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Au surlendemain de la soirée d'horreur, nous devons être nombreux à demeurer incrédules, obligés de faire effort pour nous persuader que de telles abominations ont pu avoir lieu, ici, chez nous; que nous ne sommes pas dans un mauvais rêve duquel nous allons nous réveiller.
Car le cauchemar est bien réel, et il faut en prendre acte, nous, le peuple français, et nos élites politiques, qui ont l'obligation de faire taire l'émotion pour décider, et décider à chaud, de ce qui est nécessaire, et plus encore, indispensable, à l'avenir de la nation.
Pour le chef de l'État, qui a pour ainsi dire échoué dans tout ce qu'il a entrepris depuis trois ans et demie, oui, se présente, à la terrible faveur de la tragédie nationale, cette heure de vérité qui fera de lui, dans l'histoire, soit un "Flanby" définitif, flasque et insipide, tout juste bon à des jérémiades et des rodomontades hors de saison, soit au contraire un Homme d'État exceptionnel appelé à marquer l'histoire de son pays et l'histoire du monde.
De Gaulle avait profité de l'attentat du Petit Clamart, qui n'avait finalement fait aucune victime, pour décider immédiatement que le président de la République serait dorénavant élu au suffrage universel, ce qui est devenu, qu'on l'approuve ou non, le pilier central de la Vè république.
Souhaitons que le président Hollande soit guidé par cet exemple et que les mesures qu'il présentera soient à la hauteur de l'onde de choc provoquée par la tragédie, qu'elles soient une "fenêtre de lancement" unique pour de hautes réformes: on nous annonce qu'il va réunir le Congrès à Versailles dès lundi; mesure politique exceptionnelle, mais qui, pour faire sens, doit être authentiquement extraordinaire. Il faut en effet espérer que l'on ne va pas réunir les deux assemblées pour uniquement décider de doubler le nombre de raids de nos avions sur les repaires syriens des terroristes, car de telles décisions ne requièrent pas cette fusion extraordinaire des assemblées, et ce serait accoucher d'une souris.
Ce que le chef de l'État doit demander d'approuver aux parlementaires réunis, sans doute pas demain, mais pour une autre session à convoquer avant la fin de l'année, c'est une série de lois non pas d'exception, mais exceptionnelles (ce n'est pas un jeu sur les mots: les lois d'exception sont un virage vers la dictature, des lois exceptionnelles, cela relève du choix courageux de faire voter des textes parfaitement respectueux de la république mais d'une importance inédite, capable de marquer les consciences).
Ces lois exceptionnelles seraient par exemple le lancement d'un grand emprunt, strictement national, tournant le dos aux "marchés financiers", mais au contraire rigoureusement réservé aux citoyens français, afin que l'État puisse rassembler très vite, de par la volonté du peuple, des fonds lui permettant d'acquitter les parts de nos dettes envers des pays dont nous sommes devenus débiteurs et à qui, soudain libérés de ce fardeau entravant notre action à l'international, nous pourrons alors demander, sans être gênés aux entournures, la tête haute, des comptes sur leur double jeu. Car nous savons tous quels sont ces pays.
Il s'agirait aussi de pérenniser, cette fois au nom de la souveraineté, ce qui a été décidé à titre provisoire, au nom de la sécurité, à savoir le rétablissement intégral et permanent des frontières du pays. Après tout, l'échec de l'espace Schengen est patent pour tout le monde et ce ne sera que prendre officiellement acte de ce naufrage européen.
Plus globalement, il faudrait redonner corps au concept de souveraineté nationale en réintroduisant le primat absolu des lois votées par nos assemblées sur des décisions imposées au nom d'une supranationalité pas franchement démocratique. Et cela, bien évidemment dans le cadre d'une appartenance maintenue à une Union Européenne à réformer de fond en comble -à refondre, en fait-: ce que les britanniques exigeaient l'autre jour parce que tel est leur bon plaisir, nous pouvons, nous, aujourd'hui, l'exiger pour de bien plus légitimes raisons.
Le président de la république pourrait aussi, et dans le même temps, demander aux parlementaires réunis d'honorer sa promesse du droit de vote aux élections locales pour des étrangers en situation régulière, non condamnés, et ayant des revenus transparents.
Un seul mandat, rallongé à sept ans, pour le président de la république, la dose de proportionnelle tant de fois promise et jamais décidée pour les législatives, le non-cumul rigoureux des mandats, l'inéligibilité à vie d'élus condamnés pour malversations, voilà une liste, évidemment non exhaustive, des projets de lois qui donneraient lieu à une session vraiment extraordinaire du Parlement.
Mais nous savons bien, hélas, que nos dirigeants manquent à la fois de vision et de courage, sur la Syrie comme sur tant d'autres sujets: j'ai composé le sonnet "Petites frappes" en août 2013; à l'époque, tout le monde savait déjà que le principal danger venait de l'EI, mais en cette fin d'été, faisant preuve d'une incroyable cécité, on voulait "punir" Bachar. Aujourd'hui, nos élus se demandent comment lui dire qu'ils veulent l'aider à combattre les fanatiques sans que leur revirement soit trop humiliant pour eux. Il y a deux ans, cela leur aurait pourtant été moins difficile.
Je n'ai aucune sympathie pour les Assad; le père de Bachar passe pour avoir été le commanditaire de l'assassinat de notre ambassadeur au Liban, Louis Delamare, en 81, parce que ce grand diplomate était trop efficace et contrariait les desseins hégémoniques du maître de Damas, lequel, bien sûr, a fait aussi éliminer physiquement beaucoup d'autres entraves, et d'abord dans son pays.
Cependant, il demeure que la Syrie est l'un des rares pays de la région a avoir établi une forme de laïcité, par le biais du parti Baas. En Irak, monsieur Bush, une fois Saddam renversé, n'a eu de cesse que le parti Baas irakien -frère ennemi mais frère quand même- ne soit liquidé; moyennant quoi c'est en Irak que le fanatisme islamiste a pris son essor vers les victoires fulgurantes que nous lui connaissons.
Aider Bachar aujourd'hui, ce n'est donc pas approuver ses crimes ni l'encourager à les poursuivre, ce n'est pas non plus renoncer à contribuer, le moment venu, à le pousser vers la sortie, c'est seulement laisser une petite chance à la laïcité, et à un retour de la paix, en Syrie. Or contribuer au maintien d'un pluralisme religieux en Syrie, n'est-ce pas aussi le meilleur moyen de voir arriver beaucoup moins de migrants originaires de ce pays, au nombre desquels, hélas, des terroristes infiltrés ?
Il faut savoir ce que l'on veut, et se donner les vrais moyens de sa politique. Mais, encore une fois, j'ai bien peur que nos gouvernants ne soient absolument pas à la hauteur de l'enjeu.
Car c'est maintenant aussi qu'il faut être capable de dire à nos frères arabes que nous les aimons, sans que toutefois cela puisse être perçu comme un alignement sur les doctrines abominables postulant que les Israéliens, eux aussi nos frères, aient vocation à être jetés à la mer.
Il ne s'agit pas de défendre ici, façon "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" une vision angélique de l'état du monde, mais de conserver assez de raison pour ne pas s'embarquer dans les mythes bellicistes qui, il y a cent ans, avaient déjà fait des centaines de milliers de morts et s'apprêtaient, avec Verdun, avec la Somme, à un sacrifice effroyable de centaines de milliers d'autres. L'histoire doit servir à cela: nous vacciner.
Car le cauchemar est bien réel, et il faut en prendre acte, nous, le peuple français, et nos élites politiques, qui ont l'obligation de faire taire l'émotion pour décider, et décider à chaud, de ce qui est nécessaire, et plus encore, indispensable, à l'avenir de la nation.
Pour le chef de l'État, qui a pour ainsi dire échoué dans tout ce qu'il a entrepris depuis trois ans et demie, oui, se présente, à la terrible faveur de la tragédie nationale, cette heure de vérité qui fera de lui, dans l'histoire, soit un "Flanby" définitif, flasque et insipide, tout juste bon à des jérémiades et des rodomontades hors de saison, soit au contraire un Homme d'État exceptionnel appelé à marquer l'histoire de son pays et l'histoire du monde.
De Gaulle avait profité de l'attentat du Petit Clamart, qui n'avait finalement fait aucune victime, pour décider immédiatement que le président de la République serait dorénavant élu au suffrage universel, ce qui est devenu, qu'on l'approuve ou non, le pilier central de la Vè république.
Souhaitons que le président Hollande soit guidé par cet exemple et que les mesures qu'il présentera soient à la hauteur de l'onde de choc provoquée par la tragédie, qu'elles soient une "fenêtre de lancement" unique pour de hautes réformes: on nous annonce qu'il va réunir le Congrès à Versailles dès lundi; mesure politique exceptionnelle, mais qui, pour faire sens, doit être authentiquement extraordinaire. Il faut en effet espérer que l'on ne va pas réunir les deux assemblées pour uniquement décider de doubler le nombre de raids de nos avions sur les repaires syriens des terroristes, car de telles décisions ne requièrent pas cette fusion extraordinaire des assemblées, et ce serait accoucher d'une souris.
Ce que le chef de l'État doit demander d'approuver aux parlementaires réunis, sans doute pas demain, mais pour une autre session à convoquer avant la fin de l'année, c'est une série de lois non pas d'exception, mais exceptionnelles (ce n'est pas un jeu sur les mots: les lois d'exception sont un virage vers la dictature, des lois exceptionnelles, cela relève du choix courageux de faire voter des textes parfaitement respectueux de la république mais d'une importance inédite, capable de marquer les consciences).
Ces lois exceptionnelles seraient par exemple le lancement d'un grand emprunt, strictement national, tournant le dos aux "marchés financiers", mais au contraire rigoureusement réservé aux citoyens français, afin que l'État puisse rassembler très vite, de par la volonté du peuple, des fonds lui permettant d'acquitter les parts de nos dettes envers des pays dont nous sommes devenus débiteurs et à qui, soudain libérés de ce fardeau entravant notre action à l'international, nous pourrons alors demander, sans être gênés aux entournures, la tête haute, des comptes sur leur double jeu. Car nous savons tous quels sont ces pays.
Il s'agirait aussi de pérenniser, cette fois au nom de la souveraineté, ce qui a été décidé à titre provisoire, au nom de la sécurité, à savoir le rétablissement intégral et permanent des frontières du pays. Après tout, l'échec de l'espace Schengen est patent pour tout le monde et ce ne sera que prendre officiellement acte de ce naufrage européen.
Plus globalement, il faudrait redonner corps au concept de souveraineté nationale en réintroduisant le primat absolu des lois votées par nos assemblées sur des décisions imposées au nom d'une supranationalité pas franchement démocratique. Et cela, bien évidemment dans le cadre d'une appartenance maintenue à une Union Européenne à réformer de fond en comble -à refondre, en fait-: ce que les britanniques exigeaient l'autre jour parce que tel est leur bon plaisir, nous pouvons, nous, aujourd'hui, l'exiger pour de bien plus légitimes raisons.
Le président de la république pourrait aussi, et dans le même temps, demander aux parlementaires réunis d'honorer sa promesse du droit de vote aux élections locales pour des étrangers en situation régulière, non condamnés, et ayant des revenus transparents.
Un seul mandat, rallongé à sept ans, pour le président de la république, la dose de proportionnelle tant de fois promise et jamais décidée pour les législatives, le non-cumul rigoureux des mandats, l'inéligibilité à vie d'élus condamnés pour malversations, voilà une liste, évidemment non exhaustive, des projets de lois qui donneraient lieu à une session vraiment extraordinaire du Parlement.
Mais nous savons bien, hélas, que nos dirigeants manquent à la fois de vision et de courage, sur la Syrie comme sur tant d'autres sujets: j'ai composé le sonnet "Petites frappes" en août 2013; à l'époque, tout le monde savait déjà que le principal danger venait de l'EI, mais en cette fin d'été, faisant preuve d'une incroyable cécité, on voulait "punir" Bachar. Aujourd'hui, nos élus se demandent comment lui dire qu'ils veulent l'aider à combattre les fanatiques sans que leur revirement soit trop humiliant pour eux. Il y a deux ans, cela leur aurait pourtant été moins difficile.
Je n'ai aucune sympathie pour les Assad; le père de Bachar passe pour avoir été le commanditaire de l'assassinat de notre ambassadeur au Liban, Louis Delamare, en 81, parce que ce grand diplomate était trop efficace et contrariait les desseins hégémoniques du maître de Damas, lequel, bien sûr, a fait aussi éliminer physiquement beaucoup d'autres entraves, et d'abord dans son pays.
Cependant, il demeure que la Syrie est l'un des rares pays de la région a avoir établi une forme de laïcité, par le biais du parti Baas. En Irak, monsieur Bush, une fois Saddam renversé, n'a eu de cesse que le parti Baas irakien -frère ennemi mais frère quand même- ne soit liquidé; moyennant quoi c'est en Irak que le fanatisme islamiste a pris son essor vers les victoires fulgurantes que nous lui connaissons.
Aider Bachar aujourd'hui, ce n'est donc pas approuver ses crimes ni l'encourager à les poursuivre, ce n'est pas non plus renoncer à contribuer, le moment venu, à le pousser vers la sortie, c'est seulement laisser une petite chance à la laïcité, et à un retour de la paix, en Syrie. Or contribuer au maintien d'un pluralisme religieux en Syrie, n'est-ce pas aussi le meilleur moyen de voir arriver beaucoup moins de migrants originaires de ce pays, au nombre desquels, hélas, des terroristes infiltrés ?
Il faut savoir ce que l'on veut, et se donner les vrais moyens de sa politique. Mais, encore une fois, j'ai bien peur que nos gouvernants ne soient absolument pas à la hauteur de l'enjeu.
Car c'est maintenant aussi qu'il faut être capable de dire à nos frères arabes que nous les aimons, sans que toutefois cela puisse être perçu comme un alignement sur les doctrines abominables postulant que les Israéliens, eux aussi nos frères, aient vocation à être jetés à la mer.
Il ne s'agit pas de défendre ici, façon "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" une vision angélique de l'état du monde, mais de conserver assez de raison pour ne pas s'embarquer dans les mythes bellicistes qui, il y a cent ans, avaient déjà fait des centaines de milliers de morts et s'apprêtaient, avec Verdun, avec la Somme, à un sacrifice effroyable de centaines de milliers d'autres. L'histoire doit servir à cela: nous vacciner.
Chaleureusement.
Il se peut que l'on voit mieux quand on ne cherche pas à comprendre.
Le problème survient quand arrive le moment de décrire ce que l'on voit, souvent, les mots faussent l'idée et parfois ne permettent pas du tout de la saisir.