Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
J’ay chaut estreme en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ay grans ennuis entremeslez de joye :
Tout à... [+]
Celle que l'on surnomme « La Belle Cordière » a-t-elle réellement existé ? Elle ne serait qu'une invention de quelques poètes lyonnais, mais ce débat n'a été ouvert que récemment. Écuyère adroite, musicienne avertie, la poétesse du "Je vis, je meurs" incarne l'esprit de la Renaissance avec tout l'engagement culturel hérité de l'Italie que l'époque professait. Et sa voix reste sans équivalent dans la littérature du XVIe siècle.
Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
J’ay chaut estreme en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ay grans ennuis entremeslez de joye :
Tout à... [+]
Depuis qu’Amour cruel empoisonna
Premierement de son feu ma poitrine,
Tousjours brulay de sa fureur divine,
Qui un seul jour mon cœur n’abandonna.
Quelque travail, dont assez me... [+]
O longs désirs, O esperances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumieres
A engendrer de moy maintes rivieres,
Dont mes deus yeus sont sources et fontaines :
O cruautez, o durtez... [+]
Baise m’encor, rebaise moy et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise.
Las, te pleins... [+]
Oh si j’estois en ce beau sein ravie
De celui là pour lequel vois mourant :
Si avec lui vivre le demeurant
De mes cours jours ne m’empeschoit envie :
Si m’acollant me... [+]
Tout aussi tot que je commence à prendre
Dens le mol lit le repos desiré,
Mon triste esprit hors de moy retiré
S’en va vers toy incontinent se rendre.
Lors m’est avis que dedens mon sein... [+]
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zephir, l’air serein lui apareille :
Et du sommeil l’eau et la terre esveille,
Qui les gardoit l’une de murmurer,
En dous coulant, l’autre de se... [+]
Quand vous lirez, ô Dames Lionnoises,
Ces miens escrits pleins d’amoureuses noises
Quand mes regrets, ennuis, despits et larmes
M’orrez chanter en pitoyables carmes,
Ne veuillez pas condamne... [+]
On voit mourir toute chose animee,
Lors que du corps l’ame sutile part :
Je suis le corps, toy la meilleure part :
Ou es tu donq, ô ame bien aymee ?
Ne me laissez par si long... [+]
Quelle grandeur rend l’homme venerable ?
Quelle grosseur ? quel poil ? quelle couleur ?
Qui est des yeus le plus emmieleur ?
Qui fait plus tot une playe... [+]
Las ! que me sert, que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse doree,
Et de mes yeus la beauté comparee
A deus soleils, dont Amour finement
Tira les trets causez de ton... [+]