Ce qui est à moi

Toute histoire commence un jour, quelque part et c’est au dernier arrêt de bus que démarre celle de cette fille qui avec un fier sourire, dit au revoir à ses amis avec qui elle a suivi ses cours, papoté, rigolé, déjeuné comme d’habitude ; puis elle emprunte le chemin qui mène chez elle.
C’est un moment qu’elle apprécie, respirer l’air frais des violettes du jardin de madame Brua la voisine qu’elle ne manque jamais de saluer. C’est une vieille femme âgée et très gentille qui ce soir là encore lui offrit quelques gâteaux.
Elle longe le chemin, quelques pas et voici le portail bleu qui se montre, Célia l’ouvre et la voilà chez elle, à la maison. Elle s’empresse de savourer les gâteaux de madame Brua et qu’ils sont bons ! vanille et fruit de la passion quels délicieux parfums. Ensuite elle déjeune avec sa famille.
Mais voilà Il est presque dix heures du soir, ce jeudi et comme tous les autres jours de la semaine Diana vint lui rendre visite.
Les visites de Diana pouvaient se faire rare mais ces derniers temps elle aimait beaucoup passer voir Célia qui n’y voyait pas non plus d’inconvénients cependant ces visites n’étaient pas sans conséquences. A chaque venue de Diana, Célia voyait sa vision se troubler. Ce n’était pas le glaucome dont elle souffrait ni le strabisme avec lequel elle est née mais c’est uniquement au cours des visites de Diana que cela se produisait.
Pour se soulager elle aimait à penser, à rêver, à espérer car oui Diana avait le don pour briser tout espoir ou toute perspective mais dès qu’elle partait Célia retrouvait le sourire et reprenait le cours de son existence.
Toute sa vie Célia veut la passer à rendre ses parents fiers elle veut leur rendre un peu de ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont et continuent de sacrifier pour elle c’est son désir le plus précieux alors elle y travaille. En cours elle fait de son mieux même si ce n’est pas toujours facile.
Elle lit dans leurs regards ce qu’ils attendent d’elle-même s’ils ne l’avouent pas, ne lui mettent pas la pression, la réalité pour Célia c’est que cette pression est la présente et résistante. Benjamine d’une fratrie de quatre enfants, elle se doit de relever la tête car dans la famille chacun doit s’assumer, et Célia à 21 ans poursuit ses études mais a du mal à trouver des opportunités faute au chômage grandissant certes mais sa timidité n’arrange pas les choses ce que son entourage ne manque pas de lui rappeler « vu comment t’es qui t’emploierait ? » lui a-t-on dit. Ces mots, elle les ressasse sans cesse., mais ne veut pas paraitre faible ni se victimiser pour autant.
Célia veut changer avoir confiance en elle et s’affirmer comme les jeunes de son âge qui vivent malheureusement, elle a plus l’impression de survivre qu’autre chose, elle ne sort pas ; n’a pas d’amis enfin des amis proches en dehors de ceux qu’elle voit en cours et avec lesquels les relations sont assez de dans ce monde cela équivaut à être un monstre c’est d ‘autant plus difficile qu’elle reçoit souvent des remarques et des critiques pavées de bonnes intentions me dira-t-on pas certain car combien de personnes aiment voir les autres heureux ? on ne se voilera pas la face il y' an a très peu, les gens aiment voir les autres souffrir car cela les réconforte dans leur égo.
Et Diana qui n’arrange pas les choses malgré ses nombreuses visites elle n’a jamais été bienveillante mais Célia ne lui a jamais fermé ses portes faudrait qu’elle y pense si elle veut s’en sortir.
Diana est sa seule véritable amie celle qui la connait sous toutes ses formes, à qui elle ne peut rien cacher, Célia pense même que Diana la connait mieux qu’elle-même. Quelle tristesse de n’avoir pour seule amie que ce fardeau, ce poids qu’est Diana. Célia n’a pourtant pas le choix du moins c’est ce qu’elle croit.
Diana lui rappelle ses imperfections dont elle fait une obsession, ses échecs à qui lui provoquent des nuits d’ivoire. Célia n’a jamais accepté son strabisme qui lui reprocherait ? loucher n’a jamais été un signe de beauté quand tout le monde te dévisage ou te regarde bizarrement parce que ton œil part tous les sens ou quand on te demande pourquoi tu me fixes et tu te retrouves à devoir expliquer ce qu’est un strabisme ou que des enfants te demandent pourquoi tes yeux sont bizarres ? oui se sont des enfants mais ça n’empêche pas la peine de Célia. Comme c’est dur de sentir différent mais le pire on en vient à se demander pourquoi ? oui le fameux pourquoi qui reste sans réponse mais auquel Célia ne peut s’empêcher de penser.
Les échecs de Célia sont nombreux entres ses tentatives de partir étudier à l’étranger et son permis, elle ne sait plus où donner de la tête. Conduire est un vrai calvaire pour elle et son moniteur trouve qu’elle ne fait pas d’efforts c’est pénible pour elle quand elle voit ses amis conduire, obtenir leur permis ou partir étudier à l’étranger et faire toutes ces choses qui ne lui réussissent pas.
Pour Diana, Célia n’a que ce qu’elle mérite, c’est de sa faute. Elle n’aurait pas dû naitre lui dit-elle ; elle ferait mieux de mourir d’ailleurs personne ne le sait mais Célia a tenté par deux fois de se supprimer car chaque jour qui passe est un véritable dilemme pour elle. Il n’y a que Diana qui voit les peines de Célia pourtant cette dernière reste stoïque face à la douleur de son amie pire elle semble s’en délecter et Célia ne ferait elle pas montre d'un certain masochisme en permettant qu’une influence aussi malsaine que celle de Diana occupe sa vie?
qu’importe, elle s’est décidée à se séparer d’elle, s’éloigner définitivement mais elle n’y arrive pas. Demander de l’aide à sa famille elle aimerait mais personne ne peut l’aider car personne ne connait Diana en réalité.
Oui malgré ses nombreuses visites personne n’a jamais remarqué cette présence qui fait tant de mal à Célia parce que son mal est intérieur. Célia ne l’accepte pas mais Diana n‘existe pas en réalité, elle est dans sa tête, c’est le fruit de ses tourments. Diana n’est que la dépression à laquelle elle a inventé un pseudonyme pour tenter d’adoucir sa peine.
L’angoisse, le stress, la peur, le mépris de soi, tous ces sentiments destructeurs c’est Diana, c’est la dépression qui la ronge depuis bientôt six ans.
Mais Célia sait que toutes ces épreuves ne sont pas vaines, persuadée que son destin, son chemin, son salut, sa paix se trouve sur cette route sinueuse au milieu de toutes ces épines, elle n’abandonnera pas non jamais. Le destin, la vie, les gens, Diana, tout peut se mettre contre elle, elle y arrivera, rendre ses parents fiers, être fière d’elle-même c’est son but et c’est ce pourquoi elle est née ce pourquoi elle se bat.
Célia a un message pour la vie : tu peux utiliser toutes tes munitions cependant tu t’en prends à la mauvaise personne car chaque impact me forge un peu plus et je me relève à chaque fois. Très cher destin je ne suis pas bien loin j’arrive pour récupérer ce qui est à moi.