J’ai retrouvé Isabelle ! Ma première petite amie, la toute première, ma secrète, celle que personne n’a jamais su, sauf elle, bien sûr, j’étais son amoureux, elle le savait, elle ... [+]
Le parcours est périlleux ; derrière chaque colline, chaque bosquet, derrière chaque éminence, chaque virage... nouveau paysage ; quand on atteint une hauteur, quand la trouée entre les arbres le permet, on voit l’horizon s’étendre à l’infini, et puis... nouveau virage, roche en équilibre, on ne voit plus rien, plus rien que le prochain tertre, le prochain sommet, le prochain massif, plus rien que le prochain lacet... ici une ruelle, à gauche un vieil immeuble, quelques carcasses de voitures brûlent, un troupeau de belles vaches brunes, la patronne, grosse cloche noire tinte autour de son cou, le son se répercute sur le flanc des montagnes, quelques magasins flambent toujours, une poussette renversée sur le bord d’un trottoir.
Par endroit, un minuscule village perché, tout en pierres, pignons à redents, un clocher, petit village d’un autre siècle, sa vieille église, vieilles voûtes sombres et rafraîchissantes, à droite, deux lampadaires, immenses quand tombés à terre, gisent, câbles arrachés, le ciment et l’asphalte soulevés à sa base, éclats de verre autour des têtes ; loin derrière, dans le rétroviseur, le clignotement bleu des forces de l’ordre et des secours...
La chaussée est moins large, nids de poule, de la boue en bordure, sommes-nous toujours sur une route ou déjà sur le sentier, le relief s’accentue, nous dévalons une longue courbe étroite bordée de grands pâturages, verts, vert tendre, vert des jeunes cultures, vert de la robe d’Aurore, ici parsemée d’un essaim de tâches rouges, nuage de coquelicots, au loin les reflets d’un lac, une petite bande de casseurs courre, embarrassés de leurs larcins, grands cartons et fringues de marque ; sirènes hurlantes, vitesse, stop au feu vert... trois, quatre, huit véhicules fendent la nuit à pleins gyrophares...
Je m’arrêterais bien pique-niquer à l’orée de ce chemin ombragé, le soleil est haut, l’heure de déjeuner ; nous sommes là, le pain acheté ce matin en quittant le gite est encore croustillant, chaud d’être resté sur la plage arrière, l’habitacle embaume du bon pain, deux tomates bien rouges, jambon rose, rose du cochon joufflu, on en trouve encore dans les petites boucheries de campagne, verre de rosé frais, une poignée de radis roses et quelques chips, feuilles de salade, abricots et pêches trouvées au long du trajet, nature morte sur une large couverture couleur de lama, la rue monte, large avenue... ici tout pourrait être normal, façades de maisons cossues, panneaux encore debout, abri-bus de même. Un mur béant, des traces noires, une montagne de meubles plus loin... objets... électroménager... fracassés... un tas de cendres se disperse au gré du vent, quelques pages épargnées, ouvrages trop épais pour avoir correctement brûlés, autodafé......
Nous examinons avec amusement la colonne de fourmis contourner notre table improvisée, le soleil filtre à travers le feuillage des petits arbres qui nous environnent, assez pour être bien, la brûlure du soleil si longtemps attendue, Aurore est nue, je frôle d’un doigt le creux de ses reins, le grain de la peau y est si sensible, renfoncement incandescent ; tout à l’heure, quelques fourmis téméraires avaient commencé à grimper le long de sa cuisse, maintenant nous sommes reposés, pas exténués, les zones, toutes identiques, ici comme ailleurs, sont désertées, les parkings sont vides, les caddies bien rangés sous leur abri, aucun débris ne traîne, on peut croire qu’il ne s’est rien passé, tout le monde a fui par une autre sortie, lotissements lugubres, neufs, volets éclatants de couleurs stéréotypées... abandonnés... une porte claque, même pas un aboiement, plus d’enfants sur les balançoires en promotion, autres couleurs réglementées, ici les couleurs de ce que doivent être les jeux d’enfants, comme pour tout le reste, le mauvais goût privilégié, le criard, une autre manière de se saborder, la richesse de tous les peintres, la subtilité de leur palette, leurs paysages... machinalement j’allume l’autoradio, rien... un grésillement, l’autre...pas même le silence...
Nous écoutons le silence de la nature...
l’œil était dans la tombe et regardait...
Par endroit, un minuscule village perché, tout en pierres, pignons à redents, un clocher, petit village d’un autre siècle, sa vieille église, vieilles voûtes sombres et rafraîchissantes, à droite, deux lampadaires, immenses quand tombés à terre, gisent, câbles arrachés, le ciment et l’asphalte soulevés à sa base, éclats de verre autour des têtes ; loin derrière, dans le rétroviseur, le clignotement bleu des forces de l’ordre et des secours...
La chaussée est moins large, nids de poule, de la boue en bordure, sommes-nous toujours sur une route ou déjà sur le sentier, le relief s’accentue, nous dévalons une longue courbe étroite bordée de grands pâturages, verts, vert tendre, vert des jeunes cultures, vert de la robe d’Aurore, ici parsemée d’un essaim de tâches rouges, nuage de coquelicots, au loin les reflets d’un lac, une petite bande de casseurs courre, embarrassés de leurs larcins, grands cartons et fringues de marque ; sirènes hurlantes, vitesse, stop au feu vert... trois, quatre, huit véhicules fendent la nuit à pleins gyrophares...
Je m’arrêterais bien pique-niquer à l’orée de ce chemin ombragé, le soleil est haut, l’heure de déjeuner ; nous sommes là, le pain acheté ce matin en quittant le gite est encore croustillant, chaud d’être resté sur la plage arrière, l’habitacle embaume du bon pain, deux tomates bien rouges, jambon rose, rose du cochon joufflu, on en trouve encore dans les petites boucheries de campagne, verre de rosé frais, une poignée de radis roses et quelques chips, feuilles de salade, abricots et pêches trouvées au long du trajet, nature morte sur une large couverture couleur de lama, la rue monte, large avenue... ici tout pourrait être normal, façades de maisons cossues, panneaux encore debout, abri-bus de même. Un mur béant, des traces noires, une montagne de meubles plus loin... objets... électroménager... fracassés... un tas de cendres se disperse au gré du vent, quelques pages épargnées, ouvrages trop épais pour avoir correctement brûlés, autodafé......
Nous examinons avec amusement la colonne de fourmis contourner notre table improvisée, le soleil filtre à travers le feuillage des petits arbres qui nous environnent, assez pour être bien, la brûlure du soleil si longtemps attendue, Aurore est nue, je frôle d’un doigt le creux de ses reins, le grain de la peau y est si sensible, renfoncement incandescent ; tout à l’heure, quelques fourmis téméraires avaient commencé à grimper le long de sa cuisse, maintenant nous sommes reposés, pas exténués, les zones, toutes identiques, ici comme ailleurs, sont désertées, les parkings sont vides, les caddies bien rangés sous leur abri, aucun débris ne traîne, on peut croire qu’il ne s’est rien passé, tout le monde a fui par une autre sortie, lotissements lugubres, neufs, volets éclatants de couleurs stéréotypées... abandonnés... une porte claque, même pas un aboiement, plus d’enfants sur les balançoires en promotion, autres couleurs réglementées, ici les couleurs de ce que doivent être les jeux d’enfants, comme pour tout le reste, le mauvais goût privilégié, le criard, une autre manière de se saborder, la richesse de tous les peintres, la subtilité de leur palette, leurs paysages... machinalement j’allume l’autoradio, rien... un grésillement, l’autre...pas même le silence...
Nous écoutons le silence de la nature...
l’œil était dans la tombe et regardait...