À la chasse aux charlatans

Toute histoire commence un jour, quelque part, peut être par un simple vœux ou par un désir inavoué.
6h du mat
Sonnerie de réveil : titite titite
Mariane- oh il est déjà six heures, j’ai l’impression de n’avoir même pas dormi de la nuit mais je ne peux plus faire marche arrière. Je vais prendre un bain, peut-être qu’après ça je serais plus motivée.
15mn plus tard....
Assise sur sa natte de prière, les mains jointes , Mariane prie de toutes ses forces, elle parle avec son seigneur et lui demande beaucoup de choses en remuant souvent les lèvres et en soupirant de temps en temps.
Mariane- bon on y va il est quel heure en regardant son smartphone, 6h 48 mn, il est temps de partir, il fait encore un petit peu sombre dehors mais ça va aller. Elle prit son sac à dos, vérifia qu’elle n’avait rien oublié, ses écouteurs, son porte-monnaie, la bouteille d’eau toujours nécessaire quand on va dans un milieu inconnu sans oublier bien sur son chapelet.
Arrivée au seuil de sa porte, le regard sévère, elle s’écrit ;
Mariane-Charlatans gare à vous, me voilà.
Elle marchait en pressant le pas, elle chantonnait tout en marchant tantôt la chanson de Vianney « je m’en vais » amenait ses pensées loin et tantôt celui de Luis fonsi « calypso » la faisait sourire et lui donnait envie de danser.
Elle mit sa main dans sa poche et y sortit un bout de papier où elle avait griffonné quelques mots ; « prendre le bus 79 jusqu’à Tivaouane peul puis prendre un clando jusqu’à la pharmacie Tibate et puis demander à un passant la maison du guérisseur malien Karamoko.
Elle rangea la feuille en arrivant sur l’arrêt de bus, le bus 79 arriva enfin, en entrant la première chose qu’elle fit c’est de regarder s’il avait une place et heureusement il y’ rn avait, elle souffla de soulagement et couru s’assoir,
Mariane- il ne manquerait plus que je sois obligé de rester debout tout le trajet, excuse-moi jeune homme, je dois descendre au croisement de tivaouane peul c’est combien ?
Receveur- c’est 250fcfa
Mariane-ok, mais je ne connais pas, cet endroit vous me le dites quand on arrive là-bas.
Receveur- ok pas de problème.
Elle se redressa prit son ticket et le mis dans sa pochette, elle sortit son chapelet et commença à prier.
Mariane-oh mon Dieu aider moi à accomplir cette mission que je me suis fixée, je sais que cette maladie que vous m’avez donné est une épreuve que je dois surmonter et apprendre à l’accepter car elle fait partie de moi désormais, oui je me suis fait une raison. Dans ce monde je sais qu’il y’a des gens qui souffre plus que moi, des cancéreux ou pire des gens alités dans des hôpitaux, réduit à un état de légume et je sais que le glaucome juvénile touche plus de personne que je ne peux l’imaginer mais si je décide de rencontrer tous ces guérisseurs, ce n’est pas pour moi mais je veux que ces charlatans arrête de vendre de l’espoir à ceux qui n’en ont plus. Qui mieux que moi peut comprendre cela, depuis deux ans mes parents n’ont pas cessé de chercher et de frapper à la porte de ces voleurs, qui promettaient à chaque fois de me guérir et au bout du compte ne faisaient que soutirer des sommes d’argent astronomiques à mes parents. Ce documentaire que je vais faire à partir des enregistrements vocaux que je vais faire chez ses vendeurs d’espoir à leur insu va me permettre d’alerter les gens sur ces personnes aux intentions bien douteuse. Je ne détiens aucune plateforme de diffusion mais avec les réseaux sociaux ça devraient au moins me permettre de commencer ce combat que je compte bien mener jusqu’au bout.
Après 35 minutes
Receveur- où est la fille qui devait descendre au croisement Tivaouane peul ?
Mariane –je suis là
Receveur- ok, tu descends à cet arrêt.
Il pressa un bouton devant lui qui émit un son et le bus s’arrêta, elle descendit et pour la première fois de sa vie Mariane s’aventurer sur un terrain inconnu toute seule.
La peur et la panique commençaient à prendre le dessus sur elle mais elle se ressaisie et balaya le terrain du regard, elle était bien descend sur un croisement mais quel chemin mène à Tivaouane peul. Derrière elle se trouver deux femmes, elle s’avança vers elle et leurs demanda son chemin.
Mariane- Salam aleykoum les dames, euh je voudrais savoir quel chemin mène à Tivaoune peul.
Les deux dames – en mémé temps, c’est devant toi tout droit, tu devras prendre quand même un clando pour aller là-bas.
Mariane-ok merci beaucoup c’est vraiment gentil.
Elle traversa la route et prit le chemin indiqué, elle marcha un peu et se rappela de sa carte qu’elle avait fait elle-même, elle regarda ;
Mariane- prendre un bus c’est fait, puis prendre un clando jusqu’à la pharmacie, on dirait que je suis bien le plan de trajet se dit-elle !
Elle s’arrêta pour attendre un clando, après quelques minutes une voiture rouge s’arrêta devant ’elle, le chauffeur lui demanda,
Chauffeur- vous allez où ?
Mariane- à Tivaoune peul, vous étés un clando ?
Chauffeur- oui, je vais là-bas.
Mariane- ce clando est bien diffèrent de ceux de chez moi, j’en avais jamais vu de rouge.
Chauffeur- c’est 100fcfa le trajet dit le chauffeur,
Mariane s’empressa de chercher une pièce de 100 dans sa pochette et la trouva enfin et la lui remit.
Elle descendit et vît la fameuse pharmacie devant-elle,
Mariane- ah ! J’y suis presque, CHARLATANS, me voilà.
Mariane-je vais demander à quelqu’un ici s’il connaisse cet homme, comme on le dit si souvent chez nous »celui qui a une langue ne se perd pas ».
Elle continua son chemin dans une rue non goudronnée, elle vit une femme qui rentrait dans une avec un enfant, elle se décida à lui demander en espérant intérieurement que cette femme puisse au moins connaitre quelque chose sur ce guérisseur.
Mariane-un peu essoufflée, excusez-moi madame, est-ce que vous ne connaitriez pas un guérisseur malien par ici, il se nom...
Elle ne la laissa même pas finir et pointa une maison devant –elle.
La dame- c’est là devant vous.
Mariane-euh, c’est là, ok ! Euh merci beaucoup madame.
Elle lui avait indiqué une petite maison, la porte était en fer, elle était un peu rouillée, elle poussa la porte un peu hésitante, elle entra et trouva des gens assis sur un banc devant trois portes de chambre, deux étaient ouvertes et l’autre fermé. Le perron était carrelé avec des carreaux cassés, les personnes sur le banc étaient une femme d’âge mûre, bien habillée, on dirait une femme d’affaire, un viel homme avec des lunettes noires, une autre dame mais très âgée était assise près d’une jeune femme qui tenait son fils qui devait avoir deux ou trois ans, la vielle dame tenait une canne à la main, c’est claire qu’elle était aveugle. Un peu plus loin d’eux se trouvait une femme qui faisait la lessive, Mariane les salua et demanda ;
Mariane-Salam alaykoum
Les gens-aleykoum salam
Mariane-c ‘est ici la maison du guérisseur,
Les gens- oui c’est ici
Ils étaient un peu à l’étroit mais ils voulurent quand même lui faire un peu de place.
Mariane- merci, c’est gentil, dit-elle en s’asseyant.
Le silence régna longtemps avant que deux hommes n’entrent dans la maison, l’un de teint claire, le visage avec une barbe de deux, jours, les traits du visage renvoyaient à un étranger. Il était habillé d’un boubou bleu traditionnel, on lui donnerait la trentaine environ, l’autre paraissait un peu plus, jeune et était certainement de même origine et portait lui aussi un boubou traditionnel, blanc, ils saluèrent l’assemblée d’un Salam et entrèrent dans la deuxième porte juste devant les personnes qui attendaient.
Le Viel homme- c’est eux, l’homme au boubou bleu, c’est lui karamoko, c’est lui le guérisseur. Je suis le premier à passer puis ça sera vous,
On entendit une voie derrière le rideau dire « vous pouvez venir ». Le viel homme se leva et entra, le viel homme ressortit avec un sachet contenant des bouteilles dont le contenu avait une couleur et une texture un peu douteuse pensa Mariane.
Ils passèrent ainsi jusqu’à ce que la mère et la fille sortirent,
elle prit son sac et sortit son téléphone et ouvrit l’appli magnétophone, elle pressa sur le bouton enregistrer et le mit dans sa poche.
Enfin c’était mon tour se disait Mariane, elle tapota sa poche pour vérifier son portable, il était bien là, elle se dirigea vers la porte et enleva d’abord ses chaussures puis d’une main elle poussa d’un revers le rideau.
Quand elle entra, elle vit le prétendu guérisseur assis sur un bureau en face de lui deux chaise, derrière lui sur des étagères étaient exposés des bouteilles contenant des liquides diverses, allant du noir, marron, verdâtre,
Karamoko- Alors qu’est-ce qui vous arrive mademoiselle, dit-il, d’un ton sec, il tenait une tige de bois qu’il utilisait pour nettoyer ses dents, il n’arrêtait pas de le remuer dans tous les sens
Mariane- un mélange de colère, de dégout et de mépris, mais il fallait bien jouer le jeu, je lui répondus donc comme si j’étais un patient chez le docteur. Euh, j’ai mal aux yeux, mon ophtalmologue m’a dit que je souffrais d’un glaucome juvénile.
Il ne la laissa même pas finir et lui répondu,
Karamoko- ah je vois, c’est bon, la consultation c’est 5000fcfa, tu donnes après je t’examine.
Mariane- ah bon ! Mais si vous ne pouvez pas me guérir après la consultation, est ce que je pourrais reprendre mon argent.
Karamoko- bien sûr que non voyons
Mariane ah ok, en pensant tout bas, vous aurez mon argent cette fois-ci mais votre fin est proche.
Elle sortit de sa pochette un billet de 5OOOfcfa, à contre cœur mais la lui tendit, il prit le billet et se leva, il prit sur la table un flacon de collyre et s’avança vers elle, il le tint par la tête et la tira en arrière.Le guérisseur mit une goutte dans chaque œil, les essuya avec un mouchoir et commença à marmonner des paroles incompréhensibles et souffla sur ses yeux. Il répéta ce rituel et resta à côté d’elle, la main sur sa tête et continua à murmurer ses paroles pendant quelques secondes puis retourna s’asseoir.
Karamoko- je peux vous soigner, vous me donnez 90 000fcfa après vous revenez dans deux jours, j’aurais fini de préparer votre traitement et vous guérirais,
Mariane- stupéfaite, 90000fcfa, je n’ai pas cette somme exorbitante.
Karamoko-.....
Le guérisseur ne dit rien, il continua à remuer le bout de bois dans sa bouche, Mariane le fixa un moment et en absence de signe, elle se leva et dit ?
Mariane- bah donc au revoir et je suppose que je ne reverrai pas mes 5000 FCFA.
Le guérisseur resta toujours silencieux, elle se retourna et sortit, prit ses chaussures par terre et alla s’asseoir près de la jeune femme pour pouvoir remettre ses sandales.
Son attention fût attirée par un homme aveugle qui discutait avec, la vielle dame aveugle, il a dû arrivé dérrière moi se dit-elle,.
L’homme aveugle-... vous savez madame j’ai perdu la vue à l’âge de douze ans et je ne jamais cherché à guérir de cela, je l’ai accepté,
Ils continuèrent à parler mais ce sont les seules paroles que Mariane retint et ils changérent sa vision des choses à jamais.
Mariane finit enfin de mettre ses chaussures, l’esprit confus, elle put juste dire au revoir au deux femmes et au petit Mohamed et s’en alla. Pour la première fois de sa vie, elle écoutait une histoire vraie, qui ne découlait pas d’un roman ou d’un journal ou même d’un film, ces quelques mots que prononça cet homme changèrent sa vision des choses à jamais.
Elle retourna sur l’arret de bus et les vingt à trente minutes qu’elle avait attendu avant de voir enfin le bus arriver lui parut une éternité.
Le bus s’arrêta, elle entra, il n’y avait pas de place mais elle s’en fichait pas mal, elle prit son ticket et alla s’adosser sur une fenêtre, elle respira un bon coup d’air et ferma les yeux.

Sans le vouloir cet homme aveugle avec son histoire avait confronté Mariane à ses pires démons, elle réalisa qu’elle voulait montrer au monde entier que cet homme qui prétendait être un guérisseur, n’était qu’un menteur alors qu’elle même se mentait à elle-même. En venant chez cet homme inconsciemment, elle avait espoir que cet homme puisse réellement la guérir, elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais accepté sa maladie ni son handicap d’ailleurs, elle souffla encore et continua à fermer les yeux.

Mariane- oh mon Dieu se matin en priant je vous avais demandé de m’aider sur ce nouveau projet que j’entamais, vous avais fait plus que ça, vous m’avait montré à travers les paroles de cet homme qu’il fallait que j’accepte mon sort d’abord, avant toute chose. Je suis tellement reconnaissante de tout ce que vous avais fait pour moi, il y a tant de personnes qui souffrent sur cette terre, des gens meurent dans des guerres, dans la famine ou dans des catastrophes naturelles et moi je mange à ma fin, j’ai une famille, je suis peut être malade mais techniquement je suis en bonne santé, je vois mal c’est sûr mais je ne suis pas aveugle, je vois, un petit rire, oui je vois encore pendant combien de temps je ne le sais pas mais en entendant, je vais accepter mon destin et vivre au jour le jour, je vais chercher des personnes comme moi et essayait d’aider les gens du mieux que je pourrais, je promets mon Dieu que vais essayer de mériter tout ce que vous m’avait donné.
Elle ouvrit enfin les yeux, le sourire aux lèvres, elle regarda le ciel bleu longuement et dit,
Mariane- OUI ! JE LE PROMETS.