De quelle planète viens-tu ?

Toute histoire commence un jour, quelque part. La mienne, enfin une partie de mon histoire prend son essence dans un endroit assez commun ; un Starbucks dans la capitale française.

Automne 2014, Starbucks, Paris 91 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, France.

Alors que l’odeur des gaufres à 2 euros remplissait le petit restaurant, j’étais assis avec mon caméscope Sony. Là, à observer les aller et retour d’une serveuse d’à peu près mon age. Je tapotais en rythme avec « Smell like teen spirit » émis par les haut-parleurs tout en recherchant un potentiel personnage principal pour mon film. Mais je l’avais trouvé. Le Starbucks était l’endroit parfait pour la simple et bonne raison que du haut de mes 13 ans j’adorais le cinéma, la musique rock des années 90, les gaufres et les jolies filles qui y travaillaient (qui n’aiment pas les jolies filles ?). Alors lorsqu’on se rendait ici, le week-end avec ma famille, j’en profitais pour tourner mes courts-métrages amateurs.

- Tu peux me garder ça chérie ? avait demandé ma mère.

C’était les clés de sa voiture accompagné d’un billet de 10. J’ai fait oui de la tête. Elle m’a souris, s’est levé puis est partie en direction des toilettes pour femmes. J'étais resté quelques longues secondes à me demander pourquoi elle mettait autant de temps aux toilettes, mais c’était un truc de « fille ». Évidement je ne pouvais pas le comprendre.

Ensuite, j’ai eu envie de commander une gaufre, bien que j’en ai déjà engloutit 4 avant celle-ci. Je ne savais pas quoi faire et je voulais revoir cette fille. Mais voyez-vous lorsque je m’apprêtais à le faire, je l’ai vue qui rongeait son tablier de travail. J’avais dû la fixer avec persistance assez longtemps pour qu’elle le remarque. Elle sourit. Je le lui ai rendu. Et la première chose qui m’était venu à l’esprit c’était « Waouh ! Je l’aime ». En l’espace d’une seconde je suis tombé amoureux. Jeune. Innocent. Et surtout naïf, j’étais. Je me suis senti dans l’obligation de la suivre à l’extérieur quand elle a enfilé son manteau noir juste au-dessus de ses épaules puis s’est éclipsé par la porte.

Elle m’avait lancé un regard qui avait tout d’un « Suis-moi ». Je vous le jure. J’ai rassemblé le peu d’affaires de ma mère et je l’ai suivi dans les rues de l'arrondissement numéro 6 de Paris.

A l’extérieur il faisait horriblement froid et sombre. Plus je m’éloignais et moins j’entendais le tube balancé à l’intérieur du restaurant. Donc, j’ai placé mes écouteurs qui jouaient « Rock and Roll Ain’t Noise Pollution » de ACDC parce que je carburais spécialement au rock ’n’ roll (Et aux jolies serveuses mystérieuses qui aimaient être suivi dans l’obscurité). Je l’ai aperçu. La fille. Et j’ai aussitôt pressé le bouton record de mon caméscope. Elle apparaissait, disparaissait et tournait sur elle-même derrière les géants érables au couleur automnale.

Elle avait un sourire qui fondait souvent en petits éclats de rire sans que je ne sache s’il m’était destiné, à moi, ou à mon appareil.

Elle reculait chaque fois que je me rapprochais et découvrais trop ses grands yeux vert éclairés par mon flash. Grand yeux vert qui comme son possesseur me fascinaient. Puis, d’une seconde à l’autre, elle s’est retrouvé devant moi, a fermé mon caméscope, l’a éteint et m’a demandé d’une voix monocorde.

- A quoi est ce qu’on joue exactement ?

Elle n’était qu’a quelques centimètres car je pouvais sentir son odeur de pancake...non de GAUFRE !

- Je ne sais pas.

Je ne voulais pas savoir. On s’amusait, c’était le principal.
C’était dingue mais j’ai eu envie de dire à cette inconnue que j’étais fou amoureux d’elle depuis 2 minutes. Je n’avais pas pu placer un seul mot qu’elle m’a fait « chute ». Il eut un klaxon puis un halo de lumière nous a éblouit les yeux. Ce n’était pas maman, j’avais ses clés.

- Tu me le diras la prochaine fois.

J’allais lui demander quelle prochaine fois mais elle s’est éloignée. Je n’étais là que pour un week-end, je vivais à 153 kilomètres d’ici, en haute Normandie et je ne connaissais ni son prénom ni rien d'autres de concret.

Il y avait deux personnes de l’autre côté de l’autoroute. Ils semblaient l’attendre. Une fille et un garçon tous les deux blonds. Elle les a rejoints après avoir traversé la voie puis a sauté dans les bras du garçon. Mon champ de vision se brouillait devant ce tableau qui ressemblait fortement à un schéma post apocalyptique. Pour une raison qui m’échappait je m'étais sentis trahi. J’étais dégoûté, énervé et triste à la fois.

« Prochaine fois » se foutait-elle de moi ? Mon cœur s’écrasait violemment contre ma cage thoracique emportant mes deux poumons avec. Quelques choses qui signifiaient que je n’aurais plus jamais envie d’aimer. Grosso-modo je venais de vivre mon premier et surement mon dernier amour en moins d'une heure et ça...C'était assez drôle.