Académie Française

Toute histoire commence un jour, quelque part.
Au commencement était le verbe
Et le verbe était avec Dieu,
Au commencement était l'homme
Et le mot était avec l'homme.
Les fils de Caïn qui régnaient à Assur
Bâtissaient une tour voulant braver l'Azur,
Tout les peuples parlaient un même language,
Dieu les confondait tous sans ambages.
Et tous les grands auteurs
En toutes les hauteurs,
Et tous les secrétaires
Perpétuels sur cette terre,
Et tous les grands lettrés
Connurent Emile Littré.
Les bâtisseurs de cathédrales,
Les poètes,les sculpteurs,
Pétris d'un même rêve
Bâtissaient une Nation
Sous la révolution,
Sous les noirs échafauds.
L'homme dans toute sa folie
Et dans tout son génie
Enfanta le latin,
Au pays du matin
Et du mont Palatin.
Pétris d'un même rêve,
Brûlant d'une même sève,
Les hommes voulurent
Les lettres plus belles,
Et comme celui qui
Mis le bonnet rouge
Au vieux Dictionnaire,
Mains Maîtres Hardis,
Se retrouvaient Jeudi,
Pour anoblir la langue française,
Et sublimer la grammaire.
Ce sont les immortelles,
Qui veillent sous la coupole,
En contemplant les pôles,
Connaissant les mystères
Prisés des moines austères.
Et tous ses grands esprits
Et tous ses grands penseurs,
Et tous ses grands chercheurs,
Rêvent d'un même idéal
Redorer le blason de la langue,
La langue de Molière,
La langue d'HUGO,
La langue de Lamartine,
La langue de Malherbe
Qui le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis en sa place enseigna le Pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir,
Ainsi qu'il fut écrit par Nicolas Boileau.
L'illustre Ronsard
Su porter le brassard
Du courant poétique
Hors de l'arène politique.
Il y eût les romantiques
Aimant la Rome antique,
Les poètes du Parnasse,
Et les poètes maudits.
Race d'immortelles,
Régnant sous la coupole
En contemplant les pôles,
Au pied des mots fidels,
Faiseurs de chanson,
Faiseurs d'Ormesson,
Écoutez donc ce son
Que va rendre ma lyre,
Daignez Maîtres me lire,
Je demande un siège,
Je voudrais fuir le piège
De la sombre ignorance
Sortir de mon errance.
Je rêve de contempler les pôles,
Par dessus la coupole,
Porter la tenue d'apparat
Brillante de Milles carats,
De mes yeux écarlates
Contempler l'inconnu,
Contempler Dante
Et toute sa poésie,
Et la langue Française,
Et la langue Toscane,
Et les vers de Virgile,
Et tout les évangiles,
Et les noirs vigiles,
Et toutes les noires îles,
Et tout le Noir Désir,
Et tous les mondes en feu,
Et tout l'or de Crésus,
Et l'amour de Jésus.