Irradie-moi
Nucléaire-moi
Aurore aux lumières vives
J'ai traîné de loin en loin
Dans des fêtes tristes
Des
... [+]
Elise posa son seau et son balai contre le mur de la cour pour s'éponger le front. Malgré l'heure matinale, il faisait une chaleur suffocante. Le soleil tapait dur déjà. Levant la tête elle envisagea le travail à effectuer. Bon sang ! normalement le jeudi elle ne travaillait pas mais son patron l'avait envoyée ici ( « ça vous fera un petit plus ce mois-ci, lui avait -il dit avec son sourire mielleux) pour remplacer sa collègue Marlène qui ne donnait plus signe de vie depuis dix jours. Elise trouvait ça surprenant car Marlène n'était pas, mais alors pas du tout, du style à abandonner son poste de travail. Plus soumise qu'elle, on ne faisait pas. La jeune femme souffla. Tiens, elle aurait dû se faire porter pâle elle aussi, ça aurait fait les pieds à leur patron. Avec ce qu'il payait !
Elle souffla une nouvelle fois, empoigna le seau ainsi que le balai et s'engouffra dans l'immeuble, montant avec lenteur les trois étages, oppressée par la chaleur. Le sol était pavé. Heureusement les paliers étaient petits et les marches étroites, ça irait vite et puis de toute façon, elle n'allait pas se donner à fond. Elle était juste là pour dépanner.
Elle souleva le paillasson de la porte derrière elle. Il n' y avait qu'un seul appartement par étage. Elle commença par balayer. Se mit à renifler. C'était un comble pour une femme d'entretien d'être gênée par la poussière, songea t-elle tout en chantonnant un air qui passait constamment à la radio ces derniers temps. Elise adorait chanter, même faux. Elle chantait tout le temps, du moins quand elle était de bonne humeur et ce matin, malgré cette mission de dernière minute et dont elle se serait bien passée, la jeune femme avait encore en tête la soirée de la veille en compagnie de son chéri. D'ailleurs, quand elle eût terminé le troisième, elle prit le temps, avant d'entamer le palier du dessous, de lui envoyer deux ou trois texto un peu épicés. Elle le savait au boulot et cela lui ferait plaisir. Damien était un ange dans la vie et un dieu au lit. A l'évocation de quelques-uns de leurs exploits, Elise sourit béatement puis descendit au second.
Mon Dieu, que c'était sale ici ! elle n' y avait pas prêté attention en montant mais le sol était recouvert de poussière et les pavés semblaient noircis par endroit. Pffft ! bon, elle ferait ce qu'elle pourrait. A croire que Marlène n'avait rien nettoyé la semaine dernière. Tout en commençant de balayer, elle jeta un œil par la fenêtre du couloir qui donnait sur la cour. Une voiture venait d'y pénétrer. Un break noir opaque. Elise demeura un long moment à regarder qui allait en sortir. C'était plus fort qu'elle cette curiosité. Damien le lui reprochait souvent. « Un jour, tu vas tomber sur un os et ça t'apprendra ! » Mais elle ne l'écoutait pas. Un homme d'une trentaine d'années s'extirpa de l'habitacle. Plutôt grand et beau gosse, pensa t-elle en apercevant son profil. Il claqua la portière et se dirigea vers l'immeuble de l'autre côté de la cour. Il tenait un objet dans sa main. Avant de pénétrer dans l'immeuble, il se retourna et Elise eut à peine le temps de se reculer en faisant mine de balayer. Mais elle supposa qu'il l'avait vue. Se sentant d'abord quelque peu honteuse, elle se mit ensuite à rire intérieurement. « Bah, ce n'était pas si grave après tout ! »
Elle se remit au travail à un rythme plus rapide et plus concentré car elle voulait finir absolument avant midi. Trente minutes plus tard elle entama l'immeuble d'en face. Le simple fait de traverser la cour la mit en eau. Plus la matinée avançait, plus la chaleur devenait insupportable. Heureusement, l'autre immeuble possédait la même configuration, elle aurait vite terminé. En plus, la cage d'escalier était assez propre. Au troisième, le sol semblait même avoir été lavé récemment. Ça sentait le détergent mêlé à autre chose, à une autre odeur. Elle se baissa... oui... une odeur... de lait caillé. Elise se redressa aussitôt, légèrement nauséeuse. Bon, elle allait juste passer un coup de balai et basta ! la chaleur plus cette odeur bizarre, non merci !
Elle était en plein milieu de l'escalier lorsqu'elle perçut une espèce de gémissement. Elle s'arrêta net. Tendit l'oreille. Non, ça ressemblait plutôt à des pleurs étouffés qui provenaient de l'appartement du troisième. Pourtant, elle n'avait rien entendu pendant qu'elle balayait. Elle demeura ainsi, immobile et attentive. Les pleurs continuèrent quelques secondes encore puis cessèrent brusquement. Elise termina son travail, l'esprit préoccupée par ce qui venait de se passer. Il était 11 heures lorsqu'elle rangea le seau et les produits dans le local ménage situé au fond de la cour. Elle se passa un peu de déodorant sous les bras et se dirigea vers le porche d'entrée de l'immeuble. Ouf, c'était fini ! Mais en passant devant le break noir, Elise aperçut un petit carré brillant près de la roue arrière. Elle se baissa pour le ramasser. C'était une carte de bus. Oh Mon Dieu ! oh Mon Dieu ! Marlène.... Que faisait sa carte de bus ici ? Elise tenait le document plastifié entre son index et son pouce.
Maintenant elle avait froid.
Se sentait exposée. Epiée. Et puis elle repensa aux pleurs. Non... ça ne pouvait être... Elise se retourna et leva les yeux vers la fenêtre du troisième mais personne ne l'observait. Il fallait qu'elle téléphone à Damien. Ou à son patron. Elle ne savait plus. Mais son portable était totalement déchargé. La jeune femme, affolée, tentait de réfléchir. Elle se dirigea vers la seule porte du rez- de chaussée. Coup de bol, un médecin ! Elle sonna avec force. La porte s'ouvrit aussitôt. Un petit homme barbu et bedonnant se tenait devant elle.
- Oui ? Vous avez rendez-vous ?
- Heu, non. Non, non. J'ai besoin de téléphoner, je... je crois qu'il y a un ..
- Un quoi ? demanda l'homme en fixant la carte qu'Elise tenait entre ses mains.
- Je dois appeler mon patron et je n'ai plus de batteries... est-ce que je peux appeler de chez vous ?
- Vous êtes la femme de ménage ?
- Oui oui, je remplace ma collègue qui...
- Ah ! alors entrez, entrez vite.
Elise poussa un soupir de soulagement. Le médecin referma la porte derrière elle.
Il la mena vers son bureau.
- Tenez, le téléphone est là.
- Merci.
La fenêtre du bureau donnait sur la cour. Pendant qu'elle composait le numéro, Elise aperçut le conducteur du break sortir de l'immeuble. Il portait un bébé dans ses bras. Le médecin était revenu dans le bureau et observait Elise. Son regard avait changé. Elle entendit le break démarrer.
-Marlène..
- Co...comment ?
- Vous avez retrouvé sa carte de bus...je l'ai cherchée partout... ça m'inquiétait un peu je vous l'avoue mais maintenant que vous me l'avez rapportée....
Puis il ferma la porte à clef, s'approchant d'Elise en souriant.
Elise ne bougeait plus. Elle venait de s'apercevoir que le téléphone n'était pas branché.
Et puis...
Et puis soudain, il y eut comme une odeur de sang qui sembla envahir la pièce.
Oh, merde !
Elle souffla une nouvelle fois, empoigna le seau ainsi que le balai et s'engouffra dans l'immeuble, montant avec lenteur les trois étages, oppressée par la chaleur. Le sol était pavé. Heureusement les paliers étaient petits et les marches étroites, ça irait vite et puis de toute façon, elle n'allait pas se donner à fond. Elle était juste là pour dépanner.
Elle souleva le paillasson de la porte derrière elle. Il n' y avait qu'un seul appartement par étage. Elle commença par balayer. Se mit à renifler. C'était un comble pour une femme d'entretien d'être gênée par la poussière, songea t-elle tout en chantonnant un air qui passait constamment à la radio ces derniers temps. Elise adorait chanter, même faux. Elle chantait tout le temps, du moins quand elle était de bonne humeur et ce matin, malgré cette mission de dernière minute et dont elle se serait bien passée, la jeune femme avait encore en tête la soirée de la veille en compagnie de son chéri. D'ailleurs, quand elle eût terminé le troisième, elle prit le temps, avant d'entamer le palier du dessous, de lui envoyer deux ou trois texto un peu épicés. Elle le savait au boulot et cela lui ferait plaisir. Damien était un ange dans la vie et un dieu au lit. A l'évocation de quelques-uns de leurs exploits, Elise sourit béatement puis descendit au second.
Mon Dieu, que c'était sale ici ! elle n' y avait pas prêté attention en montant mais le sol était recouvert de poussière et les pavés semblaient noircis par endroit. Pffft ! bon, elle ferait ce qu'elle pourrait. A croire que Marlène n'avait rien nettoyé la semaine dernière. Tout en commençant de balayer, elle jeta un œil par la fenêtre du couloir qui donnait sur la cour. Une voiture venait d'y pénétrer. Un break noir opaque. Elise demeura un long moment à regarder qui allait en sortir. C'était plus fort qu'elle cette curiosité. Damien le lui reprochait souvent. « Un jour, tu vas tomber sur un os et ça t'apprendra ! » Mais elle ne l'écoutait pas. Un homme d'une trentaine d'années s'extirpa de l'habitacle. Plutôt grand et beau gosse, pensa t-elle en apercevant son profil. Il claqua la portière et se dirigea vers l'immeuble de l'autre côté de la cour. Il tenait un objet dans sa main. Avant de pénétrer dans l'immeuble, il se retourna et Elise eut à peine le temps de se reculer en faisant mine de balayer. Mais elle supposa qu'il l'avait vue. Se sentant d'abord quelque peu honteuse, elle se mit ensuite à rire intérieurement. « Bah, ce n'était pas si grave après tout ! »
Elle se remit au travail à un rythme plus rapide et plus concentré car elle voulait finir absolument avant midi. Trente minutes plus tard elle entama l'immeuble d'en face. Le simple fait de traverser la cour la mit en eau. Plus la matinée avançait, plus la chaleur devenait insupportable. Heureusement, l'autre immeuble possédait la même configuration, elle aurait vite terminé. En plus, la cage d'escalier était assez propre. Au troisième, le sol semblait même avoir été lavé récemment. Ça sentait le détergent mêlé à autre chose, à une autre odeur. Elle se baissa... oui... une odeur... de lait caillé. Elise se redressa aussitôt, légèrement nauséeuse. Bon, elle allait juste passer un coup de balai et basta ! la chaleur plus cette odeur bizarre, non merci !
Elle était en plein milieu de l'escalier lorsqu'elle perçut une espèce de gémissement. Elle s'arrêta net. Tendit l'oreille. Non, ça ressemblait plutôt à des pleurs étouffés qui provenaient de l'appartement du troisième. Pourtant, elle n'avait rien entendu pendant qu'elle balayait. Elle demeura ainsi, immobile et attentive. Les pleurs continuèrent quelques secondes encore puis cessèrent brusquement. Elise termina son travail, l'esprit préoccupée par ce qui venait de se passer. Il était 11 heures lorsqu'elle rangea le seau et les produits dans le local ménage situé au fond de la cour. Elle se passa un peu de déodorant sous les bras et se dirigea vers le porche d'entrée de l'immeuble. Ouf, c'était fini ! Mais en passant devant le break noir, Elise aperçut un petit carré brillant près de la roue arrière. Elle se baissa pour le ramasser. C'était une carte de bus. Oh Mon Dieu ! oh Mon Dieu ! Marlène.... Que faisait sa carte de bus ici ? Elise tenait le document plastifié entre son index et son pouce.
Maintenant elle avait froid.
Se sentait exposée. Epiée. Et puis elle repensa aux pleurs. Non... ça ne pouvait être... Elise se retourna et leva les yeux vers la fenêtre du troisième mais personne ne l'observait. Il fallait qu'elle téléphone à Damien. Ou à son patron. Elle ne savait plus. Mais son portable était totalement déchargé. La jeune femme, affolée, tentait de réfléchir. Elle se dirigea vers la seule porte du rez- de chaussée. Coup de bol, un médecin ! Elle sonna avec force. La porte s'ouvrit aussitôt. Un petit homme barbu et bedonnant se tenait devant elle.
- Oui ? Vous avez rendez-vous ?
- Heu, non. Non, non. J'ai besoin de téléphoner, je... je crois qu'il y a un ..
- Un quoi ? demanda l'homme en fixant la carte qu'Elise tenait entre ses mains.
- Je dois appeler mon patron et je n'ai plus de batteries... est-ce que je peux appeler de chez vous ?
- Vous êtes la femme de ménage ?
- Oui oui, je remplace ma collègue qui...
- Ah ! alors entrez, entrez vite.
Elise poussa un soupir de soulagement. Le médecin referma la porte derrière elle.
Il la mena vers son bureau.
- Tenez, le téléphone est là.
- Merci.
La fenêtre du bureau donnait sur la cour. Pendant qu'elle composait le numéro, Elise aperçut le conducteur du break sortir de l'immeuble. Il portait un bébé dans ses bras. Le médecin était revenu dans le bureau et observait Elise. Son regard avait changé. Elle entendit le break démarrer.
-Marlène..
- Co...comment ?
- Vous avez retrouvé sa carte de bus...je l'ai cherchée partout... ça m'inquiétait un peu je vous l'avoue mais maintenant que vous me l'avez rapportée....
Puis il ferma la porte à clef, s'approchant d'Elise en souriant.
Elise ne bougeait plus. Elle venait de s'apercevoir que le téléphone n'était pas branché.
Et puis...
Et puis soudain, il y eut comme une odeur de sang qui sembla envahir la pièce.
Oh, merde !