Dans la gueule de l’océan affamé

J'écris mes cris que je décris sur mes frêles pages blanches, laissant mes mots qui appaisent mes maux bourlinguer pour dire bonjour aux quatre coins du monde. L'écriture est pour moi une arme ... [+]

Toute histoire commence un jour, quelque part. Cette histoire se déroulait au milieu d’une nuit où tout semblait sombre et morose, les coups des vagues furieuses faisaient tanguer la pirogue dans laquelle s’était embarqués le jeune Ousmane et une centaine de jeunes désespérés qui voulaient franchir la méditerranée pour rejoindre les portes de l’Occident dont ils considèrent comme un eldorado.
Le jeune Ousmane, un jeune homme de 15 ans qui avait comme rêve depuis tout petit de devenir médecin après ses études. Il avait ce rêve parce que, étant tout petit, il s’est passé sous ses yeux un incident douloureux qui le hantait et qui continuait toujours de hanter son esprit. C’était un jour de vendredi, son père était sur son lit de mort, il agonisait, Ousmane étant jeune et l’aîné de la famille, il regarda son père rendre l’âme sans pour autant qu’il ne puisse rien y faire. Il décida alors qu’après le baccalauréat, il optera de suivre la médecine à l’Université pour sauver des vies.
Les parents d’Ousmane étaient pauvres, ils n’avaient pas assez de moyens pour subvenir à tous les besoins qu’ils désiraient. Sa mère vendait des légumes devant leur maison pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Parfois, sa mère peinait à avoir de quoi leur donner pour manger, ils dormaient même parfois sans mettre quelque chose dans la panse. En 2015, Ousmane, un jeune très intelligent à l’école, devait faire la Terminale et c’était l’année où il devait faire le Baccalauréat. Il était un garçon timide, discipliné et studieux, ses professeurs lui témoignaient toujours d’être un garçon qui a de très bonnes notes.
Dans le quartier où il habitait, tout le monde parlait de lui, car, durant chaque semestre, il amenait de très bons résultats et cela rendait très fier sa mère qui accordait beaucoup d’espoir sur son fils. Sa mère lui disait à chaque fois « Ne baisse jamais les bras, tu es mon fils aîné et tu demeures mon espoir ». Ces mots résonnaient toujours dans les méninges d’Ousmane raison pour laquelle il faisait feu de tout bois pour ne pas décevoir sa mère qui portait beaucoup d’espoir en lui.
Un jour, pendant qu’il descendait de l’école, sur la route du retour, Ousmane et ses amis virent une très belle maison qu’ils avaient laissée en construction durant les vacances. Ils s’étonnèrent et restèrent des heures à contempler la maison à magnifier sa construction, ses portes et ses fenêtres telles des personnes qui n’ont jamais vu une maison comme celle-ci. Un de ses camarades de classe leur dit que la maison était celle de son oncle, un émigré qui fut un marchand ambulant et qui a fini par prendre les pirogues pour rejoindre l’Europe où il a eu à avoir tous ces moyens qui lui ont permis de construire cette maison.
Pendant que son camarade expliquait, une image se dessinait sur la tête d’Ousmane qui se disait au creux de lui que c’est une alternative, une occasion pour lui de faire la même chose. Prendre les pirogues pour aller en Europe et devenir riche pour rendre heureuse sa famille et aider sa mère qui fait autant de sacrifice pour lui et ses frères. Il trouva cette idée farfelue, celui d’abandonner l’école pour aller en Europe. Durant la nuit tout entière Ousmane se mettait à méditer profondément sur ce qu’il venait d’entendre de la part de son camarade sur son oncle. Des voix résonnaient dans sa tête, comme si sa conscience et son subconscient se battaient pour prendre la meilleure des décisions, c’est-à-dire celle de rester chez soi et y réussir ou celle d’aller en aventure pour espérer avoir un avenir meilleur. Ainsi, durant toute cette nuit, il se plongea dans le dilemme.
Il s’est mis à cogiter durant toute la nuit jusqu’à ce que le soleil se lève. À peine qu’il a voulu fermer, l’œil, les coqs chantèrent. Ousmane se leva, se lava le visage et salua les membres de la famille avant d’emprunter le chemin de l’école. Arrivé à l’école, il alla rejoindre ses camarades de classe avec qui, il partageait les mêmes idéologies et les mêmes ambitions. Il leur salua et ils reprirent brièvement la discussion qu’ils avaient commencée depuis hier concernant leurs ambitions d’aller en Europe et d’aider leur famille comme l’a fait l’oncle de son ami Fabien.
À huit heures, la cloche de l’école sonna pour dire à tous les élèves d’entrer en classe et attendre le professeur. Ils entrèrent, vu qu’ils s’asseyaient pratiquement sur le même rangé, ils continuèrent la discussion. Ousmane se coucha sur la table pour dormir un peu avant que le professeur entre. Ses camarades continuèrent la discussion et pensaient toujours qu’Ousmane a failli à son engagement et ne prenait pas au sérieux leur discussion. Quand le professeur entra, Ousmane était toujours couché sur la table en train de dormir. Le professeur fait le rappel et toujours, il dormait, arrivé à son tour, le professeur appela son nom, il ne répondit pas, le professeur constata qu’Ousmane dormait. Il l’appela à haute voix. Ousmane sursauta et répondit présent comme un homme surprit en flagrant délit. Le professeur le regarda et lui demande ce qui n’allait pas. Ousmane répondit d’un air un peu placide que tout allait bien.
Le professeur pensa qu’Ousmane faisait ses devoirs jusqu’au milieu de la nuit. Il lui conseilla alors de faire ses devoirs très tôt comme ça, il aura le temps de se coucher très tôt. Il écouta sagement les conseils de son professeur et répondit affirmativement, Oui monsieur !
Ce jour-là, Ousmane ne participa pratiquement pas au cours, ce que le professeur et une de ses camarades Khadija trouvèrent étrange parce qu’à chaque cours, Ousmane participait pleinement au cours et lever la main à chaque instant pour répondre aux questions que posait le professeur. À la récréation, le professeur l’appela et lui posa la même question. Il hocha la tête et lui dit que tout allait bien, qu’il avait juste sommeil parce qu’il a profité toute la nuit pour apprendre ses leçons.
Le professeur lui dit encore une fois de ne pas travailler comme ça, parce que la nuit, il faut tranquilliser l’esprit et bien dormir. Ousmane acquiesça et dit au professeur qu’il ne fera plus ça. Il sortit et rejoignit ses camarades qui le trouvaient désintéressé de leur discussion. Ils le demandèrent pourquoi il ne participait pas à la discussion. Il leur répondit en leur disant qu’il réfléchissait et qu’il leur dirait ce qu’il en pense. Ses camarades le motivèrent en lui disant que c’est l’eldorado qui les attend, qu’ils mourront dans la pauvreté s’ils restaient au pays. Ils lui disent que l’Europe, c’est le paradis sur Terre, que ce qu’ils voient dans la télévision en ait la preuve. Les gens de là-bas ont de très belles maisons, de très belles voitures, etc. Ousmane se laissa emportait par les discours enjôleurs de ses camarades qui ne voyaient que partir.
À la fin de la récréation, ils entrèrent en classe. Ousmane continua de garder le silence comme s’il était absent. Khadija, sa camarade de classe, écrivit une question sur un petit bout de papier et le glissa doucement sans qu’il n’y ait des remarques. Ousmane prit le bout de papier et voit la question de sa camarade Khadija qui lui proposait de nouer une discussion après les cours. Il accepta la demande de cette dernière.
À la descente, ses camarades voulurent partir ensemble avec lui, il leur dit qu’ils pouvaient partir sans lui parce qu’il devait attendre quelqu’un d’autre. Ses camarades partirent. Après que tous les élèvent, furent parti, Ousmane et sa camarade marchèrent tout doucement en discutant. Khadija lui disait, qu’elle le trouvait bizarre ce matin en classe, qu’il n’a jamais dormi en classe. Elle voulait savoir ce qui n’allait pas chez son camarade. Ousmane lui donna la même réponse qu’il avait donnée au professeur. Il lui dit de ne pas s’inquiéter et que tout allait pour le mieux. Il rassura sa camarade. Khadija voulait coûte que coûte découvrir ce qui arrivait à son camarade, mais par les explications que lui adressait ce dernier, elle s’en est tenu là et a essayé de le conseiller à revoir sa méthode de révision. Ousmane écouta les conseils de sa camarade avec attention et lui rassure encore une fois. Ils se séparèrent avec une accolade.
Une semaine plus tard, il décida enfin avec ses camarades de partir en Europe. Ils commencèrent alors à faire la maçonnerie pour collecter de l’argent pour avoir la somme complète qui peut leur permettre de payer le prix du transport. Durant trois semaines, ils n’allèrent pas à l’école à l’insu de leur parent. Pendant qu’ils sortaient de bonne heure chez eux, ils prenaient leurs sacs pour ne pas être soupçonné par leurs parents.
Un jour, sa camarade Khadija décida qu’après la descente, elle se rendrait chez Ousmane pour voir ce qui a pu bien arriver à ce dernier pour qu’il s’absente trois semaines. Elle ne savait pas qu'Ousmane avait demandé au préalable une autorisation d’absence d’un mois. Il avait dit à l’administration qu’il devait partir au bois sacré avec sa famille et que cette rituelle sacrée dure un mois. À la descente, Khadija se rendit chez son camarade Ousmane, il trouva la mère de ce dernier en train de préparer le repas. Elle demanda à la mère d’Ousmane où se trouvait ce dernier. La maman lui répond en lui disant qu’Ousmane était parti à l’école depuis le matin. Khadija comprit alors qu’Ousmane avait menti à sa mère et qu’il se passait quelque chose. Ne voulant pas mettre la maman dans le souci, elle lui dit que c’est probable qu’il soit en route et qu’elle était juste passé pour lui dire qu’elle organisait une petite fête chez elle. La mère d’Ousmane lui dit qu’elle le lui dira dès son retour.
Ousmane revint à la maison un peu plus tard, sa mère lui fait part de la venue de sa camarade d’école. Il se sentit alors bouleversé parce qu’il pensait que Khadija a tout raconté à propos de son absence à l’école à sa mère. Il demanda à cette dernière ce que Khadija lui a dit. Sa mère lui fait part du message de sa camarade à propos de la fête. Il comprit alors que Khadija n’a pas dit la vérité à sa mère. Il se hâta, et dit à sa mère que Khadija le lui avait parlé et qu’elle avait probablement oublié.
Le lendemain, matin, il passa vers la maison de sa camarade en espérant la voir pour l’expliquer sur son absence en classe. Malheureusement, il ne rencontra pas cette dernière. Il continua et prit le chemin qui lui mène au chantier. Pendant qu’il travaillait, la venue de Khadija chez lui hantait son esprit, car il ne voulait pas que cette dernière s’inquiète trop pour lui. Il passa toute cette journée à penser à sa camarade. Il décida alors de se rendre chez elle après le boulot. Le soir venu, il se rendit chez Khadija, il trouva cette dernière en train de réviser. Il entra et noua une discussion secrète avec elle. Il lui dit qu’il avait pris une autorisation d’absence parce qu’il devait travailler pour régler quelques besoins à la maison. Qu’il est l’aîné de sa famille et qu’il ne supportait pas de voir sa mère se donner autant de sacrifices pour subvenir à leur besoin raison pour laquelle il a préféré demander une autorisation d’absence pour aller faire de la maçonnerie afin de gagner une somme pour aider sa mère.
Khadija le regardait et l’écoutait avec attention. Elle voyait en son camarade un jeune homme très ambitieux qui rêvait d’aider sa famille surtout sa mère. Khadija lui dit, que s’il a besoin de quoique ce soit, il peut le lui dire. Elle expliquera tout à ses parents afin que ces derniers puissent les aider. Ousmane regarda sa camarade et lui dit, de ne pas se faire de la peine pour lui, qu’il pouvait se débrouiller tout seul et qu’il était un homme et que les hommes doivent toujours se battre pour gagner leur vie avec dignité. Il rassura alors à Khadija qu’il sera bientôt de retour à l’école.
Le samedi à 21 h, les candidats à l’émigration clandestine se donnèrent rendez-vous à Saint-Louis pour le départ. Ousmane et ses camarades avaient la somme complète pour le transport et ce qu’ils doivent dépenser une fois arrivée en Europe. Arrivés à Saint-Louis, ils descendirent et allèrent rejoindre les autres. Ousmane décida enfin de s’embarquer. Ses camarades et lui étaient persuadés que l’aventure ne sera pas périlleuse et que, dès que le ciel soulèvera son voile noir, ils seront enfin en Europe. Avant le départ, Ousmane regardait derrière lui, et pensait à ce que sa mère allait devenir à son absence. Mais il y avait une voix qui lui disait de s’embarquer avec les autres afin d’aller se faire fortune, afin d’aider sa mère et tous les membres de sa famille.
Il s’embarqua alors avec ses camarades et les autres. Ce jour-là, les vagues étaient furieuses, l’océan était tombé dans une grande colère. Dans la pirogue, les candidats à l’émigration avaient allumé un petit feu pour se réchauffer. Au fur et à mesure que leur pirogue avançait, les vagues faisaient tanguer la pirogue dans tous les sens. Les oscillations semaient la peur dans les esprits et les cœurs de toutes les personnes dans l’équipage. Le doute de franchir l’océan affamé se répandait dans l’esprit de tout le monde dans la pirogue. Pendant que les oscillations étaient de plus belles, quatre des émigrés tombèrent dans l’eau et furent engloutis par l’océan affamé. La panique naquit et toutes les personnes dans la pirogue furent bouleversées. Tout à coup, des cris se faisaient entendre, il y avait des enfants de 14 voire 15 ans dans la pirogue. Ils étaient tous désespérés par le drame qu’ils venaient de voir. L’océan était de plus en plus furieux et dansait avec la pirogue encore et encore. Aux environs de deux heures du matin, un vent violent, semblable à une tempête aggrava la situation. Le vent souleva la pirogue et l’océan cracha dedans. Ousmane et ses camarades prenaient des pots pour enlever l’eau abondante qui entrait dans la pirogue. Vu les durs coups des vagues, la pirogue fut renversée et tout le monde tomba dans la gueule de l’océan.
Ceux qui ne savaient pas nager furent engloutis par l’océan, les autres tentaient à bout de forces de s’échapper, mais la force de l’océan et du vent était si forte qu’Ousmane et ses camarades avaient du mal à bien nager. Les requins commencèrent à faire surface, la peur s’intensifiait et Ousmane voit quelques-uns de ses camarades périr en se noyant. Il ne restait que quelques individus qui nageaient et faisaient feu de tout bois pour s’échapper, mais la situation devenait de plus en plus grave. Au bout de quelques heures, Ousmane n’arrivait plus à tenir, il n’y avait pas quelque part ou tenir pour souffler, alors il regarda le ciel et pensa au chagrin qui hanterait sa mère quand cette dernière apprendra sa mort. Au bout de quelques minutes, Ousmane se noya et laissa l’océan affamé l’engloutir. Sa mère, qui s’inquiétait sur l’absence de son fils aîné, apprit un jour que ce dernier était emporté par l’océan. Elle vécut quelque temps avec ce douloureux chagrin qui a fini par l’emporter dans l’au-delà.