Boundi

Toute histoire commence un jour, quelque part. C'était un jour sec, au Nord Ouest de la Côte d'Ivoire. Pendant que le soleil occupait pleinement son trône, Boundi ,elle faisait ses adieux à sa sœur, devant l'un des rares cars,qui surgissait au village. Elle serrait sa cadette contre sa poitrine, comme pour emporter un bout d'elle. Boundi était orpheline de père et l'aîné d'une famille de cinq enfants, du haut de ses seize ans. Elle devait aider sa mère à porter les charges de la famille. La capitale économique semblait être une aubaine pour cela. Elle n'y connaissait personne, mais ça n'avait pas l'air d'être un obstacle . Elle lança à sa sœur << dit à maman que je suis désolée ! Je pars pour alléger votre vie .Elle sera fière à mon retour >> . Puis s'empara du sac en plastique bleu, dans lequel elle avait pris soin de ranger ses affaires. Les yeux inondés de larmes, elle se glissa tout au fond du véhicule, qui était déjà plein. "vroum" et on entendit le car démarrer. Le stress commençait à faire surface, elle avait l'estomac noué. Boundi n'avait jamais quitté son village . Elle se rassurait en se disant que c'était la meilleure chose à faire. Elle pensait au changement dû à la future fortune dont elle serait détentrice. La capitale économique était la terre promise , on y roulait presque sur l'or et tout le monde était bienveillant ,il ne pouvait rien lui arriver de mal ,se disait t'elle. Le magnifique paysage qu'elle voyait par la fenêtre amplifiait ses rêves, jusqu'à ce qu'elle se laisse emporter par Morphée. Huit heures de route plus tard, elle était sur le sol d'Abidjan. Elle débarquait dans une gare désordonnée. Où tout le monde savait quoi faire où aller à part elle. Boundi avançait déboussolée, depuis trente minutes dans un couloir isolé . Exténuée elle sortit un morceau de pagne de son sac, qu'elle étalait près d'un arbre et s'y allongeait. À peine s'était t'elle installée, que les dits chefs du lieu l'avaient repéré. Boundi se redressait immédiatement lorsqu'elle les vit s'approcher d'elle, en un clin d'œil ils étaient sous son nez. Ils l'encerclaient, la fouillaient, sans trouver l'ombre d'une richesse. Elle n'avait aucun centime ! Vert de colère, ils se jetaient littéralement sur elle. Boundi fut paralysé par la peur. Même dans ses pires cauchemars, elle ne pourrait s'imaginer une telle scène. À tour de rôle ,ils firent couler ce qu'on appelait" le sang honorable" dans son village. La substance qu'ils avaient consommée ,avait tué tout bon sens en eux. Ils l'utilisaient comme un objet, jusqu'à épuisement. Elle avait l'entre-jambe en feu . Ils venaient là de lui arracher son trésor , sa perle , son honneur, c'était l'horreur ! Inerte, regard vidé ,elle voyait sa vie défiler sous ses yeux. Elle ne pourrait plus jamais remettre les pieds chez elle...