abats !’’. Il pensait que ce n’était qu’une simple blague lorsque le militaire, d’un geste assez fluide et rapide, sortit de sa voiture un fusil devant faire au moins 1,92 mètre de long. Il le braqua sur le brigand et n’eût même pas besoin de répéter sa phrase avant qu’il ne remette docilement son arme blanche au militaire. Il fit même sortir un gourdin qu’il avait aussi caché (on ne sait où) et le remit au militaire.
Pendant tout ce temps, nos 7amis étaient rentrés dans une maison dont le portail était ouvert, et s’y étaient réfugiés en regardant dans l’embouchure de la porte entrouverte, toute la scène.
C’est après ces instants que celui de chez qui les amis venaient (il avait rapidement été appelé par l’un des amis juste au moment où le protagoniste avait démarré pour se diriger vers eux.), était arrivé accompagné dans une voiture de quelques autres membres de la famille chez qui la veillée a eu lieu. Les autres ‘‘agents de sécurité’’ vinrent s’excuser auprès du militaire et ce dernier pris sa voiture pour disparaître quelques instants plus tard. [Notons bien qu’ici, le terme « disparaître » n’est pas placé par hasard]
Les 7amis passèrent alors le barrage, accompagnés de la voiture qui avait quitté le domicile de la veillée. Cette voiture les escorta sur une longue distance avant de les laisser continuer pour rentrer chez eux, puis la voiture retourna au domicile. Ce jour-là, le chemin retour était très silencieux. Chacun était comme tétanisé par toute la scène qu’il avait vue se dérouler sous ses yeux.
-Le militaire allait-il vraiment tirer ?
-Qu’en serait-il des motos si les amis avaient gentiment obtempéré à l’ordre de les remettre ? Allaient- ils au moins pouvoir les récupérer le lendemain au commissariat ? Ou bien les motos auraient disparu ?
-Qui était ce militaire ? Un envoyé de Dieu ou juste un simple homme ? (Rappelez-vous de comment il s’est éclipsé après la scène... Et aussi si c’était un militaire en patrouille, il ne patrouillerait jamais seul, et encore moins dans une voiture autre que la voiture du service...). Alors qui était-il ???
-Les choses se seraient-elles déroulé ainsi si le militaire était passé par cette voie juste 5minutes plus tôt ou même s’il était passé pendant la scène et ne s’était pas arrêté ?
-Si l’un des amis avait eu peur et avait démarré sa moto pour fuir au moment de la sortie de la machette, le brigand aurait-il poursuivi et agressé la personne ?
Il y a tellement de tournures que cette histoire aurait pu prendre, mais aussi il y a tellement d’enseignements à en tirer... [Et c’est justement la raison de l’évocation de ce souvenir...]
1°) Ne sortez jamais sans vos pièces d’identité et papiers de moto (véhicule), surtout lorsque vous savez que vous serez dehors jusqu’après vingt-trois heures...
2°) Lorsque des ‘‘agents de sécurité’’ vous demandent vos pièces, demandez-leur de façon ferme et sans peur leur badge ou leur autorisation d’exercice. C’est VOTRE droit et rien ne peut se passer si vous le leur demandez. N’AYEZ PAS PEUR ! (Rappelez-vous de l’attitude du militaire)
3°) Restez toujours soudés quelle que soit la situation qui vous arrive dans la vie et essayez de vous protéger mutuellement. Je dis cela car parmi les 7amis, certains qui avaient toutes leurs pièces au complet, mais ne voulant pas passer et laisser les autres à ‘’leur sort’’, durent dire qu’ils n’en avaient pas. Et aussi lorsque les situations stressantes comme la machette ou le fusil se sont présentées, certains auraient pu fuir et laisser les autres là. Mais ils restèrent soudés.
4°) Ayez une vie de prière et de communion avec votre Dieu assez présente. Je ne dis pas que les amis avaient une vie de prière super au top, mais Dieu a vu leurs cœurs à tous et leur a envoyé cet ange (je ne lui trouve pas d’autre nom, franchement) qu’est le militaire.
.............Et la prochaine fois que vous vous ferez arrêter par des brigands du quartier se faisant passer pour des ‘‘agents de sécurité’’, assurez-vous que vous revenez d’une veillée de prières. (
Bah, pour en revenir donc à ce que je disais plus haut, aujourd’hui je ne suis plus dans la ville où continue d’évoluer ma chorale, ma deuxième famille, mais l’enseignement que j’y ai reçu, je l’applique chaque jour et m’améliore. Je ne fus peut être pas la meilleure maîtresse de chœur de tous les temps mais parce que j’ai cru en moi, parce que j’ai persévéré, parce que j’ai baptisé l’échec « échec temporaire », je puis être fière d’avoir contribué un tant soit peu à servir Dieu à ma manière et au moment où Il me l’a demandé. J’ai tiré une grande leçon de ce passage de ma vie et la meilleure de toutes : « Je puis tout par Celui qui me fortifie »....... à jamais gravée dans mon cœur....