Le 2 avril 2017, après plusieurs mois de doutes et d’investigations poussées devant le miroir de sa salle de bain, Martin Walker, trente-cinq ans, dut se rendre à l’évidence : ce qu’il ... [+]
Elle l’attend dans le salon, souriante, un verre de vin à la main. Le dîner est prêt. Ce soir encore, elle s’est fait belle pour lui : robe noire en velours, collier de perles.
ça a toujours été lui, elle dit à ses amies, lui au lycée quand elle était une jeune fille timide et qu’il l’avait remarquée, lui à l’université, il étudiait médecine et elle avait arrêté ses études de secrétaire médicale. C’était mieux qu’elle reste à la maison. Après tout, ils n’avaient pas de problème d’argent.
Elle ne comprend pas ses amies qui disent, parlant de leurs maris : je veux reprendre des études, m’émanciper, je peux plus me le voir, il rentre et met les pieds sous la table, je couche avec mon prof de dessin, j’ai droit d’être heureuse, non ?
Elle, est parfaitement heureuse. Bien sûr, il y a ses problèmes de santé. Elle a toujours eu une constitution fragile : migraines, maux de ventre. Depuis quelques mois, ça empire. Elle vomit, perd ses cheveux. Elle si coquette, fait tout pour le lui cacher.
Ce soir encore, elle s’est fait belle pour lui. Sa robe noire flotte autour de son corps devenu trop maigre. Elle a mis du rose aux joues pour cacher son teint cireux.
*
Il entre, il se souvient d’elle la veille, elle était là, avec son verre de vin, le visage crayeux. Elle ressemblait à un fantôme dans sa robe noire, et les mots s’étaient insinués dans son esprit, c’est la dernière fois, la dernière fois que je la vois. Il était allé lui chercher un verre de vin, ils s’étaient assis au salon, elle lui avait caressé la main, il avait raconté sa journée. Elle avait écouté. Ils avaient fait comme si c’était un soir semblable aux autres.
Il ouvre la porte, vite, l’imagine allongée sur le canapé, fiévreuse, le pouls déjà faible. A moins qu’elle ne soit morte.
Il croise son reflet dans le miroir. Cheveux bruns plaqués en arrière, yeux perçants, nez un peu busqué, comme un aigle. Il a une belle gueule. Il le sait, le regard des femmes ne trompe pas. Il remarque une trace de rouge à lèvres sur le col de sa chemise mais ne fait rien pour l’enlever. Il s'en fout, maintenant. Hier soir, il a doublé la dose d’arsenic dans son verre. Six mois que cette putain agonise. Il fatigue.
Il entre et elle l’attend dans le salon, souriante, un verre de vin à la main.
ça a toujours été lui, elle dit à ses amies, lui au lycée quand elle était une jeune fille timide et qu’il l’avait remarquée, lui à l’université, il étudiait médecine et elle avait arrêté ses études de secrétaire médicale. C’était mieux qu’elle reste à la maison. Après tout, ils n’avaient pas de problème d’argent.
Elle ne comprend pas ses amies qui disent, parlant de leurs maris : je veux reprendre des études, m’émanciper, je peux plus me le voir, il rentre et met les pieds sous la table, je couche avec mon prof de dessin, j’ai droit d’être heureuse, non ?
Elle, est parfaitement heureuse. Bien sûr, il y a ses problèmes de santé. Elle a toujours eu une constitution fragile : migraines, maux de ventre. Depuis quelques mois, ça empire. Elle vomit, perd ses cheveux. Elle si coquette, fait tout pour le lui cacher.
Ce soir encore, elle s’est fait belle pour lui. Sa robe noire flotte autour de son corps devenu trop maigre. Elle a mis du rose aux joues pour cacher son teint cireux.
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Il entre, il se souvient d’elle la veille, elle était là, avec son verre de vin, le visage crayeux. Elle ressemblait à un fantôme dans sa robe noire, et les mots s’étaient insinués dans son esprit, c’est la dernière fois, la dernière fois que je la vois. Il était allé lui chercher un verre de vin, ils s’étaient assis au salon, elle lui avait caressé la main, il avait raconté sa journée. Elle avait écouté. Ils avaient fait comme si c’était un soir semblable aux autres.
Il ouvre la porte, vite, l’imagine allongée sur le canapé, fiévreuse, le pouls déjà faible. A moins qu’elle ne soit morte.
Il croise son reflet dans le miroir. Cheveux bruns plaqués en arrière, yeux perçants, nez un peu busqué, comme un aigle. Il a une belle gueule. Il le sait, le regard des femmes ne trompe pas. Il remarque une trace de rouge à lèvres sur le col de sa chemise mais ne fait rien pour l’enlever. Il s'en fout, maintenant. Hier soir, il a doublé la dose d’arsenic dans son verre. Six mois que cette putain agonise. Il fatigue.
Il entre et elle l’attend dans le salon, souriante, un verre de vin à la main.