Adieu Na-Dia !

Toute histoire commence un jour, quelque part, et la mienne commence par un rêve, elle commence par un poème ; t’en souviens-tu chère amie ? Tes mots passés malgré le double harmattan restent frais et résonnent encore en mon être :

Raïm ! Raïm !!

Raïm, si doux si beau
Dans tes mots
qui coulent je peux sentir
l’absence de maux

J’ai l’image de ce visage
Diffusé par les projecteurs
de mon esprit
Sur mes yeux épris

Raïm, si beau si doux
Je fonds devant les arcs de tes sourcils
Et cette moustache
Et cette barbe qui cerne tes joues

Ah ! tes yeux si purs,
torrent d’où jaillit la tendresse de ton âme

Es-tu seulement réel ?

C’est du talent pur que tu as servi à mon âme ce jour-là, un vrai délice ma poétesse. O belle amie mon cœur pétillait à la lecture de tes mots. Mon être subjugué par la dextérité de tes vers ramenait sans cesse le souvenir de ton sourire. Ce sourire, pur miel qui enrobait mon cœur de sa douceur ! Quel genre de femme étais-tu ?
Il y a qu'une seule douleur au monde : Aimer dixit Maurice BANDAMAN.
Ce soir, c’est le silence de l’harmattan et la fraîcheur de ton refus qui glacent mon corps et transpercent mon cœur Na-Dia.
Conjuguer nos plumes par ce mois de décembre, mois où les cœurs prononcent leurs vœux était-il une bonne chose ? Et cette danse synchronisée, cette valse des sensibilités accordées... Te voilà loin à présent et mon cœur esseulé crie pleure. Je te l’avais bien confessé :

J’ai rêvé d’une femme poétesse
qui me couvrirait de vers sans revers

Femme au sourire accueillant, femme au regard innocent, être si sensible, ma jumelle du mont Parnasse, ton cœur ne bat hélas que pour lui. Est-il d’une beauté renversante, d’un charme irrésistible ce mi-ange mi-démon ? Voilà des lustres que j’attends pitoyablement la fin de ce commerce, ce commerce triangulaire :

Je pense à toi
Tu penses à lui
lui pense à elle...

J’écris pour toi
Tu écris pour lui
lui écrit pour elle...

C’est l’ amour triangulaire-bourreaux-des-cœurs

Ce soir, c’est le silence de l’harmattan et les épines de la réalité qui glacent mon corps et transpercent mon cœur.

J’ai nourri l’espoir
J’ai récolté de verts déboires
Dans ton cœur il n’y a qu'un seul monarque
que même Cupidon ne peut détrôner de son arc
Et ce n’est pas moi...

Na-Dia ! j’aurais souhaité un indice, un signe. J’aurais préféré que tu réfléchisses, que tu dises : « patiente ». Mais tu as murmuré n’avoir que de l’affection, tu as affirmé ne pouvoir offrir qu'une portion de ton âme : ton amitié. Et pourtant ta nature semait le doute. Quel genre de femme es-tu à chérir tes soupirants au nom de l’amitié ? Tu dis être naïve, tu dis être ainsi faite. Et moi j’ai un faible pour cette ingénuité : elle alimente mon amour. Mais ai-je la patience d’attendre sans promesse même fausse...

Le désir se dissipant sous la lame du vent
Le feu qui éprouve l’amour c’est le temps

Na-Dia l’amour mal négocié tue l’amitié et dans les cœurs brisés il ne reste plus que l’inimitié. Alors s’il le faut, tu accepteras que je te jette aux oubliettes plutôt que je te déteste. L’amitié peut se muer en amour et l’amour peut se transformer en haine.

Naufragé sur les berges de l’illusion
mon cœur s’est brisé sur ta colère en ébullition.

Tu es de celles qui sèment l’amour où il n’y en a pas, de celles qui ferment leurs cœurs quand l’amour à la porte presse le pas.

Naufragée sur les berges de la désillusion
Ton amour s’est émietté sur les récifs de la tristesse en fusion

Les déboires engrangés dans la mémoire de ton cœur t’ont laissé des cicatrices et l’amour n’est plus qu'une chimère. C’est toujours la même rengaine dis-tu ? Au début c’est toujours merveilleux, c’est toujours beau : on ne peut vivre sans l’autre, mais avec le temps le souffle s’essouffle et l’amour perd de son zèle et les amoureux perdent leurs ailes. Il ne reste plus que les promesses flétries d’éternité.
Alors de l’amour tu ne veux plus.
Ton seul désir est d’assurer de beaux jours à ta famille. C’est un désir si noble et pourtant, je soupire après toi : tu es si douce, si tendre, si belle. Alors craignant de n’être une énième blessure dans ton cœur dépité, je t’ai révélé l’oxymore en moi. Une fois de plus tu m’as balancé ta phrase fétiche : « prends soin de toi ! »
Pourquoi ne prendrais-tu pas soin de moi, toi ? D’ailleurs comment fait-on pour se contenter de l’amitié d’une déesse ? Naturellement, j’ai refusé ton offre.
Je t’aurais emmené au bord de l’eau pour que tu deviennes sirène, pour que tu oublies tes peines, je t’aurais emmené dans la sylve pour que tu communies avec mère Nature, pour que tu retrouves ta sérénité. Je t’aurais attendu mille ans si tu l’avais souhaité, priant année après année que ton cœur déformé retrouve son élasticité, sa fermeté...
Hélas ! tu n’as que ton amitié : cette amitié si attentionnée qui s’apparente à autre chose... Na-Dia pourquoi nourrirais-tu l’espoir d’une âme envoûtée ? J’ai tant désiré ton amour que lassée tu m’as retiré ton amitié... L’amour est cette école qui vous enseigne qui vous êtes vraiment, mais au prix de votre sang...

Dames ravageant les cœurs
comme les ouragans dévastateurs
N’offrant que les restes de vos âmes desséchés
Fuyant les mains aspirant à vous soigner

Dames ravageant les rêves
Plongez dans les seins fragiles le glaive
Jouissez de votre heure de gloire
Réjouissez-vous avant le soir
Le temps vous attend au tournant de la vie
Futures fleurs avachies

Na-Dia peut-être fais-tu partie de ces personnes qui cherchent un ami puis un chéri, moi j’appartiens à celle qui réunit aisément les deux. Que ma bien-aimée soit mon amie et cela me suffira... Déjà tu es le soleil de mon univers : mes pensées peuvent s’égarer dans la stratosphère elles reviennent toujours vers toi. J’aimerais être le nombril de ton monde, et tu le sais si bien toi âme si jumelle à la mienne...
J’ai convoqué, pour toi, mes plus beaux vers, bouquet soigneusement trempé dans la flamme de Cupidon, hélas tu restes sourde à mon amour. L’amitié est le plus bel amour dis-tu ?
Deux fois tu as montré de la jalousie et pourtant tu n’as que ton amitié. J’ai vainement crié : « ouvre ton cœur ! »

Naturelle beauté, ô âme si jumelle souviens-toi
Aujourd'hui est un jour nouveau retrouve ta foi
Dis à ce beau cœur muet aux nouvelles amours
Ilot esseulé malgré ses charmes et tes contours :
Aime encore, réveille la poétique nature

J’ai rêvé que tu guérirais de ce mal qu'on t’a fait, toi mon reflet fissuré par les tours de l’amour. C’est vrai, je ne suis pas parfait : il y a en moi cet oxymore si fort, mais j’ai encore le rêve plein les yeux et l’esprit surexcitable.

J’ai voulu t’aimer
sans risquer de te blesser
J’ai voulu m’aventurer
tout en étant effrayé

L’art sombre
Quand l’être sombre dans le mal
Quand ce corrompt sa morale
...
Y a ce monstre d’ombre
qui émerge des douleurs
Qui pullulent sur les pistes du bonheur

Au fond tout refus est toujours douloureux

En fin de compte, que gagne-t-on à aimer passionnément ? L’être que vous aimez ne vous aime pas et l’être qui vous adore vous ne l’aimez pas. Le mieux ne serait-il pas de faire la cour intérieure, de briser les barrières au bonheur et faire s’agenouiller la raison et le cœur de la personne convenable ? Na-Dia s’il est vrai que l’amour est un pari, pourquoi ne paries-tu pas avec moi ? Laisse-moi être ton oasis et s’il plaît au Ciel ton éternelle demeure.

Je ne puis te promettre que je serai le meilleur
Qu'avec moi il n’y aura jamais de heurts
J’ai les mots magiques mais j’n’suis pas un flatteur
Ma belle tu sais, au fond, tout vient du cœur...

Certains auraient demandé un baiser en guise d’adieu Na-Dia, moi j’ai demandé un poème ! Tu es mon miroir et je t’ai voulu tout prêt. Mais comme tu l’as si bien dit : «  dans la vie, le ciel nous fait rencontrer les bonnes personnes aux bons moments à nous d’identifier la raison de leur présence. »
Na-Dia serais-tu la passante baudelairienne ? La femme noire senghorienne ? Ah Na-Dia ce nom vin de palme extrait des fraiches entrailles. Na-Dia femme mystère, toi qui sembles si bien me comprendre, penser à toi contorsionne mon esprit :

Dans tes yeux je vois
mon reflet
O pose tes lèvres
sur mon front
Et que j’hume le papillon de ton souffle
Mes yeux rougis aimeraient te tenir la main
Et fixer le chemin de la patience
MAIS JE SUIS A BOUT

pour guérir de toi,
il me faut guérir de moi-même
L’oisiveté est ce corbeau qui réincarne
l’amour en chaque élégante silhouette...
Tu as délié les secrets de mon cœur
J’ai à les examiner
Mais je garderai
le parfum de ton poème : « Raïm ! Raïm !! »


Ton poète rêveur Raïm