Confuse lueur
s'envole et soudain éclate
en grand feu de joie
Quand je lis Rimbaud, j’ai toujours l’impression tenace qu’une sorte de beauté s’envole des pages pour toucher ce qui est proche, me toucher moi aussi. Des images incroyables de justesse, des couleurs, des sensations. Il chante les filles, un peu. Des cheveux, des formes, des yeux et des bouches, anonymes et passionnelles. Mais plus que tout, il déclame les longs voyages de son adolescence, solitaires et sauvages, sur les routes françaises du XIXème.
Quand je lis Rimbaud, c’est tout un univers qui s’ouvre à moi, c’est la joyeuse symphonie d’un verbe noble et mélodieux. Mais, quand la saveur du voyage et la lumière des routes entre dans la partie, je m’assombris. La liberté, la voilà, la belle ingénue qui glisse comme l’eau des torrents entre les doigts du vagabond. Tout en elle est désirable, tout en elle est promesse de joies. Et lire Rimbaud, c’est comme poser le doigt sur cette liberté tracée au fil des chemins, réaliser la proximité et la facilité du phénomène, puis tomber sur son lit, inconsolable, parce que la vie, ce n’est pas ça.
Et Dieu sait que j’ai essayé de me le faire dire, écrire, penser : c’est bien là, le tracé de ton existence, à tes pieds, la sortie de secours, l’embranchement sacré ! Toute cette agitation dans les individus, toute cette violence contenue, la rage, l’impuissance, et enfin l’oubli progressif, c’est là, la fatalité de la route, qui soulève les cœurs et les passions. C’est là, le salut, c’est là, la caresse de la nature, c’est l’Art, c’est l’Âme, c’est le hurlement du poète !
Seuls de rares inconnus ont le droit de la fouler, l’herbe menue, des vivants qui n’ont rien d’autre à gagner que la beauté d’une épopée aux notes de richesse – et si c’est une torture à mettre en prose, c’est pourtant la grande, secrète, infecte vérité : moi vivant, le voyage me sera refusé. Ainsi la liberté aux ailes inaptes se cache de moi pour mourir sans plus de souffrance, loin des hommes qui l’ont sauvagement mutilée, dans un dôme de nature qu’ignorent toutes les routes du monde.
Quand je lis Rimbaud, c’est tout un univers qui s’ouvre à moi, c’est la joyeuse symphonie d’un verbe noble et mélodieux. Mais, quand la saveur du voyage et la lumière des routes entre dans la partie, je m’assombris. La liberté, la voilà, la belle ingénue qui glisse comme l’eau des torrents entre les doigts du vagabond. Tout en elle est désirable, tout en elle est promesse de joies. Et lire Rimbaud, c’est comme poser le doigt sur cette liberté tracée au fil des chemins, réaliser la proximité et la facilité du phénomène, puis tomber sur son lit, inconsolable, parce que la vie, ce n’est pas ça.
Et Dieu sait que j’ai essayé de me le faire dire, écrire, penser : c’est bien là, le tracé de ton existence, à tes pieds, la sortie de secours, l’embranchement sacré ! Toute cette agitation dans les individus, toute cette violence contenue, la rage, l’impuissance, et enfin l’oubli progressif, c’est là, la fatalité de la route, qui soulève les cœurs et les passions. C’est là, le salut, c’est là, la caresse de la nature, c’est l’Art, c’est l’Âme, c’est le hurlement du poète !
Seuls de rares inconnus ont le droit de la fouler, l’herbe menue, des vivants qui n’ont rien d’autre à gagner que la beauté d’une épopée aux notes de richesse – et si c’est une torture à mettre en prose, c’est pourtant la grande, secrète, infecte vérité : moi vivant, le voyage me sera refusé. Ainsi la liberté aux ailes inaptes se cache de moi pour mourir sans plus de souffrance, loin des hommes qui l’ont sauvagement mutilée, dans un dôme de nature qu’ignorent toutes les routes du monde.