À la conquête du Graal

Toute histoire commence un jour, quelque part. Celle de Meugui commença comme pour la plupart d'entre nous, dans une maternité. Il était déjà si fragile, si menu, à sa naissance. Les médecins n'avaient pas caché leur pessimisme à ses parents dans la maternité de Sakassou ce 24 juin là. «Votre fils monsieur, n'atteindra pas 10 ans de vie. Il a un déficit hormonal qui ne lui permettra pas de se développer ainsi qu'un atrophie cardiaque . », annonça le médecin en chef de l'hôpital. C'est tout triste, choqué et apeuré que les jeunes parents retournèrent dans leur village non loin de la ville. La joie de l'enfantement se transforma en tristesse pour sa mère. L'euphorie de la paternité était maintenant un fardeau sur le dos du paternel. Meugui était né. Son silence alerta la mitoyenneté : «Un enfant ça pleur, ça cris, ça ris ça fait tout sauf garder le silence...» ces chuchotements des voisins vinrent aux oreilles des parents de Meugui. Ils préférèrent garder le silence à l'instar de leur rejeton face aux moqueries, ce qui ne fit qu'amplifier les invectives...

Les premiers pas de Meugui ne se firent pas attendre. Ils étaient certes laborieux mais ils étaient là. L'enfant “condamné à mort ” dès la naissance se retrouvait à faire ses premiers pas à sept mois à peine! Sa mère était fière. Son fils était en avance sur son temps. Ceux de sa promotion étaient encore à peine aux quatre pattes. Sa mère se disait d'un air résigné tout de même: «Mon fils est un battant. Il étaient promis à la mort et c'est lui qui est en tête de tous. Peut être qu'il se prépare à rejoindre nos ancêtres plus tôt...» elle répétait tellement cette phrase qu'elle en a fait une petite chanson. Son père voulu agir. Il alla chez le plus grand devin de la région pour lui soumettre sa situation . Tout ce que le devin pu dire au jeune pere, fut un “vas en paix ” sans même lui donner le temps de placer le moindre mot. Plus déboussolé que jamais le géniteur de cet enfant n'avait obtenu qu'un lot de question en plus et aucune réponse. Le flou et la confusion montèrent en lui alors qu'il revenait dans son village à bord d'une vielle Mercedes qui servait de taxis-brousse. Il ne perdit pas espoir car à son analyse, son enfant marchait bel et bien déjà!

À la marche précoce, se succéda la parole. C'est un matin que ce miracle eu lieu . Meugui observait sa mère qui comme à son habitude s'affairait dans la cusine. Elle sifflotait son même air triste. Quand tout à coup, son fils se leva, et dit «maman ne t'inquiète pas je ne suis pas venu pour partir.». Ébailli sa mère comprit dès lors que son enfant ferait mentir tous les pronostics pessimistes. Meugui n'était pas sur terre pour rien: Il était à la conquête du graal, de son graal qui s'analysait pour lui à une lutte pour la vie et la réalisation de ses rêves. Elle ne lui répondit pas mais arrêta la chanson qu'elle ne reprit plus jamais Tout de même Meugui n'avait que 13 mois.

Les années passaient, Meugui avait maintenant 6 ans. Pas très différents physiquement de ses camarades. Il était certes plus petit de quelques centimètres que ceux de sa promotion mais rien de plus. Il devait aller à école. Ce sujet divisa la petite famille. Le père s'y opposait farouchement. Selon lui, à quoi servirait-il de mettre un enfant à qui il ne reste que quelques années à vivre à l'école. Pour sa mère au contraire, son fils devrait aller à l'école. Il n'était pas comme les autres. Mais pas pire non plus. N'est ce pas lui qui avait fait ses premiers pas à sept mois ? N'a-t-il pas dit ses premiers mots à son treizième mois? Son fils était spécial et non différent des autres. Le père de Meugui du se plier à la volonté maternelle. Meugui ira à l'école.

Quatre ans passèrent. Meugui n'a fait qu'apporter d'excellents résultats à ses parents. Toujours premiers de sa classe. Meugui était vraiment un enfant spécial.

Cette nouvelle année débuta avec des crispations, des craintes aux cœurs des parents de Meugui. En effet, il entrait dans sa dixième année , âge fatidique qu'il ne passerait pas selon les médecins. Mais l'enfant prodige allait de mieux en mieux. Lui qui avait été interdit aux activités physiques s'était pourtant trouvé une nouvelle passion, le football. Il ne se contentait pas seulement d'admirer ses idoles à la télé mais mieux, il le pratiquait avec brio. Mais â l'insu de ses parents. Il savait sa situation. Il savait que sa mère ne pourrait pas supporté le voir subir des coup et se dépenser sur les pelouses rectangulaires.

Le talent de Meugui fini par éclabousser au grand jour. Il avait l'habitude d'être l'objet de dispute avant les débuts des matchs. Tous ses amis voulaient l'avoir dans leur équipe. Car à lui seul, Meugui représentait l'assurance de la victoire. Ce qui n'était qu'un simple match de quartier organisé comme à l'accoutumée tous les samedis allait être un tournant dans la vie de l'enfant. En effet, dans l'assistance, un recruteur venu de l'Occident. Il était à vrai dire en vacances et ce fut le hasard qui le conduisit dans ce hameaux reculé. Après le match, il s'approcha d'un des garçon. Un gaucher qui a avait encore une fois, sans pour autant s'attirer les fleurs, faire gagner son équipe. C'était Meugui. Le suivant sans se faire remarquer jusqu'à sa maison, le recruteur avait trouvé bizarre l'attitude du jeune Meugui. Il s'éssuyait , se débarrassait minutieusement de toute traces d'activité physique.

Monsieur Laroque compris tout. À la sortie de son entretien avec les parents de l'enfant, leur crainte de le perdre, leur interdiction d'efforts physique ainsi que leur étonnement face à l'annonce du recruteur. Face à leur refus il les rassura que leur enfant était désormais dans de bonne mains. Il suivra des soins en France, poursuivra son cursus en sport-études et aura une vie normale. Cette nouvelle ravie les parent de l'adolescent.

Deux jours plupart, la petite famille et le recruteur étaient dans l'avion. Direction de nouveaux horizons. Quant à Meugui, il avait fait mentir les pronostics, et s'envolait désormais à la conquête du graal, de son Graal.

Pour Meugui comme pour chacun d'entre nous, toute histoire commence un jour quelque part.