Coupables ! Eux ou Nous?

Un jeune amoureux de tout ce qui a rapport à l'art surtout à la mode et à la littérature. Mon fantasme le plus fou, c'est imaginer et écrire pour faire plaisir à ceux que j'aime. Étudiant des ... [+]

« Toute histoire commence un jour, quelque part, la nôtre commence au cœur de notre chère Afrique. Prohibés, notre liberté, notre pain quotidien et même notre espoir étaient oubliés et enterrés là-bas sous les fondations des amoureux de l’éternel pouvoir. Ceux-là qui, tirent sur les textes constitutionnels et les ressuscitent après, par leurs magiques projets de société fastidieux ; qui nous exfolient nos efforts, nos visions et nos chances pour nous abandonner aux problèmes les plus ingrats de l’humanité et pour nous contraindre à chercher un ailleurs.
Nous avions fui très tôt cette injustice pour nous rendre dans un autre pays du continent. Au début, nous y sentions très bien accueillis mais il a fallu une saison de, voter mon parti politique, voter pour le bloc de l’opposition qui, après milles concertations vous désigne UN candidat, UN candidat unique, le Messie du peuple divisé, bafoué et affamé, celui de la jeunesse, celui qui vous offrira les mêmes droits... Je peux croire qu’aujourd’hui toute l’Afrique se ressemble plus au plan politique que celui racial. Le camp de ceux qui estimaient avoir gagné au premier tour, demandent à la cour constitutionnelle de revoir les résultats proclamés. Ce que les représentants de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et de la grande Communauté Internationale ont validé, est-ce la petite cour constitutionnelle de ce minuscule pays, où les dirigeants même n’ont aucune confiance en leur système éducatif, sanitaire, judiciaire voire même leurs centres commerciaux, qui dira le contraire ?
Les résultats sont demeurés inchangés car on ne change pas l’équipe qui est au pouvoir, ce serait une grosse erreur de l’envisager, de le penser ou même de le rêver au risque de tout virer au cauchemar. Pourtant, cette équipe têtue dite opposant au super puissant parti du président au pouvoir qui, n’avait même pas fait usage des moyens de l’Etat pour gagner en un clin d’œil; tenta ce qu’ils auraient pu s’éviter et nous éviter.
La guerre civile a été sifflée, les balles se réfugiaient dans le corps des hommes, femmes et enfants, elles ne distinguaient pas l’innocent du coupable, le mineur du majeur ni le chrétien du musulman. Tous unis dans une communion de fuite, nous nous dirigeâmes vers la frontière du pays voisin. Nous passâmes trois semaines à marcher, trois semaines à fuir en déchirant la paix de la forêt, en piétinant les rochers et en enjambant les cours d’eau juste pour avoir la vie sauve. Nous avions marché encore pendant deux jours pour réussir à fuir définitivement cette bête métallique qui crachait des tubes durement taillées qui perforaient mes semblables telle une flèche sur les feuilles d’un arbre.
Nous nous sommes soutenus sur la grande voie qui nous avalait chaque fois qu’on évoluait sans l’eau ni la nourriture pendant soixante-heures; on s’hydratait par la rosée qui tombait sur les feuilles et se nourrissait des fruits que nous arrachâmes des arbres sans leurs accords en privant quelques fois les oiseaux de se nourrir. Notre christ était venu vers nous dans une petite camionnette, en direction du désert, nous n’avions qu’un seul choix à faire, celui qui allait nous sauver de la faim et de la soif. Face à son interrogation ‘’Où allez-vous ?’’ Nous répondîmes en chœur : ‘’dans le même sens que vous bon samaritain ‘’. Il nous offrit de l’eau et un peu de pain, la route fut moins longue pour nous car le ventre de la bête dans laquelle nous nous glissâmes, filait très vite malgré son état trois sur dix. Elle n’avait plus qu’un seul essuie-glace, qui se reposait sur la vitre fissurée mais soutenue par des Scotchs, le pare-brise, le pare-choc, les portières, le reste étaient semblables aux outils préhistoriques. Seul le moteur vrombit bien jusqu’au point où son ronflement absorba celui de Kafui.
Nous arrivâmes dans une province où tous les habitants étaient vraiment différents de nous, c’était la première fois que nous voyons ces gens. On ne comprenait pas grands choses de ce qu’ils se disaient sauf quand ils font usage du français qui était la langue véhiculaire du milieu. Nous commençâmes par travailler chez un orfèvre pour gagner notre vie qui s’éteignait ; nos deux semaines passées chez lui ne nous avaient rapporté que quelques pièces d’argent, qui ne servirent qu’à prendre quelques pains et sachets d’eaux. Nous vécûmes cette misère encore pendant un an avant de devenir délibérément les candidats en course pour cette aventure sur la mer entre les terres : la Méditerranée. »
Quand Sado abandonna ses souvenirs et leva la tête, une larme coulait de ses yeux braqués sur son frère allongé sur le lit d’hôpital, branché à un respirateur. Il garda espoir que son frère-ami Kafui, son compagnon d’aventure, ira mieux d’ici peu et se réveillera de ce sommeil inconscient qui le tient dans le coma depuis trois mois. Ils étaient dans un hôpital sur la presqu’île entre la Saône et le Rhône. Le médecin se tenait debout devant Sado en partageant intérieurement sa peine et sa solitude grandissante. Il y a trois mois, il se fatiguait de sa présence répétée au chevet de son frère, il avait décidé de compatir à la douleur du jeune migrant voisinant la vingtaine. Il toucha son épaule une première fois, une seconde fois et s’assit à côté de lui.
Sado, n’est-ce pas votre nom ?
Oui docteur.
J’imagine ce que vous endurez depuis quatre-vingt-dix jours, c’est difficile de vivre la présence comateuse d’un proche. J’ai à un moment de ma vie, traversé une pareille situation où j’ai passé deux ans à voir ma chère épouse dans un tel état... Oh ! Dieu que c’est malheureux.
Ce n’est pas la même chose, je vous signale que nos peines ne sont pas les mêmes et de plus la vôtre appartient déjà au passé ; la mienne est très bien au présent. J’ai embarqué il y a de cela trois mois sur ce maudit bateau avec celui-ci même, qui est presque sans vie aujourd’hui. Il était bien vivant et très heureux de fuir ces terres où la faim déchirait sans pitié ni négociation notre estomac. Il était bien vivant, le petit matin lorsque le bateau s’engagea sur les eaux de cette mer qui est entre les vingt-un pays qui la limitent au nord et au sud, il était assis à côté de moi et une belle fille, qui voyageait avec nous, ne cessait de le regarder, de l’admirer et peut-être de fantasmer à son sujet. Le bateau évoluait et dessinait sa trajectoire en sciant les vagues qui montaient pour se mesurer à lui, elles réussissaient quand-même à nous asperger bien qu’on avait froid et qu’on grelotait déjà. Les matins surtout, quand le froid attaquait notre foie, notre pancréas et même notre gorge pour affaiblir notre voix, les vagues ne prenant pas en compte ces paramètres déjà configurés se jetèrent sur nous pour nous soumettre au bain matinal forcé. Les montagnes et les navires de loin, nous tenaient compagnie sur cette grande mer à la grande gorge, au visage plat et aux bras agités. On était à deux jours d’ici quand le maudit mât auquel était suspendu un enseigne qui renseignait sur le bateau, se cassa. Il descendit directement sur mon ami, suite à une violente tempête qui nous jalousait peut-être. Il reçut le coup au front ; le coup que reçut le bateau, le troua. Le bateau se mit à boire peu à peu de l’eau, les cris infantiles se mélangèrent au bruit brouillant des vagues qui montèrent ouvrant leurs gueules comme pour avaler le bateau. Le capitaine du bateau passa un signal SOS à tous les navires qui seraient dans le périmètre immédiat. J’aidai mon frère à se lever mais il était déjà très inconscient, le sang coulait de sa tête, il ne réagit pas à mes secouements, il ne répondait plus. Le soleil réapparut un moment après, et se moquait de moi, en dressant ses rayons sur mon visage mouillé et triste. Les autres se mirent à éponger le bateau grâce à leurs habits, un homme de la quarantaine administra le premier soin de secours à mon frère avant que le bateau ne se divise en deux. On passa encore une journée sur les radeaux avant d’être secourus par un bateau de pêche, mon espoir renaquit, mais mon frère ne se réveillait toujours pas. D’une centaine à embarquer, seulement une quarantaine survécue. Les uns sont morts par noyade, d’autres par accident du mât et certains à cause du froid. Vous vous rendez compte monsieur, le doto que nos histoires ne peuvent jamais se ressembler ? Et de plus, nous avons une différence de couleur de peau.
Sans vous vexer, reconnaissez que vous êtes un perroquet, ça fait la quarante-huitième fois que je l’entends, votre histoire-là. Même si mon histoire n’est pas la même que la vôtre, écoutez-la au moins d’abord.
Ça ne me consolera pas ni ne me ramènera pas mon Kafui, votre histoire.
Elle commence, dix ans plutôt. Nous avons quitté notre pays pour ici.
C’est où votre pays ?
La Grèce.
Celle qui est dans notre corps ? Demanda-t-il ironiquement.
G-R-Ê-C-E et non graisse.
Le médecin garda son calme un moment, le tic-tac de la pendule de la salle d’accueil parvenait jusqu’à eux. Sado demanda poliment au médecin de poursuivre son histoire, il considéra Sado d’un œil et ouvrit à nouveau sa bouche : « ...donc nous avons pris par la même mer que vous mais pas dans les mêmes conditions, je voulais finir mes études ici, c’est pour ça que j’ai migré. Après deux mois à l’université, je fis la rencontre de Marilèce, une adorable et majestueuse jolie fille. Elle avait fini ses études des lettres modernes et nous nous sommes mariés trois ans plus tard ; elle avait écrit deux livres que son éditeur avait rejetés pour la qualité linguistique et stylique de l’œuvre, elle était déçue, parce-que pour elle, c’était un travail du siècle qu’elle avait fait. Elle a passé des années à créer une intrigue linguistique, dans laquelle, les personnages sont les langues ethniques des peuples africains et la langue française. Cette langue qui était une langue véhiculaire, d’adoption et de travail. Comment pouvait-on refuser un tel travail qui statue sur l’avenir de la langue française et les autres langues, notamment les langues ethniques d’Afrique et l’anglais, qui absorbe peu à peu le français avec ce phénomène d’anglicisme? Si ce terroriste, djihadiste et raciste d’éditeur avait vite accepté publier les œuvres de ma petite chérie d’amour, s’il avait compris que ce ne sont pas que des noms de personnes, des objets... qui peuvent-être les personnages d’une œuvre littéraire, et que les langues, les lettres et les mots peuvent aussi l’être, ma chérie n’aurait pas eu cet accident qui lui a coûté la vie après deux ans dans le coma... »
Elle est morte suite à un accident alors ! Oh ! je suis navré, je n’aurais pas dû vous juger un peu plus tôt, veuillez m’excuser... Non ! s’il vous plaît ne pleurez pas, séchez vos larmes cher ami.
Il parvint au bout de trois minutes à consoler le médecin. Ils se regardaient un moment ; Sado voulait connaitre la fin de l’histoire mais, il l’imagina puis y mit un point final. Les oscillations de l’écran du respirateur auquel était branché le comateux se redressaient, le médecin tenta de le réanimer, mais vainement. Sado comprit qu’il venait de perdre pour toujours son ami, son frère et son compagnon d’infortune Kafui. Il se replongea dans ses souvenirs, cette fois-ci, il eut les souvenirs du village, où à l’approche des fêtes, Kafui jouait au masque, Caléta et lui jouait le rôle du chanteur et du  tamtameur. Les cris de ces vieux tam-tams, résonnaient encore dans son cœur vide en lui donnant de la joie. Il quittait ceux-là pour visiter ceux de l’école de base, où les maîtres les contraignaient à bien parler le français sinon il les punissait en leur collant le signal au cou. Il eut souvenir, de ce que disait Kafui chaque fois, qu’on le punissait : « Le jour je verrai celui-là qui nous a imposé le français, et ces gouvernants qui, ont pris l’engagement de l’officialiser, chacun d’entre eux me sentira Walaï ! Mahou ! Ogoudié ! »
Je suis désolé mon ami c’est la volonté divine. Confia le médecin à Sado qui se tenait devant le corps sans vie de son ami d’arme et frère d’âme.
C’est rien, chez nous, la mort est perçue comme une étape vers la perfection. Il reviendra sur terre dans un autre corps pour finir sa mission. répondit Sado en accompagnant du regard le corps de son ami qu’on envoyait tristement à la morgue.
Cinq mois plus tard, il trouva un petit emploi dans une épicerie du coin. On vit tous pour aimer un être qui est fait pour nous, ou que nous apprenons à aimer certainement ; il vient comme un tyran, en s’imposant et en obligeant à se plier à quatre pattes pour le servir. Sado rencontra Christy, une belge.
Le soir de la Saint-Valentin avant de se présenter au rendez-vous, il alla acheter un joli bouquet et ajouta quelques mots que lui-même avait formulés pour la fille :
« L'intérêt principal d'un amour saint,
Royal et loyal est La douceur de la fin,
Celle qui rendra l'univers charmant,
Les fleurs dansant, Mon cœur battant,
Et mes lèvres murmureront à jamais Je t'aime.
Précieux destin accablera mon estime,
Luxueux vins, en ton honneur Couleront.
À la guise de tes désirs, je baiserai ton front.
À notre joie, seront mêlés nos plaisirs profonds
Je te porterai l’anneau au doigt pour le témoignage d’un amour éternellement fort. »
 Habitants du monde entier, outres les menaces environnementales, notre planète est sujet des menaces terroristes. Pour une idéologie ou une autre, les innocents tombent chaque jour comme les feuilles d’arbre en automne, partout dans le monde entier. Pourquoi, ce à quoi on s’oppose persiste ? Mon gouvernement et moi, ne tolèrerons plus ces atrocités, ces animosités et cette boucherie humaine. Homologues des autres pays, si vous partagez les mêmes objectifs que nous, rejoignez-nous dans le forum Pour un monde apaisé afin de lutter pour la paix, la confiance, l’amour, l’éducation, la bonne santé et régulariser en encadrant le flux des migrants qui ne cesse d’accroître considérablement partout dans le monde. Dans vingt-cinq ou cinquante ans, notre Europe aura besoin de milliers de migrants venant de partout, pour le rajeunissement de la population et la stabilité de sa santé économique. Focalisons-nous sur ce que nous voulons vraiment pour notre continent, pour notre pays, pour notre famille, pour nos enfants et pour nous-même. J’adresse mes sincères condoléances aux familles touchées par les attentats répétés dans le monde entier et particulièrement chez moi. Que Dieu veille sur nous. Je vous remercie. 
Il était devant la télé quand le président de la république adressait ces mots à l’endroit du monde, il se demanda qui « sont les véritables coupables de ces choses qui arrivent à la planète-terre. »
Qui ira sur le banc des accusés ? Nous ? Ou eux ? de toutes les façons chacun ne pensera qu’à s’acquitter. Moi je suis ici depuis neuf mois je ne suis pas resté les bras croisés en attendant un miracle. Tiens je dois téléphoner chez Christy, chacun à ses priorités. Je m’investis pour son bien-être car vivre de l’amour, c’est gage d’un fruiteux avenir.