Ce jour-là

L'écriture nous guérit sans faire du bruit.

Toute histoire commence un jour, quelque part. Qu’elle soit triste ou heureuse, elle est liée à une vie. Mon histoire n’est certes pas un conte de fée mais elle redonne espoir. La souffrance, les larmes, je les ai connus, le bonheur aussi. C’est quoi le bonheur si ce n’est pas être en harmonie avec soi-même ? Parfois nous avons besoin d’un RIEN pour se sentir heureux. Le bonheur vient souvent de cette chose qui n’est rien pour les autres mais un TOUT pour nous. Ce RIEN dont rien ne vaut et que nous donnons tout pour l’obtenir. Le bonheur est aussi avoir autour de soi ces personnes qui nous donnent raison de vivre. Ces personnes, donc si nous avions une seconde vie nous donnerions tout pour avoir à nos côtés. J’ai été durant mon adolescence très rêveuse jusqu’à ce que mon entourage essaie de me persuader que certaines choses sont très belles pour être vraies. Je n’ai jamais eu la scoumoune de tomber dans ce piège. Pour moi, tout est possible, il suffit d’y croire et d’y mettre un peu d’énergie ; Oh oui ! Pensez positif, restez concentrer sur ce que l’on veut réellement de notre vie et l’univers s’en chargera du reste. Je n’avais jamais cru que je passerai ma vie auprès de Paul. Le temps passe, nous fanons comme des fleurs dans un jardin mais, cet amour est resté idem comme le premier jour. Ça fait dix ans que j’ai compris qu’il ne fallait jamais perdre espoir car il fait vivre. J’avais cru en nous de toutes mes forces. Sans désespérer ; j’ai lutté. Des années que je pense à ce jour-là, ce mercredi sombre ; ce jour que j’ai cru voir la lumière noir, le ciel marron et la terre bleue. J’ai compris qu’il fallait savoir saisir l’opportunité et vivre le présent. J’ai réalisé que l’amour est au centre de la vie. Il est le commencement et la fin de toute chose…
Je me rappelle de cette époque en faculté, j’avais vingt-un ans. Cela faisait huit mois que j’étais amoureuse de PAUL, ce jeune étudiant qui me courtisait sans succès. Toujours doté de galanterie, il ne cessait de me donner le sourire à chaque fois que nous échangions. J’avais décidé cette année-là de lui dire oui. Habitée par les peurs, j'avais eu du mal à prendre cette décision. J'avais enfin décidé de vivre le bonheur, de sourire de l'intérieur. Pourquoi devrais-je continuer à laisser toutes ces zones d'ombres, toutes ces peurs influencées ma vie? Elles en avaient déjà fait de trop. J'avais marre d'être la majorette d'un état sombre de mes pensées. Ces peurs avaient paralysé mon enfance et il était tant que ça cesse, que je prenne ma vie en main et que je devienne réellement la fille forte que je présentais au monde extérieur. J'eus grandi dans un cadre influent aux règles trop strictes. J'eus un père rigoureux qui par son autorité et sa domination était devenu sans le savoir un obstacle à mon épanouissement. Je me sentais souvent étouffée par mon environnement et je rêvais sortir prendre l'air, aller au ciné et plein d'autres trucs d'enfants dont mon père n'en trouvait d'importance. Il n'avait guère compris que la distraction était importante dans l'épanouissement complet d'un être. Ces règles et influences qui dès mon enfance, envahirent mon étape psychologique ne me quittèrent point à l'adolescence. A chaque fois que j'envisageais une relation, je me demandais comment j’allais expliquer à mon conjoint que je ne saurais l'accompagner un de ces samedis soir en boîte de nuit, dans un snack ou un coin pour une partie de distraction. Le plus difficile était de savoir comment gérer les exigences de mon copain, l'autorité de mon père et mes désirs intérieurs. Tout ceci me rendait folle de rage et rien que pour ça je détestais mon père. Ce n’était pas une grande haine car je le comprenais. Nous gardons toujours en nous les évènements de notre vie et surtout ceux de notre enfance. Ils sont le plus souvent à l’œuvre de notre comportement et nos conduites. Nous devions réussir, c’était un devoir pour mon père. Rien ne devait compromettre cela ; même pas les distractions.
Bien que j’aie décidé à un moment de briser le silence, je me demandais encore comment est-ce que je ferai pour accomplir mon rôle auprès de PAUL. Je ne voyais que le mauvais côté des choses. Je me demandais comment réagirait mon père s'il venait à apprendre que j'allais d'une ville à l'autre pour voir un garçon? Et s'il m’arrivait un malheur? Je tentais à chaque fois de renoncer à cette décision que j’avais prise mais PAUL était toujours là dans mes pensées, dans mes rêves. Il apparaissait et disparaissait à l’improviste comme s’il était une fée Morgan. Je vivais sans vivre, j'étais prisonnière d'esprit et libre de corps. Chaque soir, assise sur mon lit, je me demandais si j’étais auteure de ma vie frondeuse et soupçonneuse. Ce lit était devenu au fil du temps mon meilleur ami. Quand j’y étais, je me sentais accompagnée et protégée.
Ce jour-là il était 5h à mon réveil. Comme tous les matins, je fis mon ménage et toutes les autres petites corvées. Ce jour m'était particulier. Je chantais, j'étais de bonne humeur. Je dégageais une énergie positive. Il y avait quelques jours, j’étais devenue une fille comblée car j’avais à mes côtés un homme que j’aimais réellement. Nous étions en fin Août, veille de la rentrée scolaire. J’étais très chargée cette semaine-là. Ce jour-là, j’étais en partance pour le lycée technique. PAUL était à Yaoundé depuis quelques jours, j’avais hâte de le rencontrer dès son retour. J’avais un état d’esprit stable. Après m’être apprêtée, ma mère me remit la scolarité de mon frère. Elle ne manqua de remarquer ma bonne humeur :
-Ma fille je te trouve très heureuse ces derniers temps et aujourd’hui tu es d’une telle humeur ! Tu sais, ça faisait vraiment longtemps que je ne t’avais plus vu dégager autant d’énergie. Tu as été longtemps repliée sur toi-même. Quel que soit ce qui te rend heureuse, je rends grâce à Dieu. J’avais à un moment cru que c’était la timidité mais j’ai compris avec le temps qu’elle est différente de la tristesse. J’ai toujours su qu’il y’a quelque chose qui manquent à ton bonheur mais…
Ma mère avait parfaitement raison j’avais du mal à partager mes peines. Je les gardais pour moi et mourais de remords. J’avais décidé cette année-là de changer tout cela. Ce fut un défi difficile mais j’y suis parvenue.
- Merci beaucoup mère, je te dirai tout dès mon retour
- Passes une excellente journée ma fille.
J’eus quitté la maison au environ de 8h. Au niveau de TEXACO, je me rappelai que je n’avais pas pu joindre PAUL à la veille. Cela m’inquiétait car c’était inhabituel. Je savais néanmoins qu’il y’avait une coupure permanente d’électricité dans la cité où il séjournait. J’avais ce jour-là une réelle envie d’écouter la symphonie de sa douce voix. Pour cela je décidai de l’appeler de nouveau. Un nouveau coup d’essai et le service me parlait toujours du numéro indisponible. Je décidai donc de lui laisser un message. Via Whatsapp, je pus le joindre. Après quelques minutes d’échange, Paul me donna la raison de son indisponibilité que je trouvai à la fois poignante, meurtrière et ironique :

-Pourquoi ton numéro ne passe pas depuis hier nuit ? J’ai pensé à toi toute la nuit et j’ai très envie de te voir. J’attends impatiemment ton retour.
-Hélas ça ne pourra plus être possible.
Cette réponse me parvint froide. Il se produisit un tumulte dans mon corps comme si un grand danger s’annonçait. Je voyais ma température descendre, Je voyais ma bonne humeur disparaitre. J’avais mille questions qui me passaient par la tête. En moins d’une seconde j’avais fait tourner mes méninges une centaine de fois : Et s’il ne voulait plus de moi ? Est-il tombé amoureux d’une autre fille ? Peut-être qu’il me fait une de ses blagues…
-Comment ça ? Il me répondit par une photo. Je comprenais vite les choses mais je refusais d’admettre en me créant des suggestions pour essayer de me convaincre.
-Je ne comprends toujours pas PAUL.
-Si, tu comprends. Tu es assez intelligente.
J’étais arrivée à la destination. Sans l’aide de mon voisin de siège qui connaissait où j’allais exactement, je serais allée ce jour-là jusqu’à BONABERI située à deux kilomètres. J’avais mal, j’avais très mal. J’avais envie de pleurer mais le regard qu’autrui posait sur moi me retenait. Je le remerciai, sortis et payai le taxi puis j’entrai dans l’enceinte du lycée et m’assis sur un banc public. Je me sentais mal, ma joie était devenue peine. Je n’aurais jamais cru que dans une même journée quelqu’un pouvait avoir une humeur aussi variante.
-Ne me dis pas que c’est ce à quoi je pense
-Oui c’est ça
- Ne me dis pas que tu m’as fait ça -Je n’ai rien fait, c’est arrivé
-Oh mon Dieu pourquoi moi ?
-Tu as dit oui un peu trop tard à mon goût
– Pourquoi avoir accepté qu’on se mette ensemble avant ton départ ? Pourquoi m’as-tu tendu un piège ?
- Je n’ai pas tendu de piège, ne fais pas ce que tu veux faire là
- Je parle du piège d’amour
-Il était ouvert depuis et tu le sais. Tu es entrée quand il s’était déjà refermé et j’avais tellement envie que tu y sois que je ne pouvais pas dire non
-Je ne sais pas comment je vais déconstruire ce que j’ai dans mon subconscient
-Tu me rends triste.
PAUL avait pris le vol la veille pour la Belgique. Je ne me plaignais pas de lui car j’étais la cause mon malheur. J’avais durant tous ces temps caché le sentiment que j’éprouvais pour lui et nous privé du bonheur. Il n’allait pas laisser passer une opportunité d’étude aussi grande pour l’être minuscule que j’étais. Cet être qui l’avait fait souffrir pendant plus de huit mois. Qu’allais-je faire maintenant ? Je voyais tout rouge autour de moi, rien n’allait. J’avais une extrême envie de pleurer. Je décidai quarante-cinq minutes après de reporter ma mission pour une date ultérieure. Il fallait que je rentre, que je prenne contact avec la vérité et que je continue ma vie.
Dès mon arrivée à la maison, ma mère m’interpella pour connaitre les raisons de mon retour subit. Elle connaissait l’affluence des parents au lycée pendant cette période et était donc certaine que je n’avais pas accompli mon devoir. Je ne pouvais pas lui parler. Je courus aussi tôt m’enfermer dans ma chambre. Je ne pouvais plus faire semblant, il me fallait pleurer d’urgence pour me libérer, il fallait que j’en parle à quelqu’un mais pas elle. L’on m’avait toujours dit que partager les soucis avec une tierce personne libérait l’âme. J’étouffais, il fallait que je le fasse. Subitement, je reçus l’appelle de TROUSITA, ma meilleur amie. Après mon échange avec elle, je me sentais un peu mieux mais pas autant pour me présenter devant une tierce personne, je restai au lit toute la journée dans une tristesse hors échelle. J’avais besoin d’être mise au parfum du devenir de la relation. Je ne pouvais m’empêcher de le demander à PAUL qui par la suite ne savait pas quoi me dire.
J’avais promis à ma mère de lui faire part de la raison de mon bonheur. Qu’allais-je lui dire maintenant ? Il fallait bien que je lui parle. C’était ma mère, et j’avais espoir qu’elle réussit à me consoler. Aux environs de dix-neuf heures, je réussis à lui en parler. Elle était vraiment désolée de savoir que l’enfant avec qui elle vivait avait traversé des périodes aussi difficiles. Je me rappelle de cette question et ce conseil que m’avait donnés ma mère :-L’aimes-tu ?-Trop mère
-Alors crois en vous. Tout est possible ma fille, ne baisses pas les bras ; bas toi pour ce que tu veux réellement et tu l’obtiendras.
Ce conseil, je ne l’avais pas appliqué tout de suite car je me demandais par quelle magie j’allais réussir une épreuve aussi difficile. Je n’avais pas le choix, il fallait avancer mais les douleurs étaient là, tout près de moi…
-Mais grande sœur qu’est ce qui t’arrive ? Tu pleures ? Tu voyages dans la journée en plein air ? Qu’est ce qui ne va pas. Ne vois-tu pas que tu es dans un endroit public ?
-Il n’y a rien de grave TROUSITA. Je repensais à ce jour-là. Ce jour que je n’oublierai jamais, ce jour que j’ai perdu quelques choses de précieux. Un jour que j’ai vu mon humeur pour la première fois décroitre exponentiellement avec le temps. Je n’aurais jamais cru que j’éprouverais un tel chagrin un jour de ma vie. C’était un vingt-neuf Août, c’était ce jour-là.
-Lève-toi miss. Je sais ce que tu ressens mais j’aimerais que dans le futur tu évites çà. Qu’est devenu cette femme forte, cette femme de pointe que j’ai connue ? Que diront ces étudiants qui sont souvent en ta charge et dont tu ne supportes pas leurs caprices et les erreurs lors de vos passages au laboratoire ? Qu’est devenu ce chef de groupe rigoureux que je connais ? Pas ici ma mère. Nous sommes à la faculté, lèves-toi et vient on part faire cours.
- TROUSITA, je serais pour eux une preuve que le sourire ne cache pas seulement le bonheur ; que les pleurs n’expriment pas uniquement les désarrois. Ils sauront enfin que même les dames de fer pleurent, qu’elles ont souvent des solitudes et ont aussi besoins d’être écouté. Tu sais TROUSI? Il y’a des moments que j’ai envi que quelqu’un découvre ma tristesse, hélas. Tu vois ? Sans ses gouttes de larme tu n’aurais pas su que j’avais un réel problème. Tu sais pourquoi ? Tous simplement parce que je suis un mythe.
Voilà en quoi se résumaient mes journées à l’université après le départ de PAUL. Tout n’était tristesse, peine, remords.
PAUL continuait à m’écrire. Nous nous entendions bien mais la distance et les peurs nous emportaient. Nous avions décidé de rester amis. Nous nous aimions toujours et plus le temps passait cet amour accroissait. Un de ses soirs après de multiples échanges avec lui, je me rappelai du conseil que m’avait donné ma mère après son départ. J’avais décidé de mettre en pratique Son conseil car au fil du temps j’avais compris que c’était lui mon bonheur. Je faisais troisième année, je m’étais donné pour défi de réussir avec brio à fin de présenter mon dossier aux différentes bourses niveau licence.
Tout se passa bien cette année-là. Je réussis ma licence avec mention BIEN. J’avais confiance en moi et à mes projets, je devais réussir. J’avais misé sur trois bourses dans trois pays : l’université de Cambridge en Angleterre, l’université de Turin en Italie et l’université de Poznań en Pologne. Après mon inscription en Master, je reçus un Mail de l’université de Cambridge qui annonçait ma sélection. J’étais en joie, je rêvais d’être doctoresse dans ma spécialité et l’univers m’aidait à me rapprocher de PAUL…
Les années passèrent. PAUL et moi ne manquions de nous prendre pendant les congés pour vivre notre amour. Après les études, nous avions décidé de rentrer au pays nous marier auprès des notre. Je me rappelle de ce jour-là comme hier, j’étais tellement heureuse ; aussi heureuse qu’aujourd’hui. Je n’oublierai jamais que quel qu’en soit ce que l’on veut dans la vie, l’on peut l’obtenir.