Banalité unique

Nouveau roman publié : Mademoiselle. Plus d'infos sur hcamus.wordpress.com

Toute histoire commence un jour, quelque part, et notre histoire a commencé un dimanche d'août dans ton quartier, bien loin des miens. Plus nous raconterons notre histoire, plus nous nous en rendrons compte : il n'y a que pour nous qu'elle sera extraordinaire. Nos amis continueront de s'en étonner, un peu sincèrement, un peu pour nous faire plaisir. Les inconnus s'en moqueront, quand ils ne la trouveront pas banale. Notre histoire est une histoire d'amour, elle a commencé pendant des vacances que j'avais prises dans ton pays à la chaleur humide : banalité, banalité, banalité.
On fait ce qu'on peut pour rehausser notre vie, la rendre extraordinaire. Toute histoire commence un jour, quelque part... D'accord. Mais d'abord cette histoire, ce n'est pas n'importe quelle histoire : c'est Notre histoire, et déjà c'est autre chose. Ensuite, même la plus banale des histoires d'amour se doit d'être extraordinaire, justement parce qu'on parle d'amour. Le jour de notre rencontre a été banal pour des millions de personnes, unique pour nous. Une journée n'existe pas, si elle n'est qu'inscrite sur le calendrier. Pour des millions de personnes, cette journée n'a pas existé. Grâce à nous, elle a existé - et éclairé les jours précédents, les jours suivants. Nous retrouver au même endroit au même moment et nous rencontrer fait qu'irrémédiablement, il y aura un avant et un après ce jour. Pour nous seulement, mais ne sommes-nous pas le centre de notre monde ?
Quelque part et ce fut chez toi. Ta terre, je l'avais déjà foulée en tant que touriste. Ta terre, je l'avais déjà aimée en tant que touriste. Plusieurs fois. J'aspirais secrètement, silencieusement, à plus : c'est ce que j'ai obtenu, avec éclat, entre tes bras. Ta terre, à des centaines ou des milliers de kilomètres de chez moi, m'était plus accueillante qu'un voisinage trop facile. Ta terre, nous avons fait quelques pas ensemble dessus. Des pas lents, tranquilles : ceux qui ne mènent nulle part qu'à du temps passé ensemble, les pas des promeneurs marchant vers l'espoir d'un amour.
Depuis des terres et des kilomètres, nous en avons sillonnés. Depuis les jours, nous ne les comptons plus. Depuis, notre histoire se déploie. Tout ce qu'il fallait fut qu'elle commençât, un jour, quelque part.